Bons jours, que ceux qui viennent quand le soleil décline, quand les feuilles blondissent, se parent d’or dans les arbres, quand le souffle parcoure la campagne et gronde dans la forêt, un écolier passe sur le chemin sourire aux lèvres avec son nouveau cartable, une douceur mélancolique s’installe, les rires de l’été s’éloignent, la pluie résonne et brille sur les pavés c’est l’automne.
Philippe nous offre un beau poème.
JF.
Le bel âge
Quand le miroir renvoie des cernes et des rides
On songe au crépuscule et ses plaines arides,
On voudrait retenir d’anciennes pulsations
Qui chaviraient nos âmes et nos chères passions.
De l’expérience acquise au fil du temps enfuit
De la sagesse venue sur les désirs enfouis,
Que reste-t-il de nos amours, de nos envies ?
Le temps a fait son œuvre, et quoique bien rempli,
Le passé nous assène, sous le balancement
Du tic-tac infernal de l’horloge automnale,
Des vérités absconses sous des atours bien pâles.
Les souvenirs blanchis des joyeux ralliements
De nos jeunes années où nous étions alertes,
Les frasques insouciantes que le remord déserte,
Que du bonheur en somme consommé goulûment.
Au bel âge nous avons sagesse à revendre,
Mais point les acquéreurs de nos précieux conseils.
Ils mordent à belles dents dans des histoires tendres
Et le souffle des sages n’atteint point leurs oreilles.
Alors que reste-t-il à l’heure des bilans
Sinon le sentiment que l’histoire se termine,
Que la banalité a remplacé l’élan
Qui nous accompagnait et ravissait nos mines.
Quand on a de la chance, à l’automne des amours,
On peut compter sur lui, et s’appuyer sur elle,
Muse du temps jadis, que l’âge a rendu frêle,
Fidèle compagnon qui demeure toujours.
Philippe Jouvert.
Avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Humeur : irresponsable !
Je croyais avec l’âge m’être calmé, maîtrisé, j’ai encore des progrès à faire ! Je suis encore dans l’ancien monde, tant pis pour moi. Hier en pleine ville circulation à l’heure de pointe toutes les voitures au pas, la routine eh oui il y a encore des voitures en ville heureusement d’ailleurs c’est un véritable trésor pour l’état. J’arrive avec ma petite auto à un feu il est au vert, je m’apprête à franchir le passage clouté, quand surgit un piéton le téléphone collé à l’oreille qui entreprend de passer en même tempsà son allure je vois bien qu’il est du nouveau monde, malheur je m’avance doucement un peu plus et lui fait signe, qu’il me semble que c’est à moi de passer, il me lance un regard furieux s’arrête et je passe. Deuxième malheur j’entends une sirène de police, je ralentis, je m’arrête, un policier frappe à la vitre, papiers, assurance, permis, monsieur je vous verbalise c’est 90€ et quatre points en moins, vous êtes totalement inconscient, irresponsable ! Mais, mais il n’y a pas de mais, est-ce que vous voyez bien, oui ca va merci, je vais régulièrement chez mon ophtalmo, ah bon parce que sinon je vous fais convoquer par le préfet pour une visite médicale ! Le temps se gâte il y a de l’orage dans l’air. Je baisse les yeux, j’incline la tête, j’obtempère, ce sont les fameux symptômes de la peur du gendarme, une crise aiguë en pleine circulation, je suis mal, je suis mal.
Le PV dressé et moi un peu redressé tremblant penaud, je reprends ma route, j’ai sans doute enfreint la loi que nul n’est censé ignorer. Hélas je suis encore dans l’ancien monde, comme dit mon petit-fils dans le monde où les vélos roulent sur les pistes cyclables, pas sur les trottoirs, ou les bus circulent dans leurs couloirs sans être envahis par les motos ou les voitures, le monde où les piétons traversent sur les passages cloutés quand le feu est rouge, il me vient comme un air de nostalgie, oh là, là, ca suffit le c’était mieux avant ! Tu es dépassé grand-père !
Mon piéton lui il est du nouveau monde, d’ailleurs il est parti tranquille sans être inquiété la loi, c’est la loi, heureusement qu’il y a une justice quand même !
Vous allez penser lui il est vexé, il est amer, eh bien oui, je me demande d’ailleurs pourquoi je suis pris d’un doute, je suis dépassé par les progrès du nouveau monde. Ce monde qui autorise certains à faire n’importe quoi et demande aux autres en toutes circonstances de payer pour eux et d’êtres exemplaires.
Décidément j’ai encore beaucoup de progrès à faire, il paraît que l’homme est perfectible, je manie encore trop l’équerre et pas assez le compas de l’ouverture, de la tolérance. J’ai perdu de vue, mon piéton et mon policier zélé si vous avez la chance de les croiser comme moi, merci de leur présenter ma demande d’excuses, même si je pense ils ont compris que j’étais de l’ancien monde.
JF.