LES OISEAUX PORTEURS DU VERBE
Chaque année alors que la lumière du soleil décline, le verbe Sacré projette sa lumière sur les pierres de l’ancienne abbaye de Landévennec, là ou la terre finie frôle le ciel, un spectacle éclaire notre connaissance, nous propose un retour vers nous-mêmes, les artistes transcendés par la beauté des textes de l’orient, montent dans les airs sur les ailes des oiseaux et nous font partager leurs émotions. La huppe l’oiseau du roi de justice, du roi Salomon, nous invite au voyage dans les 7 vallées, vers la quête de l’oiseau sacré du Sîmorgh. Cette invitation annuelle à la recherche de la vérité, dans un moment de sérénité où le temps suspend son vol, pour une respiration profonde, est un geste immanquable, pour la simple contemplation de la beauté. Comme toujours la magie du Verbe Sacré s’opère en liant le profane et le Sacré dans deux textes, les acteurs, le lieu, donnent une résonance particulière à cet acte qui élève l’esprit du spectateur en le plongeant vers son soi profond, le libère pour envol spirituel. Tous les chercheurs de lumière ne manqueront pas de se rendre à cette nouvelle édition et dixième édition du Verbe Sacré, pour écouter le chant des oiseaux.
Jean-François.
Chants d’origine.
Il existe des événements qui, de par leur présence douce, régulière et familière donnent l’impression d’être éternels ; le festival « Verbe Sacré », porté par la plume feutrée et la vision d’Antoine Juliens, célèbre cette année sa dixième édition.
L’homme vient de loin. Un loin relatif puisqu’il est originaire de la capitale de la Gaume, du Luxembourg belge. Il se forme successivement aux arts plastiques à l’école Saint-Luc de Bruxelles puis au métier d’acteur et metteur en scène à l’Institut des Arts de Diffusion avant de mettre le cap sur Louvain-la-Neuve pour peaufiner son talent au Centre d’Études Théâtrales. En 1991, il fonde, avec la comédienne Isabelle Maudet, la compagnie TEATR'OPERA, avec le désir de promouvoir la création théâtrale pluridisciplinaire. Une carrière fructueuse s’ensuit, partout en Europe et au-delà de nos occidentales frontières.
En presqu’île, tout a commencé lorsque Antoine Juliens participait au festival de théâtre Louis Jouvet initié par Christian le Breton, en 1993. Et même si ses pas l’ont maintes fois mené en Bretagne, il faut attendre 2010 pour qu’il se voie confier la création et la direction artistique de « Verbe Sacré ». Le succès est immédiat et en l’espace de quelques éditions, l’événement fait partie des instants culturels où le plaisir et l’exigence fascinent et attirent un public d’avertis, de curieux, d’amoureux de la parole et, de plus en plus, de quiconque veut se laisser porter par une nuit merveilleuse et spectaculaire dans les ruines de l’ancienne abbaye.
Il y a, toujours, une rencontre entre un texte sacré et un texte profane, comme pour créer une mythologie nouvelle, un appel à l’universalité du spirituel qui au-delà du religieux fait un écho humain, comme le ricochet lancé au miroir de l’étang disperse des ronds dans l’eau bien longtemps après que le galet a sombré sous la surface … Il y a là une nécessité à faire exister dans notre joli coin de carte postale ce travail sur l’oralité, cette proposition artistique unique, singulière.
Cette année, si Verbe Sacré a lieu, c’est à la grâce d’actes bienfaiteurs, de bonnes volontés et aussi de soutiens parmi les gens d’ici. Alors, même si TEATR’OPERA a perdu certains de ses soutiens financiers, l’événement aura bien lieu, cette année encore. Et quelle dixième édition !
« Le Jour des Oiseaux »
Un conte éco-philo-logique, une rédemption symbolique, un pont entre les origines et maintenant, l’exil et l’éden, une synchronicité entre l’Occident et l’Orient : La Genèse, Olivier Messiaen et le Cantique des Oiseaux de Farîd od-dîn’Attâr. Inspiré entre autres sources par la traduction d’Henri Meschonnic pour la Genèse, les notes ornithologiques de Messiaen et enfin, l’envol du parfumeur, le guide des âmes, le poète persan du 12ème siècle Attâr.
Il y a une candeur indéniable, une joie primordiale qui jalonne le récit de ce Jour des Oiseaux. C’est un voyage. Celui de ces volatiles babillards et bavards qui partent à la recherche de la Vérité, comme chacun·e d’entre nous cherche un jour son jardin clos, son Eden, la Paix. A la manière d’un Mistère l’histoire nous convie à une quête initiatique et pleine d’humour qui fait de ces Oiseaux autant d’allégories de nos terrestres humanités.
Chez Attâr, brûlés par le désir de trouver leur Roi, tous les Oiseaux du monde se réunissent. Guidés par la Huppe, messagère de Salomon, ils décident de s’envoler vers Sa Majesté Sîmorgh, l’oiseau théophane, qui vit au sommet du mythique mont Qâf. La Huppe connaît le long et difficile voyage, elle en sait les dangers et les épreuves. Il faudra traverser les sept vallées successives du Désir, de l’Amour, de la Connaissance, de la Plénitude, de l’Unicité, de la Perplexité, du Dénuement et de l’Anéantissement, pour parvenir enfin jusqu’au trône royal.
Mais les Oiseaux hésitent à prendre leur envol. Alors, par le biais du même procédé qui permit à Shahrazade d’infléchir, après mille nuits, la volonté meurtrière du Sultan, la Huppe conte à chacun une histoire de sagesse qui les invite à abandonner leurs biens, leurs amours, leurs certitudes, à renoncer à eux-mêmes pour entreprendre le voyage.
Car au bout du chemin, ce trajet de soi à soi, il y a le verger. A l’extrémité du périple, ce dénuement, il y a le miroir tendu. Un reflet de notre simple humanité. Cette fragilité, cette impermanence au coeur d’une nature sur laquelle nous ne régnons pas mais dont chacun·e d’entre nous est un atome, une quantité infinitésimale d’amour qui permet au grand Tout, tant de beauté, de tenir en place … un retour heureux au Jardin des débuts, comme si le sens de la vie n’était en fait qu’une direction, un sourire, une joyeuse balade pour garder les yeux, les bras et le coeur ouverts.
Alors pour embarquer à tire-d’aile dans l’aventure de ce « Jour des Oiseaux », rendez-vous les 12, 13 & 14 septembre à 20H45, sur le site de l'ancienne abbaye de Landévennec.
Et aussi, la Table Ronde « Dans le souffle des oiseaux, la voix de la Genèse » à l’abbaye Saint-Guénolé (nouvelle abbaye), auditorium, le 14 septembre à 15H00, en présence de Christian Roblin, Jean-Michel Grimaud, Serge Kergoat, Marie-Josette le Han, Ivon Tranvouez et Antoine Juliens.
Renseignements & Réservations :
violaine.andrieux@gmail.com - tél. 06 31 41 49 25
musee.landevennec@orange.fr - tél. 02 98 27 35 90