Conversation : Des pensées de Marc Aurèle au Cabinet Réflexion Maçonnique.
Marc Aurèle dans pensées pour moi-même - Qui a vu ce qui est dans le présent a tout vu, et tout ce qui a été de toute éternité et, tout ce qui sera dans l'infini du temps. Tu as subsisté comme partie du tout. Tu disparaitras dans ce qui t'a produit, ou plutôt, tu seras repris, par la transformation, dans sa raison génératrice. - La mort est la cessation des représentations qui nous viennent des sens, des impulsions, qui nous meuvent comme avec des cordons, du mouvement de la pensée et du service de la chair. - Tout est éphémère, et le fait de se souvenir, est l'objet dont on se souvient. Tout ce qui arrive est aussi habituel et prévu que la rose au printemps et les fruits en été ; il en est ainsi de la maladie et la mort, de la calomnie, des embûches et de tout ce qui réjouit ou afflige les sots. - Ne suppose pas, si quelque t'es difficile, que cette chose soit impossible à l'homme. Mais si une chose est possible et naturelle à l'homme, pense aussi qu'elle est à ta portée. J'ai retrouvé un de mes vieux texte archivé de 5982, sur la pensée. Je pense à notre Cabinet de réflexions)
La pensée peut se soustraire au regard du soleil. La pensée bien qu'aucune serrure ne l'enferme, demeure cachée, impénétrable à toute créature ; la pensée se sont les ténèbres où ne pénètre aucune lueur. Mais la divinité à le pouvoir de tout éclairer; son éclat rayonne à travers les parois du cabinet de réflexions, enveloppé par les ténèbres, d'un esprit émanant du monde profane. On peut comparer ces remarques au symbole du Bouddha, dont le nom signifie l'éveillé. L'être humain enveloppé, enfermé dans sa pensée, attend qu'un rayon de la lumière divine vienne l'éveiller. Cet être humain choisi et récipiendaire, en pensée, est prisonnier de la MAYA, c'est à dire l'illusion. La lumière divine fait disparaitre l'illusion et donc la souffrance. C'est aussi le stade auquel devait parvenir les vrais Cathares, ceux qui des purs deviennent des parfaits.
C.Galinier
Les pensées de Marc Aurèle, sont un peu pour moi, mon cher Claude comme un testament philosophique permanent, un tribunal de ma conscience, ou un exercice spirituel récurrent, ces exercices spirituels de la philosophie antique bien décrits par Pierre Hadot. Comme sont aussi nos tenues maçonniques.Chaque jour qui se lève, déchire le voile des ténèbres et accueille la lumière.
C’est le paradoxe apparent du cabinet de réflexion maçonnique. Quand je ferme la porte aux tumultes profanes, aux lumières artificielles du monde de la matière, et que j’ouvre la porte du cabinet noir, la porte des profondeurs de la caverne, là d'où monte la vraie lumière, celle qui illumine tout homme jusqu’au plus profond de son être intérieur.
Alors le chemin, l’initium, l’entrée dans la Lumière, dans la vraie lumière commence.
Comme Marc Aurèle qui recommandait chaque soir d’écrire ce que nous avions fait de bien, quand le soleil finissait sa course quotidienne. Le profane devant la feuille blanche de son testament philosophique, au midi de sa vie, dans la pleine lumière du cabinet noir, (l'Outrenoir de Pierre Soulages, qui est en fait une ode à la lumière) se pose la question du pourquoi de son engagement, du pourquoi de sa participation à un ordre initiatique et fraternel, de ses devoirs envers les autres, de ses devoirs envers lui-même, du sens de sa vie, de la vraie vie.
Marc Aurèle disait qu’il faut prendre soin de soi, de son soi, ce n’est pas autre chose que de construire, de se construire. Il disait encore que l’on prend trop de soin des choses matérielles, et que l'on se néglige.
C’est pourquoi chaque jour il faut écrire son testament philosophique, dis autrement vivre le jour présent, comme si c’était notre dernier jour. La fréquentation, la pleine conscience de la mort est un hymne, un chant pour la beauté de la vie. L’éveil du cabinet de réflexion, le choc initiatique, prémisse d’une nouvelle vie, celle de la beauté de l’esprit, qui peu à peu grossira en nous et dominera la matière, le maître intérieur apparaîtra alors plus radieux que jamais.
Cette conversation mon cher Claude sur notre vécu individuel, personnel, et à la fois semblable est une relation d’esprit à esprit, possible par le vécu, par le lien du rituel initiatique, ce que Marc Aurèle recommandait dans son livre VI avec sa pensée 54 :
« Habitue-toi à écouter attentivement les paroles d’autrui ; entre autant que possible, dans l’esprit de celui parle. »
C’est tout le génie du rite initiatique maçonnique, qui régénère en nous, ce que nous avons vécu, à chaque cérémonie initiatique nouvelle. Montaigne disait : parce que c’était lui, parce que c’était moi.
Jean-François Guerry.