HISTOIRE DE BOUCS
Les loups voyagent en meutes à la recherche de leurs proies. (Mes excuses pour les défenseurs des animaux.) Les hommes animés par l’instinct grégaire, ne deviennent souvent ni plus sages, ni plus intelligents, quand ils sont en bandes, comme des moutons.
(Confidence recueillie auprès de l’ami Georges Brassens, il paraît qu’à plus .. on est une bande de c…)
Les errances de la mondialisation, laissent de côté les plus faibles d’entre nous. Il faut de toute urgence retrouver du collectif, genre tarte à la crème du vivre ensemble, et pour les plus grandes âmes exemplaires redevenir citoyen du monde. Toutes ces mièvreries oratoires, qui ne font pas de mal et ne font pas avancer non plus, la réunification de l’Archipel de Jérôme Fourquet.
Ne chercher plus après avoir créé une commission ad hoc, un comité des tics et des tocs. Nous avons décidés d’utiliser une bonne vieille recette, c’est la meilleure, elle a fait ses preuves. C’est la théorie du complot, la faute de l’autre.
D’ailleurs on nous cache tout, on nous dit rien ! Il faut de la transparence, d’ailleurs moi, je n’ai rien à cacher enfin presque rien.
Il faut être transparent, il faut laver plus blanc disait le regretté Coluche, candidat à la présidence de notre république.
Dans le grand concours d’exemplarité, nous devons, enfin il faut que les autres deviennent des saints, que dis-je des dieux de la morale, de la bonne bien sûr, après tout quand même il faut être humain !
Bien sûr avec cette belle théorie du complot : l’enfer c’est les autres. Ceux qui sont différents de nous, enfin de moi ! Les ailes de l’avion de Saint-Exupéry tombent dans la mer boueuse de nos intransigeances, mais il faut savoir ce que l’on veut à la fin ! La morale doit être la ligne de conduite des autres. Quand cela par hasard ne marche pas, il faut des réparateurs, des sauveurs du collectif. J’ai nommé les fameux, les célèbres boucs émissaires. Ils ne sont pas plus coupables que les autres, mais ce sont eux qui vont porter la charge des fautes du groupe, c’est quand même bien pratique !
Plus sérieusement la Rabin Delphine Horvilleur nous propose une exégèse biblique sur ce thème du libre du Lévitique je cite :
« Imaginez vous un instant que vous êtes au temple, imaginez que c’est aujourd’hui Yom Kippour, le jour des expiations, le jour où chacun doit faire face à sa conscience, être en principe capable d’avouer ses fautes. Ce jour là, uniquement ce jour-là, avait lieu au temple une étrange cérémonie : le grand prêtre, tout vêtu de blanc, faisait venir à lui non pas un bouc mais deux, les deux mêmes boucs exactement, presque clones l’un de l’autre. Le grand prêtre tirait alors au hasard le rôle de chacun. Le premier était choisi pour être sacrifié à l’éternel, il était l’élu, celui qui allait pouvoir approcher le divin, et donc quelle-chance ! – pouvoir se faire égorger et griller sur l’autel. Quant à l’autre, il allait être libéré vivant dans le désert le pauvre, mais pas avant d’avoir entendu les mots prononcés à son oreille à son oreille par le grand prêtre (qui est celui qui murmure à l’oreille des boucs !) et le grand prêtre allait lui confesser toutes les fautes du peuple d’Israël pratiquement comme s’il les lui plaçait sur sa tête avant que la bête ne soit menée dans le désert avec un émissaire d’où son nom : bouc émissaire. »
Il y a donc deux boucs, lequel souhaitez-vous être ? En fait vous n’avez pas le choix, parce que l’on fera un tirage au sort, beau moment de justice et de justesse.
Delphine Horvilleur nous rappelle que cela vient en écho, en résonance avec un autre duo célèbre Caïn et Abel. Les deux frères apportant chacun une offrande à Dieu aussi au temple, sur le lieu des sacrifices, et Dieu arbitrairement choisi l’offrande d’Abel, injustice flagrante !
Avec un certain culot après tout c’est Dieu il dit à Caïn en pédagogue quand même :
« Je vois que tu souffres, mais maintenant je te demande que vas tu faire de cette souffrance, de cette injustice, qui t’a été faite ? Vas-tu aller malgré elle ou avec elle vers le Bien, vas-tu aller avec elle t’élever, ou au contraire vas-tu laisser la faute t’atteindre et entrer dans ton monde ? »
Caïn décide avec son libre arbitre de ne pas s’élever, il est incapable de résilience. À la question célèbre de Dieu : « Où est ton frère ? » il répond : « Suis-je le gardien de mon frère ? » Il a répondu par une autre question, il ne se sent pas responsable de son frère.
Delphine Horvilleur perçoit là un écho à bien des débats de société, qui sont les maux d’aujourd’hui, lorsque que nous nous demandons à qui la faute ? Il est plus facile de se choisir un bouc émissaire. Qui est capable de dire aujourd’hui je suis responsable ?
Et vous pensez-vous ?
Jean-François Guerry.
Graeme Allwright - Qui a tué Davy Moore?
Uma versão de Greame Allwright, da canção de Bob Dylan, Who killed Davy Moore