LA MORT INITIATIQUE
« Les planètes errantes restent dans le ciel la terre est semblable à elles par sa production de métaux. Le Soleil est le père de la pierre, l’errante Cynthia (lune) est sa mère, le vent a emmené le fils en son sein et la terre l’a alimenté. »
Je succombe aujourd’hui à une forme paresse provisoire, qui m’oblige à suspendre pour une journée mes travaux personnels, j’ai besoin de reprendre des forces. Un besoin de temps long sans doute et pourtant, nous sommes servis, question de temps long en ce moment ! Une sorte d’essoufflement sans doute, non Covid heureusement.
Et je pense avec regret aux deuxièmes Rencontres Maçonniques de Kerdréan qui devaient avoir lieu les 10 avril et 10 mai toutes les deux reportées sans doute après l’automne. Le 10 avril Jean-Claude Sitbon devait nous donner une conférence sur le thème de la Mort Initiatique en Franc-Maçonnerie, et Hervé Deroeux sur la Symbolique de la Construction des Cathédrales.
Bien que les deux thèmes semblent éloignés, ils sont intimement liés. Il s’agit bien de mourir et de renaître plus radieux que jamais. De la construction d’un temple de pierre et d’un temple de l’esprit, de la construction de l’homme en général et de faire de lui un temple capable d’accueillir le divin en lui. Pour cela il faut mourir aux ténèbres et renaître à la Lumière, dans un cycle continuel de perfectionnement.
Celui qui faire en sorte de voir l’ordre surgir après le chaos, doit passer par l’épreuve de la terre, descendre découvrir la pierre cachée du philosophe, le V I T R I O L, pour pouvoir remonter ensuite à la lumière. Post tenebras lux… L’initiation au Nadir précède celle au Zénith, ainsi le temple recouvre toute la surface de la terre.
Le feu obscur de l’âme, ne contient pas seulement le mal, mais aussi un roi couronné, celui de l’Art Royal. La réunion des contraires doit s’opérer, le maître n’ignore pas ses passions, il cherche à les dominer quand elles sont des vices et les cultiver quand elles sont des vertus. Par purifications lentes et progressives, vers une véritable métamorphose, pour pouvoir entrer par la porte du dedans. Mourir, renaître.
Quelques lignes extraites du livre le Retour d’Henoch de Fermin Vale Amesti, alias Albanashar Al Wali sur le thème de la Mort Initiatique. L’auteur a repris des textes anciens :
« Aucun homme ne peut, sans mourir, franchir les barrières d’ignorance existentielle qui bornent son humanité. L’initiation est une mort, et toute mort est une initiation, c’est-à-dire une mort avec compensation qui exige toujours une renaissance à un tout autre état sans commune mesure avec le premier… » Jean d’Encausse
« En vérité, en vérité je te le dis : à moins de naître à nouveau, nul ne peut voir le royaume de Dieu. » Jean 3-3
« Les hommes vivent de mort et meurent de vie. Vie et mort, veille et sommeil, jeunesse et vieillesse, sont une même chose : elles sont mutuelles métamorphoses. » Héraclite d’Éphèse.
Un poème intitulé Mort et Vie de l’Espagnol José Maria Bianco illustre bien le cycle du temps, le cycle mort et vie, le cycle ténèbres lumière, le chemin du réel.
« Adam, en voyant pour la première fois la nuit qui allait éliminer et éteindre le monde, crut que, avec l’astre moribond, c’était la création qui agonisait.
Mais ensuite, en voyant les doux corps lumineux, apparaître et grouiller dans un second Univers sans fin...enveloppé dans un profond spasme de gratitude, il prie et attend.
Un nouveau soleil en voilait mille : son coucher fut un nouvel orient, et bientôt cette lumière endormie réveilla le même Adam, pure et brillante.
Pourquoi la mort intimide-t-elle l’âme ? Si la lumière trompe tellement doucement, pourquoi la vie doit-elle aussi nous tromper … ? »
C’est à cette supplique universelle que l’on reconnaît les Mystes de toutes les traditions, ceux qui ont été initiés aux petits mystères et recherche la grande voie, ils sont prêts à mourir aux préjugés. Ils supplient : conduisez-moi des ténèbres à la Lumière.
Jean-François Guerry.