DU TEMPLE EXTÉRIEUR ET DU TEMPLE INTÉRIEUR
Atteindre l’humilité renfermée dans notre cœur, pour ne voir qu’avec l’œil du cœur, c’est la démarche du théosophe chrétien Charles de Eckartshausen. Dont la réputation fût faite par un seul petit volume « Dieu est l’amour le plus pur ». Il a été traduit dans presque toutes les langues depuis 1790. Il a été dit que ce livre est le langage et l’âme de Fénelon dont le secrétaire le Chevalier de Ramsay a été rendu célèbre par son fameux discours, un des textes fondateurs de la Franc-Maçonnerie spéculative.
Charles de Eckartshausen parfois considéré comme un mystique, savait parler des devoirs de l’humanité, mais surtout il savait montrer l’exemple, il consacra ses économies pour le secours des prisonniers de guerre, les soldats français. Il passa sa vie entière à pratiquer les vertus.
Jean-François Guerry.
« La sagesse se trouve parmi les humbles. » Ainsi parle Salomon dans Proverbes XI, 2. L’humilité allume les lumières de l’entendement, de même que la sincérité et la droiture. La préparation nécessaire pour recevoir la sagesse est la purification du cœur. La vérité ne se trouve qu’à l’intérieur.
Toutes les erreurs, toutes les divisions, tous les malentendus, tout cela, qui dans les religions et les associations secrètes, donne lieu à tant d’erreurs, ne se rapporte qu’à la lettre ; l’esprit demeure intact et saint. Tout n’est lié qu’au voile extérieur sur lequel les hiéroglyphes, les cérémonies et les rites sont écrits ; rien ne touche l’intérieur.
Jusqu’à présent, le sanctuaire le plus intime a été séparé du temple, et le temple a été assiégé par ceux qui sont dans le parvis. Le temps arrive où le sanctuaire le plus intime doit se réunir avec le temple, pour que ceux qui sont dans le temple puissent agir sur ceux qui sont dans le parvis, jusqu’à ce que le parvis soit rejeté au dehors. » (1)
Dans ces quelques lignes l’on découvre, l’on dévoile le chemin initiatique, qui va de l’extérieur du temple, au parvis, à la porte du temple où l’on frappe, puis à la porte basse par laquelle l’on pénètre du temple dans la loge, du profane au sacré. Puis, dans la loge libéré des métaux, par quelques pas hésitants, de côté, de l’occident vers l’orient on enjamber le cadavre, pour re naître à la lumière, plus radieux que jamais, poser les genoux à terre, et monter enfin au sanctuaire à l’intérieur de nous-mêmes. Pousser à nouveau les portes de la loge, avec son bissac bien rempli, rejoindre humblement le monde…
Jean-François Guerry.
(1) Charles de Eckartshausen
Voici une seconde édition du premier – et dernier, jusqu’à ce jour – ouvrage d’ensemble sur le Munichois Karl von Eckartshausen (1752-1803), contemporain du Siècle des lumières et représentant de l’Illuminisme chrétien. L’historien rencontre souvent ce théosophe, alchimiste, arithmosophe, dont la personnalité était demeurée dans l’ombre et dont l’œuvre (plus de cent titres) se situe aux sources mêmes de la philosophie romantique. L’ouvrage repose non seulement sur l’étude de textes imprimés, mais aussi sur celle de nombreux documents (correspondances, notamment) jusqu’alors inédits. La première partie présente l’homme dans son époque et son milieu. Il y est question, d’une part, de ses activités au sein de l’Académie de Bavière et dans le contexte religieux, philosophique et littéraire du XVIIIe siècle finissant ; d’autre part, de ses rapports avec diverses sociétés initiatiques (à caractère ésotérique, mais aussi politique comme celle des Illuminés de Bavière) ainsi qu’avec des personnages tels que Conrad Schmid, Josef von Thun, Johann Heinrich Jung-Stilling, Niklaus Anton Kirchberger, Louis de Divonne, Louis-Claude de Saint-Martin, Ivan Lopouchine, Sergueï Ivanovitch Plechtcheev, etc. La seconde partie est consacrée à la pensée proprement dite d’Eckartshausen, étudiée tant à travers ses écrits que dans le contexte de courants ésotériques dont il se réclame (Kabbale chrétienne, théosophie dans la mouvance de Jacob Böhme, ‘science’ des nombres…). Dans cette perspective sont présentés des chapitres tels que : L’analogie ; Les Esprits ; L’Adam primordial et sa chute ; La Régénération de l’Homme et de la Nature ; Ésotérisme et Église Intérieure ; Kantisme et théorie de la médiation ; Arithmosophie ; Pneumatologie ; La notion de ‘Magique’; Palingénésie ; Alchimie ; Magnétisme animal… La dernière partie, intitulée Le Rayonnement de l’œuvre, est consacrée à la réception d’Eckartshausen. En Allemagne, d’abord : témoignages de Johann Gottfried Herder, Johann Caspar Lavat