PERCEVOIR
Concevoir la beauté, c'est la percevoir. Comment la percevoir Par une démarche initiatique de l'Intérieur vers l'extérieur. D'abord descendre à l'intérieur de soi, y trouver l’humble lumière voilée, mystérieuse, celle du Graal, de l’âme.
Puis revenir au monde par cet escalier tournant, cette spirale ascensionnelle du temps. Ouvrir un œil neuf, un regard neuf transfiguré par la Lumière. Transmettre la force de cette Lumière dans le monde, sans prosélytisme avec humilité partager les enseignements reçus dans le temple. Faire vivre cette conversion du regard.
Ce regard qui porte en lui un trousseau de clés, pour ouvrir les portes qui nous semblaient fermées par la dureté de notre orgueil, sa dictature jamais assouvie. Ce nouveau regard ouvert sur le sacré, le divin. Par l’œil minuscule vitrail qui laisse passer la lumière de notre âme, notre regard se pose un instant à l’extérieur de nous. C’est le regard du Grand Architecte qui se confond avec le nôtre.
« J’ai créé en toi la perception pour être l’objet de ma perception.
C’est par mon regard que tu me vois et que je te vois.
Tu ne saurais me percevoir à travers toi-même.
En revanche si tu me perçois, tu te perçois, toi-même. » (Poème du Soufi Ibn’Arabi’)
C’est dans le croisement des regards, l’échange des regards que se trouve la beauté, l’étincelle provoquée par le frottement de ces lumières, déclenche l’embrasement, l’amour. Un regard seul se perd dans un désert vide, il s’assèche, il ne peut pas atteindre la source de la beauté. Mais regard qui perçoit les merveilles de la nature le sacré, le divin et cette même présence du divin dans le regard de l’autre. C’est comme des étincelles jumelles les deux regards se transforment, se métamorphosent et se tournent dans la même direction, pour s’unir en un seul regard pur, c’est peut-être ce que l’on appelle la beauté du regard.
La perception du beau n’est pas une contemplation béate, une naïveté, une mièvrerie de bons sentiments. C’est un désir de vrai, de bien de beau. Cet élan se vit dans un itinéraire initiatique, pourvu que l’on ait la volonté de le vivre, d’en faire un idéal de liberté.
Pour le franc-maçon c’est la prise en compte du monde tel qu’il est avec ses parts d’ombre, ses douleurs, mais c’est aussi une exigence de dignité, d’exemplarité, de justice, de force, d’humilité qui n’est pas la faiblesse de l’humiliation ; la force est toujours associée à la compassion, la tempérance, la bienveillance et l’amour fraternel sans lequel tout n’est qu’un regard illusoire et vide.
Jean-François Guerry.
De François Cheng :
« Zhuangzi, un des ‘pères du Taoïsme’ au IVème siècle avant notre ère, fait remarquer qu’entre Ciel et Terre il y a une grande beauté, et que la nature a le pouvoir de transmuter le flétri et le pourri en merveilles. Le Zhenren ‘l’homme véritable’ qu’il propose est celui qui, purifié de l’intérieur, est capable d’entrer en communion totale avec la sphère infinie de l’Univers en y effectuant le Shen-you ou ‘randonnée spirituelle’
Hymne a la beauté du monde - Isabelle Boulay
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