ENTIÈREMENT DE MÉMOIRE….
La transmission constitue le socle, l’assise d’un rite initiatique, les rites maçonniques n’échappent pas à cette règle. L’enfant apprend à parler en écoutant sa mère. La mère des enfants de la veuve, c’est-à-dire des francs-maçons est leur Loge Mère. C’est dans l’espace sacralisé de la loge après avoir franchi la porte du temple que l’apprenti maçon recevra le premier mot. Il passera ‘en force’ par le souffle du Vénérable Maître de la Loge, et il descendra au plus profond de son être intérieur. C’est ce premier mot qui ranimera l’étincelle de lumière qui n’a cessé de briller en lui depuis le début des temps. La force du souffle fera de cette étincelle un flambeau, qui se transmettra de cœur à cœur. C’est le par le cœur si bien régénéré dans le rite émulation.
La vraie transmission est donc orale, c’est ce souffle qui pousse et ouvre les portes fermées, c’est ce souffle qui déchire les voiles, ouvre les yeux.
C’est le psaume du prophète Jérémie qui revient à notre mémoire :
« Si je t’oublie Jérusalem, que ma main droite se dessèche !
Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens de toi, si je ne fais de Jérusalem le premier sujet de ma joie. »
Ces mots sont la mémoire de la liberté à conquérir, à retrouver. Ils doivent êtres transmis, Moïse le bègue depuis l’épisode biblique du buisson ardent, où il reçu la parole, ne sachant pas lire, ne sachant qu’épeler a transmis à Aaron la parole, pour qu’elle ne soit pas perdue.
Le mot à peine prononcé, à peine épelé est un appel à notre mémoire. L’art Royal est, se fonde dans l’Art de la Mémoire, le frère Charles-Bernard Jameux en a fait la démonstration dans ses recherches sur l’origine de la franc-maçonnerie spéculative.
L’initiation maçonnique est à la fois personnelle et collective, sans le secours des autres nous ne pourrions retrouver les mots perdus, même s’ils sont en nous, le rite transmis agit comme un levier pour soulever la pierre cachée. Comme un guide pour aller dans la vallée de Josaphat franchir le Cédron entre le mont des oliviers et le mont du temple, obtenir la liberté de passer sortir de l’exil, ne pas oublier.
Revenir à la source de la fontaine de jouvence, pour se purifier dans l’eau de la mémoire, puis donner à boire à ceux qui ont soif, transmettre le souffle, donner le mot, les mots qui résonnent en nous depuis le début des temps. Les donner entièrement par cœur, par le cœur, donner le souffle reçu, le feu de l’empyrée, qui brûle en nous, pour que sans cesse l'acacia reverdisse, pour que le grain tombe en terre, pour que la joie de l'amour règne parmi les hommes.
Jean-François Guerry.
À lire : L’Art de la Mémoire et la formation du symbolisme Maçonnique. Par Charles-Bernard Jameux aux Éditions Dervy.