LA VOIE DE LA FRATERNITÉ
La démocratie est en panne, chacun peut le constater est-ce le problème de notre constitution, de notre mode d’élection, de notre représentation, en clair un simple problème technique ou un problème de sens de vision plus global, plus universel.
Les démocraties libérales souffrent du repli des citoyens sur eux-mêmes, de l’individualisme qui a remplacé l’individualité. Les hommes ne font plus l’effort de la rencontre de l’autre, des autres. Ils vivent dans des « archipels » selon l’expression de Guillaume Fourquet, au mieux les hommes se regroupent dans des corporatismes.
Ainsi les démocraties libérales ont perdu leur sens, leur substance, elles n’ont plus les moyens sur le long terme de réduire l’accroissement des inégalités, le fameux ascenseur social est en panne, le manque d’espérance, de visions sur le long terme engendre des colères permanentes et la montée des violences.
Le collectif a été remplacé par des libertés séparées. La relation avec autrui et avec les autres n’est plus une priorité. Il y a un retour d’une forme de barbarie, le sentiment d’injustice est une constante. Pourquoi parce que la liberté surplombe la vérité.
La société libérale se fonde sur le jeu de libertés opposées, rivales. Ce manque de collectif peut nous faire à tout instant basculer dans une société fasciste où la multiplicité des libertés peut se dissoudre dans totalité, la liberté d’un groupe, niant toutes les formes de libertés individuelles. Nous serions alors dans une Vérité unique dogmatique, surplombant la liberté de ce seul groupe.
Ces deux sociétés ont malheureusement un point commun elles ne regardent plus le visage de l’autre, personne ne regard l’autre. Nous n’avons de référence que par rapport à nous-mêmes. Ainsi s’égrène le chapelet des affirmations : c’est ma liberté, c’est mon droit, mon moi, mon individualité, mon identité, mes racines. J’oublie l’autre, mon devoir, ma responsabilité envers l’autre je ne suis plus le gardien de mon frère. Si tout va mal l’autre devient mon bouc émissaire. Ma liberté écrase la vérité, mon égoïsme devient violence.
On affirme continuellement les principes démocratiques, la liberté de chacun, l’égalité, le respect de la dignité de l’homme, de la dignité humaine sans en faire l’expérience. C’est la perte de l’éthique, de cette éthique au service de la justice. Pour être le plus juste possible, il nous faut avoir la force, le courage de remettre en cause de manière permanente le bon droit de sa liberté. Jusqu’à oublier son soi, pour être vrai, pour son soi véritable, pour être libre et non avoir.
Il y a donc une troisième voie en dehors de la démocratie libérale et du fascisme. En dehors des libertés individuelles, personnelles, clivantes et inégalitaires ; en dehors de la liberté dogmatique d’un seul groupe, du fascisme. C’est la voie de la fraternité. De la fraternité du visage de l’autre, de la rencontre de l’autre, c’est la pensée, le projet original de Emmanuel Levinas, décrit par Corine Pelluchon :
« La rencontre d’autrui ouvre l’humanité puisque le visage est la trace de l’infini. »
Emmanuel Levinas écrit dans Totalité et Infini :
« L’épiphanie du visage comme visage ouvre l’humanité. »
A force d’être absorbé par nos droits, nos libertés, on oublie nos devoirs de fraternité, pourtant seule cette fraternité permet d’envisager une société apaisée avec un avenir commun, dans le respect du visage, de la dignité d’autrui et des autres.
Jean-François Guerry.
Extrait de Totalité et Infini d’Emmanuel Levinas :
« La paix ne peut (…) pas s’identifier avec la fin des combats qui cessent faute de combattants par la défaite des uns et la victoire des autres, c’est-à-dire avec les cimetières ou les empires universels futurs. La paix doit être ma paix, dans une relation qui part d’un moi et va vers l’Autre, dans le désir et la bonté où le moi à la fois se maintient et existe sans égoïsme. »
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