LES LARMES DES CÈDRES
« J’ai vu que l’homme savait qu’il était la pierre d’angle de la création, et qu’il devait s’élever au-dessus de la petitesse et de la médiocrité….
Khalil Gibran poète, artiste Libanais.
J’ai vu les flammes du feu destructeur sur le port Beyrouth, les flammes de la folie des hommes, ont rougis de sang les vagues et le sable.
J’ai vu les larmes couler sur les joues des enfants, j’ai entendu les pleurs des femmes, la colère des hommes.
J’ai vu les cèdres sacrés, pyramides plantées par l’architecte du monde, dans les neiges éternelles ; recouvrir d’ombre le pays Nephtali.
J’ai entendu la voix de l’éternel qui seule peut briser les cèdres (1)
J’ai pleuré avec mes frères, les enfants de la veuve, j’ai pleuré Hiram, l’architecte.
J’ai obtenu la liberté de passer, pour reconstruire le temple avec l’épée et la truelle.
J’ai chanté la liberté, sur les rives de tous les fleuves, de toutes les mers, jamais je ne t’oublierais Jérusalem, Auschwitz, Sarajevo….Beyrouth
J’ai vu la foi, l’espérance, la charité de l’homme.
Jean-François Guerry.
- Référence au psaume 29 … 4 La voix de l’Eternel est puissante, la voix de l’Eternel est majestueuse. 5 La voix de l’Eternel brise les cèdres du Liban, 6 Il les fait bondir comme des veaux. Et le Liban et le Sirion comme de jeunes buffles…
AU MILIEU DES RUINES
La lune laissa tomber son voile de gaze sur les jardins de la ville du Soleil (1), et le silence enveloppa tous les êtres. Les palais écroulés semblaient menaçants, comme des monstres sarcastiques.
À cette heure, deux fantômes, comme, une vapeur montant des eaux bleues d’un lac, étaient assis sur une colonne de marbre en pensant à la scène qui était comme un royaume magique. L’un d’eux leva la tête, et d’une voix qui se réverbérait à tous les échos, dit :
« Voici les restes des temples que j’ai bâtis pour toi, ma bien-aimée, et voici les ruines d’un palais que j’avais élevé pour ton plaisir. Rien d’autre ne demeure pour raconter aux nations la gloire à laquelle j’avais voué ma vie et la pompe pour laquelle j’ai exploité les faibles.
« Songe et réfléchis, ma bien-aimée, aux éléments qui ont triomphé de ma cité, et au Temps qui a pareillement anéanti mes efforts.
« L’oubli a submergé l’empire que j’avais établi, et rien n’en demeure que les atomes d’amour créés par ta beauté, et les effets que la beauté de ton amour a exaltée. »
« J’ai élevé un temple à Jérusalem et les prêtres l’ont sanctifié, mais le temps l’a détruit. Mais au fond de mon cœur, l’autel que j’ai construit pour l’amour a été consacré à Dieu et protégé contre les forces de destruction. »
« Les hommes ont dit de moi : « Quel Roi sage c’était ! » Et les anges ont dit : « Que sa sagesse est insignifiante ! » Mais les anges se sont réjouis quand je l’ai trouvée, mon aimée, et ils ont chanté pour toi l’hymne de l’Amour et du Désir. Mais les hommes n’en n’ont pas entendu une note…
« Les jours de mon règne furent des barrières pour ma compréhension de l’Amour et de la beauté de la vie, mais lorsque je t’ai vue, l’Amour s’est éveillé, et il a détruit ces barrières, et j’ai regretté la vie que j’avais passée à considérer que tout, sous le soleil, n’est que vanité. »
« Lorsque l’Amour m’a éclairé, je suis devenu humble, tant devant les tribus qui avaient craint ma puissance militaire que devant mon propre peuple.
Mais lorsque la Mort est venue, elle a enterré mes armes mortelles et elle a emporté mon amour vers Dieu. »
Et l’autre fantôme dit : « Comme la fleur reçoit de la terre la vie est ses parfums aromatiques, ainsi l’âme extrait de la faiblesse et des erreurs de la matière sa sagesse et sa force. »
Alors, les deux se fondirent en un seul et ils s’éloignèrent en disant :
« L’Éternité ne conserve que l’Amour. Car l’Amour est comme l’Éternité. »
Khalil Gibran.
- la ville en ruines de Baalbek.
Extrait de Pensées et Méditations par Khalil Gibran Éditions Select Montréal Québec.
La destruction du Temple
Quand l’élu fut déchu, ils se virent orphelins
Privés d’une lumière délicieuse et pure
Et des larmes amères coulèrent sur leurs figures
Tandis que dans le ciel s’immisçait le déclin.
Les grands élus doutaient et la Voûte sacrée
Qu’ensemble ils atteignirent avait un goût de sang ;
Ils contemplaient les ruines de leurs temples absents
Où Galaad périt par l’amour consacré.
Ils tendirent leurs bras vers l’azur infini
En clamant leur amour en une litanie
Adressée au très-haut quémandant des réponses.
Le ciel restait muet quand ils quittèrent Juda.
Guibulum chevauchait au milieu des ronces
Quand il vit se lever l’invincible armada…
Philippe Jouvert.