PÈLERIN DU MANQUE
Le moment pressant où le désir remplace le plaisir, c’est le moment de prendre le chemin, le moment où se profile à l’horizon la possibilité de l’effacement du moi, après une longue marche ascensionnelle, patiente, persévérante.
Ce moment de renversement des valeurs, de conversion vers le soi. Au terme d’une longue propédeutique d’expériences et d’exercices spirituels, accomplis dans la solitude ; mais aussi partagés.
Le moment où la pureté du silence permet de reprendre sa respiration intérieure.
Alors on frappe le premier coup de maillet sur le ciseau qui va ouvrir la pierre brute, on la taille, on la polit pour la mettre dans l’ouvrage de sa vie. C’est le moment où l’on reçoit la première lettre, puis l’on donne la seconde. Ne sachant pas encore lire tout juste capable d’épeler, c’est un balbutiement spirituel.
Puis soudain apparaît je ne sais quoi, je ne sais quel principe plus grand que moi, que nous, une force, une sagesse, une beauté agissante. Quelque chose d’inconcevable, d’infini, de sans nom et tous les noms ; comme une mer sans rivage où l’esprit semble être condamné à un flottement éternel, il faut trouver un port d’attache. Certains le nomme Dieu, d’autres la flamme inconnue, cette claire lumière vivante qui brûle sans arrêt dans le tabernacle du cœur.
Cette lumière ordre du monde, liberté, connaissance, non pas encore bonheur, mais joie merveilleuse. Dans cette épiphanie envisageable à hauteur d’homme, mais d’une intensité extrême. L’on perçoit l’invisible âme et le tourment du manque disparaît.
L’on se relève plus radieux que jamais au centre de soi-même entre l’équerre et le compas. C’est là hic et nunc que commence la construction de sa véritable demeure, non pas pour un quelconque profit personnel, une résurgence de l’ego. Mais pour être définitivement dans la munificence.
Commencer la vraie vie ; le poète Charles Juliet écrit :
« Non vivre ce n’est pas se décomposer. Vivre c’est se construire, s’élever, se hisser vers la lumière. »
Construire, créer une juste union entre toutes ses dimensions physique, émotionnelle, rationnelle, spirituelle. Etre simplement. Ne plus ressentir le tourment du manque, la souffrance du manque, mais la joie de l’unité, de la plénitude, de la complétude, s’être enrichi de son soi et partir sur la route, avec un viatique a partager avec les autres.
Jean-François Guerry.
Victoria Sio - Sois Mon Guide (Le Voyage du Pèlerin, au cinéma le 6 novembre 2019)
Victoria Sio, connue pour ses rôles dans les spectacles musicaux " Le Roi Soleil " et " Les 3 Mousquetaires ", interprète la bande originale de notre film d'...