LA TEMPÉRANCE
La vertu est le juste milieu entre deux vices.
Aristote.
Dans la collection « l’Intégrale » les coéditeurs Ubik et l’Académie Maçonnique de Provence viennent de faire paraître le livre de Solange Sudarskis Il était une fois un mythe, Hiram. Hiram est le personnage mythique du symbolisme de la construction du Temple du Roi Salomon, il incarne pour les francs-maçons la personnification des vertus, l’image du sage selon les Grecs de l’antiquité ; le sublime Maître Architecte, le Maître vertueux, l’être véritable dont la sagesse est proposée à la contemplation aux sœurs et aux frères, il est le transmetteur des vertus en général et des vertus maçonniques en particulier, dont la tempérance.
L’auteure dissèque et reconstitue le personnage en mettant en exergue les vertus qui animent son âme et en fait un héros, un parangon de vertu, mais surtout un homme bon et juste.
À chacun ses vertus :
Pour Platon elle est source naturelle, source de la morale. Pour Aristote l’excellence suprême, pour Socrate elle inspire le bonheur, pour Cicéron plus pratique elle est l’image de la persévérance dans le bien, du courage, jusqu’à l’ascèse. Pour les stoïciens elle élève le sens moral de ses pratiquants, on ne naît pas vertueux, l’on travaille pour s’incliner plutôt vers les vertus que vers les vices. Pour Spinoza être vertueux, c’est, s’efforcer de conserver son état d’être, agir selon les lois de la nature. André Comte Sponville a écrit un Petit Traité des Grandes Vertus, pourquoi Petit en opposition à Grandes, sans doute par modestie ou coquetterie. Vladimir Jankélévitch plus simplement nous a offert son Traité des vertus, un monument à la gloire des vertus, on y perçoit l’intention de devenir vertueux.
Peut-on faire un rapport entre la morale, la vertu ou les vertus et la politique. Dans une époque récente à propos de l’affligeante affaire de François Fillon, André Comte Sponville déclarait qu’il ne fallait pas confondre la politique et la morale ! Ne pas mélanger éthique, morale et politique. En raisonnant à l’extrême, un être fourbe, immoral et politicien de surcroit, pourrait être un représentant des citoyens, et même exercer la charge suprême de Président en étant un être vicieux, amoral, immoral, pratiquant le vice s’il est un habile politique. C’est machiavélique mais pas impossible, l’histoire l’a démontré ! Cicéron qui plaçait la politique au plus haut niveau n’était pas sur cette ligne, il semble que notre actualité lui donne raison.
Luc Ferry voit dans la pratique des vertus, la réalisation de la vie bonne, donc le bonheur.
Enfin Michel Onfray s’insurge en hédoniste contre la tristesse des vertus. Lui, qui a été touché par un infarctus du myocarde, pense, qu’il ne faut pas que les vertus obstruent nos artères, et laissent le sang de la vie arriver jusqu’à notre cœur. Les vertus abolissent la souffrance et apportent la joie.
C’est ce qui transparaît dans le livre de Solange Sudarskis, dans son chapitre sur les Vertus et sa citation de Michel Serres pour qui les vertus sont : « le principe et la cause de toutes choses… dans la chaleur ou le jaillissement de l’élan vital, au battement élémentaire du cœur. »
L’auteure met en lumière les vertus essentielles comme autant de merveilles de la nature qui ne demandent qu’à être contemplées. Comment y parvenir, c’est une illusion de croire que l’on naît vertueux, on essaye de le devenir. Cela suppose des efforts, on n’atteint pas le sommet d’une montagne sans prendre de bonnes chaussures et mettre avec force un pied devant l’autre.
Il n'y a point de bonheur sans courage, ni de vertu sans combat. (Jean-Jacques Rousseau)
Le mot force est le premier mot de maçon des rituels maçonniques. Il ne s’agit pas de la puissance qui écrase, mais de la force d’âme qui est en nous et qui s’établit peu à peu c’est le deuxième mot de maçon, qui signifie il établira. Il s’agit bien d’établir en nous la pratique des vertus. Le Maître Architecte établit l’ouvrage de sa vie par la pratique des vertus. Le Maître atteignant la maturité aura le devoir de transmettre, mais seulement à ceux qui sont aptes à recevoir. C’est ce que nous rappelle Solange Sudarskis on ne peut être illuminé qu’après avoir cherché la lumière, l’avoir reçu, l’avoir redécouverte dans notre âme, l’avoir entretenu et fait grandir. Je la cite : « Une vertu n’est pas une qualité innée, mais une qualité nécessaire que l’on acquiert par le travail. »
La vertu, comme l’initiation est donc mouvement force d’âme. Elle est juste milieu, pratique de la tempérance.
Le bien pour l'homme consiste dans une activité de l'âme en accord avec la vertu.(Aristote)
Aujourd’hui dans un monde agité en permanence, la tempérance évite les excès, les passions incontrôlées. Nous avons besoin de cette tempérance qui mène à la justice qui n’est possible qu’avec le secours de la vertu suprême de l’Amour.
Jean-François Guerry.
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