SAVOIR, COMPRENDRE, AGIR.
Les francs-maçons ont leurs triades, « savoir, comprendre, agir », vient sans doute du terreau indo-européen évoqué par Georges Dumézil. Le savoir étant lié à la connaissance du principe de l’Un. Ce savoir a un caractère sacré, universaliste, théologique, religieux pour certains sans limitation cléricale ou dogmatique.
Comprendre met en perspective l’action à venir, le désir, la force qui sera nécessaire à l’agir, pour que le cœur ne reste pas un organe sec mais irrigue l’âme fille de l’esprit. La force féconde la graine dans l’esprit, la graine donnera de nombreux épis de blé. Comme la sève dans l’arbre de vie donnera des fruits, qui sont les vertus qui ne demandent qu’à grossir.
Le savoir est d’origine sacerdotale il enfonce ses racines dans la dimension infinie du sacré, ce sacré présent dans les valeurs essentielles des traditions.
La puissance et la force de l’agir associée à l’amour universel de l’homme, mène celui-ci à une ressemblance avec l’Un, à être dans le désir d’être une figure du sage, à défaut de pouvoir devenir sage. Il espère avoir le bonheur de devenir un Kadosh, un saint, semblable à son ange à ses anges protecteurs, que sont ses niveaux de conscience.
La trinité provient du monde vétérotestamentaire, elle sera reprise par Pythagore qui considérait les nombres comme des êtres divins, c’est ainsi que les élèves de Crotone vénéraient la Tetraktys, ancêtre du Delta Lumineux maçonnique, inspirateur de force, sagesse et beauté. Les francs-maçons construisent leur être intérieur avec la rigueur nécessaire de l’équerre, l’ouverture de l’amour du compas, la truelle qui répand le ciment de la fraternité entre les pierres qui vibrent d’amour sous la voûte étoilée, dans un monde où la joie des larmes inonde les cœurs.
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En ce jour d’élections, où l’on doit choisir des élus. Je ne puis m’empêcher de faire une comparaison avec les grades maçonniques dit d’élection, en particulier celui de Grand Élu Parfait et Sublime Maçon. Dès le commencement du cycle des grades au-delà du 3ème degré de Maître Maçon, il est demandé au nouveau Maître de pratiqué la justice et de la défendre, à l’instar de l’emblématique Salomon roi de justice, ou du maître de justice. Cette justice qui associée à l’amour fait régner l’harmonie sur le monde, encore une triade.
Pendant les périodes électorales l’on parle beaucoup, les plus habiles, les plus éloquents marquent des points, rallient des électeurs à leurs pensées, à leur cause. Les grands rhéteurs doivent-ils profiter de leur talent, de leur attribut pour diriger la société ? Une relecture du Gorgias de Platon, de ce discours de Socrate sur le bonheur est éclairante.
Socrate dit en substance : « Gagner le pouvoir, la richesse, le prestige et les plaisirs en défendant par des moyens intellectuellement douteux dont on ne se demande pas si elles sont bonnes ou mauvaises est-ce cela le bonheur ? Est-ce l’objectif qu’il faut se fixer dans la vie ? »
Socrate apportera une réponse dans son dialogue avec Gorgias : « L’objectif qu’il faut se fixer dans la vie, d’un homme ou d’un État c’est de ne pas commettre l’injustice. »
Cela peut paraître une évidence à l’homme bon, celui qui n’est pas aveuglé par son orgueil, son arrogance et sa faiblesse. Il ne suffit pas de vouloir nous enseigne Socrate, il nous faut savoir. Donc apprendre à être juste. La justice est une science à étudier, une vertu à pratiquer. Pour Socrate la philosophie permet à l’adepte d’apprendre la connaissance du juste et de l’injuste et pour lui en définitive le bonheur à deux composantes l’éducation, la paidéia (1) et son résultat la vertu de justice, la dikaiosuné. (2)
Quel que soit les belles paroles, bien agencées, l’éloquence bien maitrisée, il nous faut être capable de distinguer le juste et l’injuste. Cela mérite une autre triade maçonnique : Rigueur, amour, harmonie.
Le nombre trois est d’ordre intellectuel et spirituel, de l’Un, du cosmos et de l’homme. C’est pourquoi il nous faut Savoir, Comprendre et Agir pour Élire.
Jean-François Guerry.
Notes :
(1) Ce mot polysémique signifie éducation, mais surtout génie éducatif mis en œuvre dans la société pour l’élévation spirituelle des citoyens. Faire de l’homme un être juste, moral, digne, noble.
(2) Dikaiosuné : justice, sentiment de justice et pratique de la justice.
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