Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Jean-françois Guerry
CAUSA SUI ET LE GRAND ARCHITECTE

CAUSA SUI, ET LE GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS.

 

« L’essentiel de ce qui fût pensé autrefois dans la causa sui n’est autre que l’absolue liberté ».

             Stanislas Breton.- Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques- J. Vrin.

 

La question du Grand Architecte de l’Univers divise les maçons surtout en France dans leurs travaux qui se font à sa gloire ou pas. Mon propos n’est pas ici de prendre parti pour l’un ou l’autre camp, ce serait nier la qualité universelle de la Franc-maçonnerie, ce serait nier aussi quelle est un centre de l’union des hommes, qui partagent au-delà de la reconnaissance ou non de ce principe des valeurs humaines, des vertus communes. L’ouverture du compas impose la tolérance et le respect des idées surtout quand elles différent des nôtres. On ne peut pas affirmer rejeter tout dogmatisme et s’enfermer dans l’intolérance.

 

Mon propos est ici donc de m’efforcer de comprendre la nature du Grand Architecte, du principe créateur tâche insurmontable, tant et si bien que la Franc-maçonnerie qui se réfère à ce principe créateur admet que chacun de ses membres puisse avoir une lecture différente de celui-ci, une conception différente. Dieu, dieux, concept d’unité, Un bien, croyance, architecte suprême, horloger, Grand Géomètre etc… L’ensemble activé par la foi maçonnique, différente de la foi religieuse, c’est une vision déiste. Il existe une Franc-maçonnerie théiste qui affirme que le Grand Architecte est Dieu restreignant le champ des possibles.

La question est le Grand Architecte, cause première est-il la cause de soi-même, quelque chose généré à partir de lui-même. Il nous faut remonter l’horloge jusqu’à la philosophie antique et au début de l’ère chrétienne. Plotin dont les adversaires prétendaient que l’Un est arrivé de manière contingente par hasard, répliquait que l’Un ne peut résulter d’une causalité antérieure à lui-même, parce qu’il est le premier et parce qu’il est simple. En conséquence il est donc cause de soi et libre parce qu’il se veut comme il est et qu’il est comme il se veut. Il y a donc, dans l’Un de Plotin, une coïncidence de l’absolue liberté et de l’absolue nécessité. Pour lui la notion de Cause de Soi, a une valeur métaphorique elle permet de comprendre la primauté absolue de l’Un.

Cette notion de causa sui comme production de l’existence par l’essence restera présente jusqu’au XIXème siècle.

 

Plotin, Marius Victorinus, Saint-Augustin maintinrent que Dieu s’est créé lui-même. La scolastique avec Saint Thomas d’Aquin préférera à la causa sui, la notion d’aséité voulant affirmer la primauté divine, en affirmant ainsi que la créature ne peut être la cause d’elle-même et c’est pourquoi elle a besoin d’une cause première.

Stanislas Breton parle d’un dernier hommage à une transcendance ineffable avant l’avènement d’une plus haute raison. Marsile Ficin l’un des premiers traducteurs des Ennéades de Plotin pense comme René Descartes : « La liberté humaine implique ainsi une libération de la tutelle du principe donnant lieu à un véritable recommencement dans l’exercice de la puissance. »

Définir le principe en recherchant l’essence divine, avec le souci de sa liberté propre et des vérités éternelles, que sont les puissances infinies. Reconnaître la fusion qu’il y a entre l’essence et la puissance du principe à la manière de Baruch Spinoza : « La puissance de Dieu est son essence même. » B. Spinoza Éthique I Prop 34.

 

Le triangle composé de Plotin, Descartes, Spinoza peut nous aider à comprendre la causa sui, et en creux nous faire une idée du principe créateur Grand Architecte de l’Univers. La formule de E. W.Tschirnhaus dans ses échanges avec Leibniz est édifiante : « La scolastique commence par les créatures, Descartes a commencé par l’esprit Un, Spinoza par Dieu. »

 

Spinoza dans son Éthique I De Dieu. : « j’entends par cause de soi ce dont l’essence enveloppe l’existence, ou ce dont la nature ne peut être conçue que comme existante. »

 

II- « J’entends par substance ce qui est en soi et conçu par soi, c’est-à-dire ce dont le concept peut être formé sans avoir besoin du concept d’une autre chose. »

 

IV- « J’entends par attribut ce que la raison conçoit dans la substance comme constituant son essence. 

 

VI- « J’entends par Dieu un être absolument infini, c’est -à-dire une substance constituée par une infinité d’attributs dont chacun exprime une essence éternelle et infinie.

 

AXIOMES

 

I – « Tout ce qui est, est en soi ou en autre chose. »

 

II- « Une chose qui ne peut se concevoir par une autre doit être conçue par soi. »

Pour Plotin l’âme est aussi douée d’un mouvement automoteur. Il est intéressant de relire un passage de la troisième Méditation de Descartes et d’en faire le rapprochement avec les concepts plotiniens d’émanations et de processions :

« Puis l’on peut derechef rechercher si cette cause (la cause de ma nature d’être pensant qui dispose en soi de l’idée de Dieu) tient son origine et son existence de soi-même, ou de quelque chose. Car si elle tient de soi-même, il s’ensuit, par les raisons que j’ai ci-avant alléguées, qu’elle-même doit être Dieu ; puisque ayant la vertu d’être et d’exister par soi, elle doit aussi avoir sans doute la puissance de posséder actuellement toutes les perfections dont elle conçoit les idées, c’est-à dire toutes celles que je conçois être en Dieu. Que si elle tient son existence de quelque autre cause que soi, on demandera derechef, par la même raison, de cette seconde cause, si elle est par soi, ou par autrui, jusques à ce que de degrés en degrés on parvienne enfin à une dernière cause qui se trouvera être Dieu. Et il est très manifeste qu’en cela il ne peut y avoir de progrès à l’infini… »

 

L’on peut légitiment penser que Descartes avait lu les Ennéades de Plotin traduites par Marsile Ficin (1433-1499), l’on voit une chaîne de pensées se dessiner avec Giordano Bruno (1548-1600), Descartes (1596-1650) et enfin Spinoza (1632-1677).

Descartes était extrêmement prudent dans ses écrits, il avait sans doute en tête le sort réservé à Giordano Bruno, Spinoza lui fût plus téméraire on connaît la suite.

Descartes en a rabattu si j’ose dire par crainte d’hérésie, ainsi dans ses réponses aux objections il modère : « Là où ces paroles la cause de soi-même ne peuvent en façon quelconque être entendues de la cause efficiente, mais seulement que la puissance inépuisable de Dieu, est la cause ou la raison pour laquelle, il n’a pas besoin de cause. » Réponses aux quatrièmes objections. Il reconnaît qu’il ne faut pas prendre au sens strict la notion existence essence.

 

Spinoza ne renie pas la thèse de Descartes mais il procède à son polissage intérieur. Pour Descartes Dieu est l’être parfait puisque ses perfections sont infinies. Il en arrive ainsi à l’idée de Dieu cause de soi. Spinoza a poussé la réflexion sur l’idée de dieu à son maximum de force pour développer sa thèse ce causalité immanente, jusqu’à définir Dieu par sa puissance, et identifier en Dieu essence et existence.

Pour Spinoza tout est en Dieu et tout se meut en Dieu, la causa sui n’est plus un type de causalité réservé à Dieu, elle devient un principe universel de toute causalité.  « Dieu n’est pas seulement cause efficiente de l’existence des choses, mais aussi leur essence. »

Pierre Lachièze-Rey philosophe aux inspirations catholiques et Kantiennes voit dans l’autocausation de cartésienne de Dieu, l’acte de naissance de la causalité immanente dont le principe va être étendu par Spinoza à l’univers en entier, il écrit dans Les origines cartésiennes du Dieu de Spinoza chez Vrin en 1950.

 

« Il faut bien considérer que Dieu agit comme une cause à l’égard de lui-même et qu’il réunit en lui, pour ainsi dire, le causant et le causé ; au sein de la divinité, par conséquent la causalité devient immanente, et, si le terme n’est pas employé par Descartes, il n’en correspond  pas moins à sa pensée. »

 

En fait dans le système cartésien il y a deux plans de réalisation : Dieu se réalise puis il réalise l’univers. Pas d’homogénéité il y a immanence et transcendance.

 

Chez Spinoza : « Il n’y a pas une autoposition indépendante de Dieu qui différerait de la position de l’Univers et Dieu n’est plus en somme que l’Univers se posant lui-même. »

 

On en arrive à une fusion Dieu et Univers, par élévation de la causa sui. Identification en une substance unique par Spinoza de Dieu et de la nature.

 

Spinoza étend la liberté de penser, de philosopher au-delà des limites religieuses, cette liberté favorise toute interprétation du concept de Grand Architecte. Il abolit les frontières entre la philosophie et la théologie. En perfectionnant le raisonnement, il ouvre peut-être une porte à la raison pour la compréhension du l’Un. Il apparaît comme rationaliste, comme l’était Plotin. Les deux démontrant qu’il est vain d’opposer la raison et le divin bien, l’Un bien. Ouvrant à chacun une possibilité de concevoir son Grand Architecte avec sa raison et son cœur.

 

Jean-François Guerry.

CAUSA SUI ET LE GRAND ARCHITECTE

ABONNEZ-VOUS EN DÉPOSANT UNE ADRESSE MAIL DANS LA FENÈTRE S’INSCRIRE A LA NEWSLETTER. (Gratuit)

 

 

Pour les Abonnés : Il est possible de recevoir gratuitement les textes des articles au format Word en écrivant à l’adresse suivante :

 

courrierlafmaucoeur@gmail.com

 

 

Info : le blog respecte la loi RGPD

 

www.lafrancmaconnerieaucoeur.com

 

 

DÉSABONNEMENT SUR SIMPLE DEMANDE SUR LE SITE OU À L’ADRESSE MAIL : courrierlafmaucoeur@gmail.com

 


Samedi 5 mars

Académie Maçonnique de Lyon





Franc-Maçonnerie :

Apport des philosophies

et religions


 
 
Ma Très Chère Sœur,
Mon Très Cher Frère,


Nous avons le plaisir de te transmettre les informations de l'Académie Maçonnique de Lyon qui organise le samedi 5 mars au Temple de la Croix Rousse, 19 rue Dumont d'Urville 69004 Lyon, une journée dont tu trouveras ci-dessous l'ensemble des détails.

Je me permets de rappeler que l'accès est gratuit pour les adhérents 2022 de l'Académie de Provence.


Tu trouveras en cliquant ici le bulletin d'inscription à renvoyer à l'Académie de Lyon.





 

Je profite de l'occasion pour te rappeler que les inscriptions pour les VIIes Rencontres de l'Académie de Provence se dérouleront le samedi 30 avril au Château Saint-Antoine à Marseille sur le thème
 
«Alchimie et Hermétisme»
 
Les conférenciers seront:
 

Françoise BONARDEL
Agrégée de Philosophie, Docteur d'État ès Lettres et Sciences
Professeur de philosophie des religions à la Sorbonne
de 1990 à 2010


«Un trépied fondateur :
Hermétisme, Gnose et Alchimie» 


André UGHETTO
Ancien professeur agrégé de lettres modernes, poète,
réalisateur

Projection de son court métrage (55') réalisé en 1984 et échanges

Mutus Liber, Tableaux pour Nicolas Flamel

 
 Jean-François BLONDEL 
Historien, spécialiste du Compagnonnage, auteur

«Alchimie des Cathédrales»

 
 Alain MUCCHIELLI
Médecin spécialiste Santé publique, Docteur d'État ès Sciences (Chimie-Biologie), auteur

«Parcours maçonnique, parcours alchimique»
 

 
L'adhésion annuelle de 35 € permet l'accès gratuit à l'ensemble de nos manifestations ainsi que les vidéos enregistrées des conférences.

 Les  frais de participation sont de 20 € (hors restauration) pour les non-adhérents de l'Académie Maçonnique.

Le repas (entrée, plat, fromage, dessert, café et boissons) sera servi en salle humide et le montant du triangle est de 18 €.



Merci de t'inscrire en cliquant ICI...

 
N'hésite pas à diffuser cette invitation à tous
les Frères et Sœurs Maîtres de ton entourage.

 
Salutations très fraternelles,
Alain Boccard
Président



PS: Les ouvrages coédités par les Éditions Ubik et l'Académie Maçonnique Provence 
sont toujours disponibles en cliquant ICI:


Maintenant disponible
Claire Reggio: Temple et lumière, une question d'orientation ?

Alain-Noël Dubart: La Franc-maçonnerie entre passé et avenir
Marc Halévy, Après la Modernité, quelle Franc-maçonnerie ?

Marc Halévy, Kabbale et Franc Maçonnerie.
Louis Trébuchet, Le désir des collines éternelles
Louis Trébuchet, Appel aux racines spirituelles du REAA
Jean-François Guerry, Exercices spirituels antiques et Franc-maçonnerie
Michel Fromaget, Corps, Âme, Esprit: Liberté, Vérité, Beauté
Solange Sudarskis, Il était une fois un mythe, Hiram


À paraître fin février :
Marc Halévy, Construire Dieu et le monde. 
 
 
 
 
 
Commenter cet article