BESTIAIRE MAÇONNIQUE OU PAS ?
La Franc-Maçonnerie a ses légendes, avec leurs personnages, son mythe fondateur est la construction du Temple de Salomon et son Grand Maître Architecte Hiram. Il est doux, bienveillant, mais ferme, expert dans l’art des métaux et leur transformation grâce à ses outils symboliques représentant les valeurs et les vertus morales qui enrichissent et élève l’homme. La main de l’architecte est guidée par un principe qui dépasse l’entendement humain, mais dont les maçons ont l’intuition. Cette intuition agit sur leur âme qui ouvre leur esprit. Ils ne prennent pas les mots pour des idées, ils accueillent en toute fraternité la diversité des opinions, pourvu qu’elles ne soient pas extrêmes, n’exclues pas mais rassemblent. Afin que la Franc-Maçonnerie soit fidèle à ses valeurs fondamentales et soit toujours un centre d’union fraternelle de tous les hommes de bonne volonté qui sont Frères. Nombreux sont ceux qui adhèrent à l’idée guidée par la raison d’un moteur premier qui mit en mouvement toutes choses, moteur qui élève leur esprit, guide leurs actions dans le monde. Mais un moteur, un principe qui ne les asservit pas, ne leur fait pas porter sine die la faute ancestrale originelle.
La Franc-Maçonnerie croit en l’homme et son potentiel de perfectionnement, qui lui permet de se métamorphoser, pourvu qu’il accepte de se connaître, de reconnaître sa part d’ombre et de lumière et de s’améliorer. La part, même infime de la lumière de ce moteur présente dans le cœur de chaque homme est son point d’Archimède pour poser le levier capable de soulever le monde. Cette petite lumière est aussi la petite part du libre arbitre, gouvernail qui peut se diriger vers le bien. Faut-il tuer Dieu le père pour réaliser son perfectionnement ? Pour naître, renaître, être vraiment ? Devenir ce que l’on est vraiment ? La question mérite au moins d’être posée.
Nietzsche a affirmé : « Dieu est mort ! » Comme une provocation, un constat face à la déchristianisation de la société et la perte des valeurs morales. Faut-il prendre cette affirmation au premier degré, ou comme une erreur ? Il l’a employé à trois reprises dans ses œuvres, la première fois dans « Le Gai Savoir », mais aussi dans « Ainsi parlait Zarathoustra ». Il se serait inspiré du Psaume 14 de la Bible en l’inversant : « L’homme sans dieu » : « L’insensé à dit en son cœur. « Non, plus de Dieu. » Ce psaume menace ceux qui ne respectent pas Yahvé ! Nietzsche « l’exploite » en quelque sorte, pour lui l’homme doit se libérer de l’emprise de Dieu, mourir à Dieu pour renaître à lui-même. En fait une lecture attentive démontre qu’il s’agit plutôt de se libérer des dogmes, pour vivre dans le réel. Nietzsche rejette le nihilisme, cette idéologie de la non croyance qui refuse toute contrainte. Nietzsche croît en la puissance et au devenir de l’homme. L’homme doit renoncer aux fausses idoles. On ne peut s’empêcher de penser à l’épisode de la Bible sur le Veau d’Or.
Nietzsche en fait demande à l’homme de prendre conscience de son potentiel de perfectionnement, pour éviter qu’il soit désespéré et soit tenté de remettre son destin entre les mains de Dieu sous le coup de l’angoisse et en corollaire par passivité de renoncer à ses devoirs vis-à-vis de lui-même et des autres. Ainsi l’homme de Nietzsche en refusant les dogmes des religions, prend son destin en main, il s’assume, il se gouverne, il est dans l’action. Il devient un homme de Devoir. Comment peut-il y parvenir ? C’est là qu’intervient la métaphore faisant intervenir un bestiaire symbolique. (Les Francs-maçons ont aussi des bestiaires symboliques cf. le tablier Maçonnique de Voltaire qui représente une Ruche comparée à sa Loge et les Abeilles à ses frères.)
Voici les trois métaphores ou métamorphoses de Nietzsche dans « Ainsi parlait Zarathoustra ». Qui se déclinent comme une charade dont le tout fait apparaître les mots Devoir et Responsabilité de l’homme. Ce qui n’empêche pas de penser que le principe créateur, peut rationnellement être considéré comme la première impulsion, le premier moteur ou tout autre nom que chacun peut lui donner.
Métaphores, métamorphoses :
Je vais vous dire trois métamorphoses de l’esprit…
1°) Le chameau est l’étape où nous portons sur notre dos l’ensemble des valeurs qui nous précèdent. Elles sont tellement intégrées à nos manières de faire que nous n’avons même pas conscience.
2°) Le Lion est l’étape où nous prenons conscience de ces valeurs et de leur héritage, le moment où nous les déconstruisons et cherchons à les détruire pour mieux reconstruire.
3°) Enfin, l’enfant est l’étape de l’innocence et de la nouveauté : des ruines des anciennes valeurs, nous devons faire émerger un monde nouveau plus puissant.
C’est donc notre responsabilité de construire les valeurs de demain, comment dès lors s’appuyer sur les valeurs morales d’hier, sur la tradition en vérifiant au présent leur caractère universel et non dogmatique ainsi on évitera de se perdre dans le labyrinthe de l’erreur en acceptant tous les préjugés.
Si l’on relit ces métaphores à travers le prisme de l’initiation maçonnique. La première peut correspondre au profane qui frappe à la porte du temple, plein de bonne volonté, mais qui est alourdit par le poids de ses préjugés, ses dogmes, ses certitudes. Conscient à la fois du trop-plein de ses encombrants et conscient qui lui manque quelque chose, il est à la recherche de la Vérité et de la Lumière. Il devra faire en silence, le vide en lui, pour pouvoir élever son esprit.
La deuxième métaphore, met en exergue la connaissance de soi, dans le silence et l’écoute de son cœur et des autres, sous la faible lumière de la lune, permet de discerner peu à peu la lumière du soleil, celle qui brûle et régénère, qui annonce la déconstruction et la reconstruction.
La troisième métaphore est celle de la renaissance et de la régénération de l’homme, qui réapparait plus radieux, après le passage de la mort symbolique nécessaire à son devenir.
C’est ce qu’écrivait le Frère Goethe dans son Divan occidental-oriental.
« Et tant que tu n’as pas compris ce : Meurs et deviens ! Tu n’es qu’un hôte obscur sur la terre ténébreuse. »
Goethe fût sans doute inspiré par le Poète Pindare qui dans Pythiques II- Vers 72. Écrivait : « Deviens qui tu es, quand tu l’auras appris… »
La méthode maçonnique et ses travaux, qui sont de véritables exercices spirituels, permet la concrétisation de ceux-ci en exercices existentiels. C’est une porte ouverte sur le réel qui nous rapproche du principe considérant que nous en détenons une part intimement. C’est une véritable métamorphose de l’être qui nous rappelle René Guénon et son ouvrage « les états multiples de l’être ».
Nous pouvons donc grâce à la puissance infinie qui siège dans notre être intérieur, qui nous permet d’explorer les contrées au-delà notre horizon habituel, découvrir à la recherche des mystères de la vie. Se rapprocher de l’absolu, en étant conscient humblement de ne pas pouvoir l’atteindre. Mais quel bonheur, de pouvoir le contempler même de loin.
Jean-François Guerry.
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