« FAIRE DE SA VIE UNE ŒUVRE D’ART »
Dans cette réflexion je m’adresse à tous ceux qui veulent dépasser leur moi pour aller vers leur soi en général et plus particulièrement aux pratiquants de l’Art Royal, car je pense en toute modestie et avec les plus grandes réserves que l’on ne soucie pas assez de son soi, et c’est un fait depuis l’antiquité.
Faire de sa vie une œuvre d’art, nécessite une forme d’ascèse spirituelle, ou au minimum la pratique d’exercices spirituels en vue de la conversion de soi à soi. Les exercices spirituels qui sont un concept de Pierre Hadot, qui donne une vision de la philosophie antique comme étant Théorie et Pratique. Ce concept a été repris par Michel Foucault dans ses derniers dits et écrits, mais avec une vision différente dans son Esthétique de l’existence. Je reviendrais sur ce qui différencie leur interprétation. Cette esthétique de Foucault n’est pas la production d’une beauté artistique, mais une tekhné au sens artisanal, peut-on voir une conjonction entre cette esthétique de Foucault et l’initiation maçonnique, ou plutôt les travaux maçonniques, le symbolisme de la construction, de la reconstruction de soi par soi. Le travail critique sur soi, permet-il de construire une œuvre d’art, de faire de soi-même une œuvre d’art, du moins plus humblement tenter de se sculpter, pour se trouver, se retrouver et trouver sa place dans la société ; sa place dans la société pour Foucault, sa place dans le cosmos pour Hadot.
L’esthétique de Foucault devient alors concrètement une éthique, les deux philosophes ont naturellement puisé dans leurs sources en étudiant les grecs.
Le but commun « être soi-même », comment par la pratique d’exercices spirituels, se gouverner. Le Franc-maçon dirait maîtriser ses passions, le préalable mieux se connaître, pour mieux s’appartenir et enfin mieux être. Pas dans un but essentiellement égotiste, mais en quelque sorte expérimenter sur soi, pour être en capacité de transmettre, pour mieux gouverner les autres dans la polis (la cité), faire que la vie soit plus belle, plus bonne, meilleure le souci de soi donc pas seulement pour soi, mais pour l’autre, les autres. C’est-à-dire pratiquer la Fraternité.
Si l’on a pu observer que la philosophie entre l’antiquité et nos jours, s’est peu à peu transformée en sciences humaines, sociales. Il semble que dans cette démarche alliant esthétique et éthique on revient à la pure philosophie naturelle, originaire, universelle comme le disait le Chevalier de Ramsay dans son célèbre discours qui est un des textes fondateurs de la Franc-maçonnerie. Un retour en quelque sorte de l’extériorité vers l’intériorité où plutôt de la reliance entre les deux ; on se rapproche là de l’œuvre de Emmanuel Levinas le philosophe de l’altérité et de sa relation entre le « Visage » l’extériorité et la construction de l’être intérieur, la liaison est faite entre esthétique et éthique, l’esthétique de l’existence, la sculpture de l’existence au moyen d’outils mis à notre portée (Les exercices spirituels) cela nous conduit à la réalisation d’une forme d’unité, il y a une fusion entre esthétique et éthique, j’imagine que les artistes, en particulier les peintres et les sculpteurs connaissent et vivent cette fusion.
Pratique et théorie entrent en résonance. Ce qui différencie Hadot de Foucault, c’est la transcendance extérieure perçue par Hadot qui insuffle la pratique spirituelle et l’ontologie pure de Foucault qui se rapproche ainsi de la pensée de Kant voyant la primauté, la liberté de l’homme, sans référence à un principe externe, la transcendance si elle existe est immanente, elle est dans l’homme.
Foucault voit une indifférenciation entre esthétique et éthique, force est de constater que notre société moderne où l’esthétique, le monde des apparences incite à une sculpture de soi uniquement pour satisfaire aux déesses « Célébrité » et « Matérialité » sonne le glas de l’éthique, cette aristocrate de la morale comme le dit André Comte Sponville.
Il reste cependant quelques îlots de résistance dans notre société ou l’on s’efforce, lentement de se sculpter pour tenter de faire de sa vie une œuvre d’art, pour pouvoir la placer modestement à l’extérieur ou à l’intérieur d’une cathédrale de lumière ouverte pour accueillir tous les hommes, la Franc-maçonnerie est un chemin vers cette cathédrale où s’unissent esthétique et éthique.
Jean-François Guerry.
À faire, À suivre...
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