SOMMES-NOUS QUE RAISONNABLES ?
Nous sommes parfois malgré notre âge, toujours comme des enfants qui ne savent ni lire ni écrire à peine épeler. Plongé dans les ténèbres de l’ignorance, à la recherche de la Lumière. Pourtant nous avons à portée de main les outils nécessaires, mais nous n’avons pas le mode d’emploi. Ce mode d’emploi, c’est notre raison, c’est du moins ce que pensaient les hommes des Lumières au premier rang desquels figure Emmanuel Kant le penseur de celles-ci. Il compléta les pensées de Moses Mendelssohn et Gotthold Ephraim Lessing, cette trilogie de penseurs allemands met fin à la scolastique, et la métaphysique devient avec eux une science de l’entendement pur et de la connaissance rationnelle. On peut même aller jusqu’à dire que la philosophie se transforme en sciences humaines. Les Lumières étaient nées, il nous en reste l’esprit. Cet esprit en germe à la Renaissance, n’émergea véritablement qu’au XVIIIème siècle, apogée de la pensée de la Franc-maçonnerie spéculative.
Kant fait le constat que l’homme dispose d’une raison qui lui permet d’avoir accès, de découvrir des vérités par lui-même, mais qu’il ne peut accéder pleinement à ces vérités que par un travail d’éducation et de formation sur lui-même qui doit prolonger par une volonté d’application au genre humain. Apprendre, à se connaître, connaître le monde et diffuser ses connaissances dans le monde, démarche d’intériorité et d’extériorité. Si l’homme n’entreprend pas ce travail, il demeure dans les ténèbres de l’ignorance et ne parviendra pas aux vérités spirituelles : il restera comme l’enfant qui ne sait ni lire ni écrire, l’enfant qui n’a ni les mots, ni les gestes et ne peut commencer son travail de perfectionnement.
« La révélation avait conduit sa raison, et maintenant la raison illuminait soudainement sa révélation. » Lessing de l’Éducation du genre humain.
Tout semble avoir commencé ainsi, j’ai aperçu le postulant qui errait dans les ténèbres… Je l’ai interrogé : Que cherchez-vous ? Que demandez-vous ? Il me répondit : La Lumière ? Je lui ai dis frappez et l’on vous ouvrira… À l’est trois coups ont résonnés, un homme a dit que la Lumière lui soit donnée.
Après chacun sa Lumière, chacun sa Vérité, pour certains la Raison est majeure elle n’a pas besoin d’une révélation extérieure, elle est en nous et peut se mettre d’elle-même en relation avec les Vérités spirituelles, elle prend son essor avec le levier de notre travail, de notre éducation. Kant magnifiera cette Raison qui fera l’objet en quelque sorte d’un culte, cela nous rappelle le culte de l’Être Suprême, de la déesse Raison. Preuve qu’il faut à l’homme un Dieu, des dieux, un principe, ce désir dépasse l’entendement, la raison, l’homme a besoin d’horizon.
Pour Mendelssohn les Lumières sont : « Le penser rationnel sur les choses de la vie humaine selon leur importance et influence sur la destination de l’homme. » Mendelssohn Sur la question : Que signifie éclairer ? Revue XVIIIème siècle Tome X page 28. Kant ne fit qu’amplifier cette pensée, il répondit à la question qu’est-ce que les Lumières ? « Les Lumières, c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. »
Cet état de tutelle est l’incapacité en quelque sorte de se servir de son entendement personnel, à juger par soi-même, c’est se soumettre à la conduite d’un autre. C’est pourquoi, il s’écria : « Sapere Aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières. »
La Franc-maçonnerie, ne demande pas autre chose à ses adeptes : travaille, écoute les autres et juge par toi-même selon ton propre entendement. Travailler, c’est faire chaque jour des exercices spirituels pour être plus apte à juger par soi-même, être capable d’être juste en toute circonstances.
« Prendre son vol chaque jour au moins un moment qui peut être bref, pourvu qu’il soit intense. Chaque jour pour un exercice spirituel seul ou en compagnie d’un homme qui veut lui aussi s’améliorer aimer tous les hommes libres, s’éterniser, s’améliorer en se dépassant. » Georges Friedmann La Puissance et la Sagesse.
L’initiation maçonnique, c’est donc une activité qui allie théorie et pratique, une activité spirituelle pour la recherche de la Lumière et la Vérité pour atteindre la Liberté de penser.
Penser par soi-même, libère l’homme lui donne sa pleine autonomie. L’homme est responsable seul, devant sa conscience, son tribunal intérieur.
Le Franc-maçon, prononce ses serments vis-à-vis de l’Ordre, de ses Frères, mais surtout vis-à-vis de lui-même et en toute liberté. Homme courageux et véritable, il sait que cette Liberté est à la fois privée individuelle, et collective. Il est responsable de son Frère. Une grande question reste en suspens d’où vient l’autonomie de notre conscience ? De notre seule raison, de la Raison ? Où un principe a-t-il généré cette conscience en nous ?
Jean-François Guerry.
AFFAIRE À SUIVRE…
RECENSION : DEUX SIÈCLES EN GRANDE LOGE DE FRANCE. Jean-Pierre Thomas.
Cahiers N°3 Grande Loge de France.
C’est un livre document officiel de la Grande Loge de France, que ce Cahier N°3. En avril 2022 était paru dans la même collection Les Grands Maîtres de la Grande Loge de France, du même auteur, cela forme donc un continuum, après les hommes l’institution. La préface est rédigée à deux mains par Pierre-Marie Adam, passé Grand Maître et Thierry Zavéroni Grand Maître en chaire, la postface est signée par Jacques Rozen l’actuel Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France.
Le but de l’ouvrage est bien sûr la connaissance de l’histoire de la Grande loge de France, trop souvent négligée selon ces deux derniers Grands Maîtres, le rappel des dates permet une préservation de la vérité historique. Les différentes appellations permettent de situer l’influence de l’obédience et son rayonnement dans les tourments liés à la politique, l’histoire de cette vénérable institution ne fut pas un long fleuve tranquille. J’ai retenu que la première réunion des loges écossistes sous le nom de Grande Loge de France a eu lieu en 1743 pour s’interrompre en 1799, la deuxième Grande Loge de France a vu le jour en 1804 et sa forme actuelle date de 1822. Cette datation est l’objet du premier chapitre. Le deuxième chapitre commence à l’an 1822 sous le titre : L’année 1822, Berceau de la Grande Loge de France. Ainsi va s’égrener l’histoire de la Grande loge de France en quatorze chapitres, le dernier chapitre clôt l’ouvrage sous le titre : Une seconde commémoration, le 110ème anniversaire de l’installation de la Grande Loge de France rue Puteaux, à Paris.
Que ce soit l’initié ou le profane ce livre très documenté, permettra de connaître et comprendre à la fois la vie de la Grande Loge de France mais aussi le paysage maçonnique français des deux derniers siècles. Un petit regret le manque d’illustrations. Les Lumières du passé, permettent de vivre le présent et d’envisager l’avenir.
Jean-François Guerry.
À LIRE : Jean-Pierre Thomas DEUX SIÈCLES EN GRANDE LOGE DE FRANCE. 1822-2022.
Éditions Numérilivre – www.numerilivre.fr Prix 24€ sur 217 pages.
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