LA MATURITÉ DE L’ÂME
La recherche de la Connaissance, de la Vérité, et de la Beauté est la préoccupation de celui qui a demandé la Lumière. Placé sur son chemin comment l’initié peut-il l’espérer ? Parce qu’il est libre de bonnes mœurs. Parce qu’en toutes circonstances, il préférera les Vertus aux vices, la Justice et l’Amour à la haine. Cette recherche suppose l’implication du ternaire Corps, Âme, Esprit. L’entrée de l’initiation se fait par le Corps, réveille l’Âme et sublime l’Esprit. Avant de subir l’initiation, il est posé la question : dans quelles dispositions est le profane ? En clair quel est son état d’esprit, est-il prêt à subir les épreuves initiatiques, son Corps et son Esprit seront bientôt sollicités, il lui faudra une Âme pure, capable de soutenir son Corps et son Esprit. Quel bonheur disait Plotin de pouvoir contempler cette Âme sortie de son corps, même pour un court instant. Personnellement, je pense qu’il vaut mieux renforcer le ternaire Corps, Âme, Esprit, c’est la recherche de l’harmonie.
Notre Corps est le premier sollicité lors de l’initiation, il ne pourra pas subir les épreuves sans les Forces de l’Âme et de l’Esprit. L’Âme de l’initié, dès le point du jour gravira les échelons qui mènent aux sommets pour atteindre la Beauté de la Vérité, quand elle atteindra le zénith en plein midi, là, où la Vérité illumine toute chose. L’Âme régénérée par le Feu Lumière redescend vers les hommes quand sonneront les douze coups de minuit, elle brillera même au plus profond des ténèbres jusqu’à minuit plein. À quoi sert d’avoir désiré et reçu la Lumière, si c’est pour être à nouveau plongé dans les ténèbres ? Parce que : « Quand la Lumière brille dans les ténèbres, alors on la perçoit. À quoi bon la Sagesse et la Lumière si les hommes n’en font usage ? C’est dans les ténèbres ou dans la peine que grandit le besoin de voir la Lumière. » (1)
C’est parce qu’il était dans les ténèbres que l’homme a désiré la Lumière. C’est parce que son Âme était endormie qu’elle s’est réveillée et a pris son essor. Le grain tombé en terre, ne se développe qu’avec l’air, l’eau et le feu du soleil.
« Ami où que tu en sois, de grâce n’en reste pas là ! Tu dois passer d’une lumière à une autre lumière. » (2)
Mettre son Âme sur le chemin pour qu’elle passe, d’une faible lumière, des ténèbres au point du jour, quelle se tourne comme le coq qui chante le retour de la lumière, le jour neuf tourné vers l’Orient, jusqu’à l’Orient éternel là où est la mystérieuse et Grande Lumière. Aller vers où la Grande Lumière commence à paraître, c’est aller vers soi-même, vers son Maître intérieur. C’est aller vers son Âme au centre de soi-même, « Celui qui s’est choisi le centre pour demeure embrasse d’un seul regard toute circonférence. » (3)
Quand l’esprit domine la matière il affirme la maturité et la souveraineté de l’Âme. Les yeux du corps brillent et l’œil du cœur brûle d’amour. Dans Phèdre Platon parle de l’Âme qui se régale de vérités. L’homme raisonnable de Platon reconnait la souveraineté de l’Âme, qui n’est pas seulement contemplation mais aussi action.
L’initié, à la recherche de la Connaissance guide son Âme dans la verte prairie de la Vérité, là, où, « provient précisément la pâture qui, on le sait, convient à ce qu’il y a dans l’Âme de plus profond, c’est de cela que se nourrit la nature de ce plumage d’ailes auquel l’Âme doit sa légèreté. » (4)
L’Âme ne s’élève pas avec des nourritures matérielles, mais avec des nourritures spirituelles qu’elle atteint sa maturité, la plénitude de l’harmonie, qu’elle approche la pureté. Les Âmes rassasiées de nourritures célestes fortifiées, elles peuvent s’élever vers les hautes sphères de la spiritualité là, où l’Âme est en paix.
Jean-François Guerry.