ORACLES
Rien de trop.
Connais-toi toi-même
Faire de l’homme la mesure de toute chose.
‘ Rien de trop’. C’est au centre géographique du monde Grec que résonna cet oracle, à Delphes, sur le côté aride du Mont Parnasse à quelques 600 mètres d’altitude, là se trouve le sanctuaire d’Apollon lieu de résidence des Pythies.
Selon la légende le dieu Apollon terrassa d’une flèche le serpent qui voulait le tuer et il le laissa pourrir sur place. De la purification de ce serpent naquit un nouveau monde. Des hauteurs du Mont Parnasse Apollon vit arriver un bateau venant de Crète rempli de soldats, il prit alors l’apparence d’un dauphin, Delphes était née et pris son expansion. Un temple fut construit et par six fois détruit et reconstruit, selon les habitants il était emprunt d’une haute valeur mystique et religieuse, je rajouterais sans doute aussi de haute valeur spirituelle. Ce qui ne tarda pas à faire venir sept sages, nombre symbolique s’il en est. L’un d’eux portait le nom de Thalès il venait de Milet berceau de la philosophie antique. (Il est probable vu la proximité entre Milet et l’île de Samos que Pythagore rencontra Thalès plus âgé que lui.) Ces sages furent vénérés et l’on écoutait leurs maximes, ces maximes qui inspirèrent les oracles des Pythies. Ces oracles nous ont été transmis par les philosophes de l’antiquité et inspirent toujours nos pensées et nos actions. Comme le Connais-toi toi-même… adopté par Socrate, ou encore le Rien de trop, symbolisant la recherche de l’harmonie qui mène à la Sagesse. On trouvait aussi gravé sur le Temple de Delphes une grande lettre « E »(epsilon) dont la signification est complexe, cinquième lettre de l’alphabet grec précédé par delta. Si le delta représente la lumière du sacré le macrocosme l’univers, epsilon pourrait être compris comme le microcosme le nombre de l’homme dans l’étoile flamboyante. L’on trouvait aussi à Delphes l’inscription « tu es », comme le symbole d’un homme neuf, vrai, spirituel.
Bien sûr toutes ces similitudes avec l’enseignement et le symbolisme maçonnique sont le pur fait du hasard ! Ne voyez pas dans le Temple de Delphes, celui du Roi Salomon et son sanctuaire. Ne voyez pas dans le serpent tuer par Apollon, une quelconque ressemblance avec le serpent de l’Eden ou l’hydre à trois têtes du 19ème degré du R E A A symbolisant les erreurs et les superstitions, ou encore le serpent d’airain du 25ème degré symbolisant la joie de la guérison. Ne voyez pas non plus dans le connais-toi toi-même une quelconque ressemblance avec l’acronyme alchimique V I T R I O L, ni encore avec le tu es, la renaissance d’un homme nouveau, d’un compagnon flamboyant au nombre symbolique de cinq. Tout cela n’est que syncrétisme, mirage de votre imagination, tout cela n’a aucun rapport avec ce Miracle Grec qui sera évoqué bien plus tard pour la première fois par Ernest Renan dans sa jeunesse, peut être était il sensible aux contes. Ou alors il y a un soupçon, juste un soupçon de correspondances. Dans la galerie des personnages liés au Temple de Delphes l’on trouve aussi un certain Pindare de Cynoscéphales qui aurais dit, allez savoir pourquoi, « meurs et deviens ce que tu es », que le Frère Goethe un autre poète s’est empressé de reprendre quelques siècles plus tard dans son Divan Occidental (Stirb und werde), sans aucun doute en tournant son regard vers les collines éternelles ou le feu lumière du soleil réapparait chaque jour à l’est. Autre bizarrerie dans le vestibule du Temple de Delphes brûlait en permanence un feu sacré, feu éternel dédié à Hestia la déesse du foyer, une lumière éternelle en quelque sorte qui brillait dans le cœur des hommes, sans aucune analogie non plus avec celle qui brille sur le plateau du Vénérable Maître dans les loges maçonniques.
Les postulants à la Lumière se rendait au Temple de Delphes pour écouter les conseils des Pythies, qui parait-il étaient sous terre du moins les pieds posés sur la terre, et la tête levée vers le ciel, comme dans une voûte. Une sorte de cabinet de réflexion, qui dit-on était placé sous la chaire du Vénérable maître dans certaines loges maçonniques, au-dessous du sanctuaire ; sans doute une erreur dans les plans de l’architecte du temple ? Les Pythies qui délivraient leurs oracles étaient inspirées parait-il grâce aux effluves des forces telluriques, le Temple de Delphes d’après les géologues serait situé sur une faille géologique, ça sent le soufre comme celui présent dans le cabinet de réflexion ! L’on rapporte aussi, que les postulants qui voulaient écouter et recevoir les oracles des Pythies devaient au préalable êtres purifiés par l’eau de la fontaine de Castalie, sur les pentes du Mont Parnasse. Quant à la Pythie bien que vénérée elle n’était pas couverte avec le laurier et l’olivier comme certains maçons récompensés pour leur zèle et leur persévérance, mais elle mâchait des feuilles de laurier l’arbre d’Apollon, cette mastication lui servait sans doute à maitriser ses paroles, à rester mesurée dans ses propos, cela lui faisait sans doute le même effet qu’une main portée sur la gorge.
Autre particularité le Temple de Delphes fût détruit six fois quand même ! Plus que celui du Roi Salomon, ce qui ne l’empêcha pas d’être reconnu comme un lieu sacré, un lieu de Sagesse, centre du Monde Grec, comme le Temple du Roi Salomon érigé dans la ville trois religions monothéistes. Ces centres de Sagesse peuvent revendiquer « le rien de trop ». Les esprits chagrins me diront avec justesse que le Roi Salomon n’a pas été toujours un parangon de Sagesse, il en a d’ailleurs assumé lui et son peuple les conséquences, après tout il n’était aussi qu’un homme. L’homme moderne a éprouvé le besoin de réhabilité le Temple de Delphes, preuve que les préceptes de la Sagesse antique demeurent toujours présents dans nos vies en général et dans la pratique maçonnique en particulier. « Le rien de trop » fait toujours partie de ‘l’instruction maçonnique’ qui incite les Sœurs et les Frères à maitriser leurs passions pour faire toujours de nouveaux progrès en maçonnerie et dans la vie. Si l’on admet comme Protagoras que : « L’homme est la mesure de toute chose. » Nous avons l’obligation d’être des hommes raisonnables. Suivant ainsi la pensée philosophique de Platon ainsi que celle de Kant le philosophe des Lumières, dont les rédacteurs des rituels maçonniques n’ont pas manqué de s’inspirer. Le culte de la Raison, la foi en la Raison est la foi en l’homme en sa capacité de s’améliorer s’il en a la volonté. Les sept sages qui vinrent à Delphes ne s’y sont pas trompés, ils ont repris cette formule de l’homme mesure de toute chose chacun à leur manière, l’enrichissant de leurs différences, comme le font les Sœurs et les Frères dans leurs travaux de loge. Ainsi Cléobule de Lindos a dit : « La mesure est la meilleure des choses », Solon d’Athènes : « rien de trop et prend raison comme guide », Pittacos de Mytilène : « Aime l’instruction, la modération, la prudence », Thalès de Milet : « Fait preuve de mesure », même Périandre le tyran de Corinthe qui malgré sa dureté, fût compté parmi les sages a dit : « la témérité est dangereuse », témérité n’étant pas courage. Bien plus tard Aristote de Stagire, le meilleur élève de Platon, dans son Éthique à Nicomaque fera l’éloge de la médiété la vertu classique de la Grèce antique, cette recherche de l’équilibre harmonieux qui apaise l’âme, la catharsis inverse de l’hubris que les grecs craignaient par-dessus tout, cet ego démesuré que combattent les Francs-maçons tout au long de leur parcours initiatique jusqu’à la porte de l’éternel Orient. Cette médiété d’Aristote, est la voie du centre, la voie du milieu, elle a sa chambre de travail entre l’équerre et le compas, l’endroit où se trouve les Maîtres Maçons. Ceux qui ont fait le serment de défendre la justice, d’être dans la justesse, de renoncer à la vengeance et à la haine pour ne pas souffrir, ils pratiquent le rien de trop.
Ce rien de trop, qui semble tombé en désuétude dans notre société moderne qui a été transformé en toujours plus, bien sûr on ne peut pas être dans le c’était mieux avant, contre tous les progrès techniques qui ont améliorés la vie pratique de l’homme, mais l’on peut regretter le manque de Sacré et de spiritualité de notre société. Nos excès vis-à-vis de la nature, des animaux, des hommes faibles et pauvres, de nos anciens que l’on relègue dans des maisons non de retraite, mais de retrait loin de nos yeux. L’on ne peut que regretter l’expansion des ismes de toutes sortes religieux et politiques, issus de nos passivités et de nos faiblesses ; de nos individualismes, qui isolent, fracturent, clivent, « archipélisent » les hommes pour reprendre ce mot à la mode qui m’attriste maintenant. Avant je voyais dans les archipels des chapelets d’îles entourées d’eaux pures et translucides dont la beauté rivalisait avec le bleu de l’azur, des lieux calmes où des femmes et des hommes simples vivaient des jours heureux en communion avec la nature, ne prélevant rien de trop, juste ce qu’il faut, comme il faut.
Vraiment sommes-nous raisonnables, quand nous faisons toujours pencher le fléau de la balance vers la guerre, les excès, quand nous construisons toujours des tours de Babel dans des déserts d’humanité où règne les lois des plus forts, des plus riches, adorateurs des veaux d’or et des idoles humaines. Sommes incapables de nous éclairer aux lumières du passé ; que nous « cancelisons ». Notre nouveau terrain de jeu est la destruction, la négation, des traditions, des symboles universels sous prétexte qu’ils ont été dévoyés dans le temps ou l’espace, par les ismes des religions ou politiques ou des pratiques regrettables du passé. Nous refusons l’étude et l’enseignements des faits religieux, et laissons place ainsi aux propagateurs de haine.
Ainsi, chaque fin d’année revient une querelle dérisoire sur la représentation de la naissance d’un humble enfant dans une étable, qui symbolise : l’innocence, la pureté d’une nouvelle vie et l’espérance du genre humain. Sommes-nous à ce point incultes et faibles d’esprit au point de prendre à la lettre les légendes des volumes de la loi sacré, et de ne pas y voir simplement les vertus des symboles, sommes-nous incapables de discerner la foi religieuse et la foi en l’homme, devons-nous toujours affubler la spiritualité d’adjectifs, sans pouvoir penser à une spiritualité pure ? La simple image d’un nouveau-né, met tel en péril notre république, cet enfant est-il responsable de tous les massacres des hommes. C’est peut-être lui accordé un peu trop de crédit ou de responsabilité dans notre monde moderne, c’est peut-être manquer de mesure et fuir nos responsabilités, mais depuis la nuit des temps bien avant cette naissance du plus humble de tous et sa loi d’amour, l’homme qui fuit ses responsabilités cherche des boucs émissaires, quand il refuse d’être le gardien de ses Frères.
Jean-François Guerry.
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