RÉFLEXION : Analogies entre le Pérennialisme et la Franc-Maçonnerie. Part V-
Notre recherche des analogies entre le Pérennialisme et la Franc-Maçonnerie nous mène à observer les pratiques communes qui les caractérisent. Parmi celle-ci la purification de l’être qui peut aller jusqu’au sacrifice forme ultime du don, le don de soi. Ce sacrifice est scellé par une succession d’engagements de serments donnés en présence du G A D L U, de ses Sœurs, de ses Frères mais surtout de soi-même. Nous faisons alliance avec les hommes, et le principe créateur et acceptons les pénalités si nous devions renoncer à nos serments et nos alliances en devenant parjures.
Le don, le sacrifice est un acte de compensation, il apaise nos transgressions avec l’ordre moral, le péché cosmique ou encore une transgression existentielle. Ce sacrifice consenti, affirmé est présent dans les rites d’initiations et leurs rituels ; la Franc-Maçonnerie n’y échappe pas dès les premiers symboliques les serments sont assortis de pénalités en cas de rupture existentielle : gorge tranchée, cœur arraché donné en pâture aux rapaces, jusqu’à l’exigence de la mort plutôt que la trahison des secrets, de la parole donnée. « Plutôt la mort que la trahison ». Cet engagement le Franc-Maçon le partage avec les chevaliers, il est un Chevalier de l’Esprit qui élève l’homme vers son principe créateur.
Frithjof Schuon écrit : « Le sacrifice est comme une mort volontaire et symbolique dans le cadre de la vie : tout ce qui existe vibre entre le Principe, qui se situe au-delà de l’existence qu’il détermine, et manifestation qui au contraire, tend vers l’existence totale sans jamais pouvoir la réaliser d’ailleurs puisque seul le principe est entièrement « soi-même ».
Néanmoins cette inclinaison au don de soi, au sacrifice permet une réintégration partielle dans l’unité du principe, c’est du moins ce souhait que l’on peut qualifier d’espérance. L’on voit dès lors l’importance de la trinité des vertus théologales et leur association Foi-Charité-Espérance, qui caractérisent le Chevalier de l’Esprit.
Le sacrifice spécificité de l’homme au sein du monde terrestre, en ce qu’il peut consciemment se purifier des taches de son existence. L’on peut lire, dans Satapatha brãhmana texte religieux de l’Inde antique : « L’homme est le seul animal qui sacrifie ». Le sacrifice est alors une part restituée au créateur de son don, de ce qu’il nous a donné. L’aumône, le don, le sacrifice sont présents dans toutes les traditions et les religions. Les hindous, les juifs, les musulmans font des offrandes à leur créateur. Les chrétiens célèbrent le sacrifice du plus humble de tous et de sa loi d’amour. En Franc-Maçonnerie l’on s’engage aussi à faire des dons, « êtes-vous prêt à donner votre vie… ». Dans le rituel du 1er degré du Rite Français on pratique sur le profane, la saignée symbolique. On ne peut s’empêcher au-delà de la nécessité médicale du don du sang, à sa symbolique même chez les adolescents qui veulent sceller leur amitié, « à la vie ! à la mort ! ».
Les sociétés modernes ont substitué les sacrifices humains, par les sacrifices des animaux. Dans les religions monothéistes l’on trouve le sacrifice du mouton, mais aussi le sacrifice conscient de l’homme dieu dans le christianisme.
Frithjof Schuon écrit : « Le sacrifice du christ est ce qui permet aux chrétiens d’abattre des animaux sans les sacrifier, le christ contenant par sa divinité toute manifestation… celui-ci synthétisant en lui-même par sa divinité, la totalité des êtres… »
Néanmoins la pratique du sacrifice peut se dégrader, dévier. Cela nous rappelle l’épisode biblique du « veau d’or ».
Frithjof Schuon explique : « Là où la spiritualité s’est assombrie, le sacrifice ne s’adresse plus à la Divinité, mais à une entité psychique créée et entretenue par l’adoration collective qui, elle aussi, n’est que psychique… » On comprend dès lors le 4ème degré du R\E\A\A ou les Frères sont des Lévites qui ont su rester fidèle, garder le secret, être obéissant et persévérer pouvant ainsi se glorifier.
Frithjof Schuon complète : « Lorsque les influences divines se sont retirées d’un culte religieux, et que cette entité psychique subsiste seule, abandonnée à elle-même et à ses serviteurs ignorants et d’autant plus passionnés-, elle devient un véritable monstre et sert d’habitation aux influences ténébreuses ; c’est ce qui explique qu’on a pu voir des apparitions hideuses s’échapper d’idoles brisées. » (L’attribut « seule » mérite d’être souligné).
Ce qui peut expliquer, que pour pénétrer « les hautes régions de la Connaissance Spirituelle », il convient « de ne point forger d’idoles humaines pour agir aveuglément sous leur impulsion », et que « nous ne devons pas profanez le mot de Vérité en l’accordant aux conceptions humaines ».
Si l’homme dans le secret de son cœur, est capable d’écouter son Maître intérieur. Il pourra aborder avec joie ce don ultime, le sacrifice encouragé par la Foi, guidé par la Charité, et soutenu par l’Espérance.
Frithjof Schuon conclu ainsi sur le sacrifice : « La forme suprême, celle dont toutes les autres ne sont que des reflets ou des anticipations se situe sur le plan intérieur. C’est pour « perdre sa vie », (…) que l’homme se sacrifie lui-même- ou plutôt pour la retrouver dans l’immuable qui est au-delà des alternances cosmiques. » Si l’on retrouve le sacrifice dans de nombreuses traditions et religions, on le retrouve aussi en Franc-Maçonnerie au 3èmedegré, puis au 18ème degré. Est-ce un invariant nécessaire à la progression initiatique, un passage obligé pérenne à de toutes les traditions ? Le Franc-Maçon, voyage t’il depuis le 3ème degré sous les ailes du Phénix et du Pélican, le sacrifice du Maître est-il incontournable pour démontrer que l’Acacia ne meurt jamais ? Le sacrifice est-il nécessaire pour retrouver la parole perdue ? Le sacrifice marque t’il toujours la fin et le début d’un cycle initiatique ? Le sacrifice ouvre t’il la porte de la Connaissance, cette porte d’où l’on peut contempler le nom divin ? Est-ce par hasard que le Franc-Maçon s’exclame à plusieurs reprises par ces mots Ah seigneur mon Dieu ! Ô mon Dieu ! Le sacrifice permet-il de sortir définitivement de la matérialité, de réaliser le désir de la contemplation de l’Un du Divin ? C’est paraît-il à la porte de l’Orient que l’on connaitra l’ultime initiation que les profanes appellent la mort. La polysémie des mots, des symboles, qui peuplent les rituels initiatiques se rejoignent-ils dans une tradition unique, primordiale qui efface le temps et l’espace ? Dans les Vertus et l’Amour Vladimir Jankélévitch écrit à propos de celui qui se sacrifie : « Il donne ce qui en aucun cas ne lui sera rendu et jamais ne sera remplacé. » C’est bien sûr la preuve ultime de l’Amour pour les autres. Comme il n’y a définitivement pas de hasard ou si peu, l’on peut en conclure que toutes les traditions sont nées d’une tradition unique et pérenne.
Jean-François Guerry.
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