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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Thierry Didier
LUCIFER : LE BILLET DE Thierry Didier - Part II

Lucifer est le symbole même de l’idée devenu, par sa chute et au regard de certains, une idole. Car Lucifer n’apparaît pas nocif par lui-même, c’est sa chute qui conditionnera sa nuisibilité. La chute de Lucifer sera d’autant plus violente qu’il occupa jadis une place élevée au sein de la hiérarchie céleste, puisqu’il fut considéré comme le « premier né de Dieu », s'appelant alors Lucifer-Satanael. Cette préséance de Lucifer s’apparente au statut de l’idée, fondatrice et que rien ne précède. La chute morale de Lucifer, pour cause de rébellion supposée, va conditionner sa déchéance, et ouvrir selon la dimension chrétienne à son côté maléfique, diabolique, par mimétisme avec le monde tangible tel qu’il est décrit dans la religion chrétienne d’après le 7ème siècle. Lucifer est une sorte de veau d’Or, « constitué en fondant les pendants d’oreille, les bracelets et les colliers en or qu’ils avaient emportés avec eux » (Ex. 32 :1-14)   en ce sens que furent détournés les ornements portés par les hébreux. Tout comme Lucifer ne fut discrédité que par sa chute, ce ne sont pas en substance les bijoux des hébreux qui portent leur déchéance, mais leur fonte en une nouvelle forme idolâtre, le Veau d’Or : Une sentence du rituel du 4ème degré nous dit : « Ne prenez pas les mots pour des idées ». Tout comme Lucifer, le « porteur de lumière », l’or est le « matériau » de départ il est assimilable en tant que tel, au mot de la sentence. L’or, comme le mot, sont des objets « fusibles », « ductiles » , dont la substance originelle n’est pas remise en question, seule leur conformation finale portera les appendices de l’idolâtrie, et donc du malheur individuel et collectif des hébreux. Comme tout phare symbolique, Lucifer est un révélateur et un avatar, c’est-à-dire une figure qui porte une signification différente, selon la mentalité, la période ou la civilisation considérée. Lucifer est de ce tonneau, et nous dit quelque chose de la civilisation qui le porte. Même dans certains groupes gnostiques, malgré l'identification de Satan avec Lucifer par les docteurs de l'Église, Lucifer était considéré par ceux-ci comme une force divine et vénérée, comme un messager du Dieu réel et inimaginable.

Pour les Cathares, Lucifer était, avec Jésus, la première émanation du Dieu suprême. Un glissement, entre 4ème et 7ème siècle, accorde à Lucifer, en plus du sens de « porteur de lumière », celui de « qui produit la vérité ». Il est intéressant de constater que dans les religions polythéistes grecque et romaine, chez lesquelles la diversité ne se fonde pas sur une « inculpation originelle » de l’être humain mais sur un collège de déités, Lucifer sera perçu comme cet ange « porteur de lumière ». Si Bien et Mal existent dans ces civilisations antiques, ils apparaissent néanmoins « dilués », relativisés car partagés entre nombre de divinités, amenuisant par conséquent la puissance ontologique de chacune des facettes dudit divin, et évitant le phénomène massif de la « Chute » et de la confrontation violente entre un Dieu alors unique et les hommes. L’Eden n'est pas un monde parfait où tout serait merveilleux, c'est simplement le monde de la potentialité totale, il est à cet égard indéfini, injugeable et inexploitable en l'état : seule la Chute, provoquée par le péché originel permettra de le discerner. L’’Eden fut loué à l’excès par l’Eglise apostolique, ce qui, par une évidente transitivité, condamna à l’excès le monde manifesté, entrainant à suite cortège de malheurs, de péchés et de rédemption potentielle. Lorsque Adam croque la pomme, il chute donc depuis le monde des idées dans celui de la vie matérielle. Cette chute n'en est une que sur le plan religieux. On peut ainsi très bien imaginer qu'initiatiquement il s'agisse d’un progrès, car cette Connaissance nouvelle est en fait le moyen d'acquérir l'initiation, c'est à dire de reproduire ici-bas des principes qui n'existaient jusque-là que dans l’Éden, monde où tout est contenu, mais rien n'est exprimé. Cette chute est d'une violence incroyable, violence nécessaire qui représente l'énergie que dégage le passage d'un monde indifférencié, l’Eden, au monde tangible, structuré que nous connaissons, où s’exercent les forces unificatrices de l'Existence. Cette sorte d'explosion de la vie serait fatale si elle ne devait s'exercer que sur un seul individu : c’est peut-être pourquoi Lucifer n’a, d’une certaine façon, pas le choix : il sera le fusible, le paradigme, l’étendard voué à la disjonction, à assumer l’énergie déployée par un feu qualifié de satanique, eu égard à la violence de son unilatéralité. Contrairement à Seth, enfant d’Adam et Eve, à la suite duquel une chaîne de 9 patriarches, jusqu’à Noé, qui va être poursuivie durant des centaines d'années permettront de « refroidir », à la façon du Big Bang, l'énergie dégagée par la Chute originelle... À SUIVRE

Thierry Didier.

Note : pour une compréhension meilleure l'article vous sera proposé en intégralité 

LUCIFER : LE BILLET DE Thierry Didier - Part II
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