LUCIFER DE LA LUMIÈRE AUX TÉNÉBRES OU DES TÉNÈBRES À LA LUMIÈRE.
Lucifer symbolise le plus souvent la chute de la Lumière. Mais aussi la première planète lumineuse, Vénus l’étoile du matin, la lueur de l’aube. Le point du jour, le moment où la grande lumière commence à paraître. Ce cours et modeste texte, précède le billet de Thierry Didier sur Lucifer dont la densité est telle qu’il fera l’objet de deux ou trois articles.
Dans Isaïe 14, 12 Fin de l’exil, La mort du Roi de Babylone, nous pouvons lire : « comment es-tu tombé du ciel, étoile du matin, fils de l’aurore ? (…) 15 Mais tu as été précipité au Shéol, dans les profondeurs de l’abîme.
Aurélius Prendentius Clemens appelé Prudence, le poète romain né en Espagne du temps où Rome éclairait le monde, à écrit dans son Cathemerionon liber au service de la religion chrétienne, chante l’étoile miraculeuse qui guida les mages, ainsi : …les autres astres lui cédèrent, et Lucifer malgré sa beauté, n’osa pas à elle comparer son éclat.
Le poème suggère une lutte de deux lumières ou la lutte future entre les ténèbres et la Lumière. La lutte de Lucifer étoile très lumineuse, la première lueur de l’aube et l’autre l’étoile de la nativité qui annonce Jésus. Est-ce Lumière sur lumière, ou Lumière contre lumières ? Lumière éternelle qui brille dans le cabinet de réflexion ou annonce du renouveau de la Lumière par le coq tourné vers l’est qui s’apprête à chanter. Si Lucifer personnifie la Beauté, Jésus est-il la Force qui construit avec Sagesse et Amour ?
Les grecs chantaient déjà l’étoile du berger, l’étoile du matin : par le coq réveillé, Lucifer délivre t’il le ciel des ténèbres ?
Lucifer est-il cette lumière qui brille trop d’un éclat trompeur, l’hubris de la lumière, cette lumière artificielle aveuglante, insupportable ? L’on pense aux chercheurs de lumière débordés par leur ambition, comme Icare le fils de Dédale l’architecte qui voulant sortir du labyrinthe de Knossos, enivré par la vanité et l’ambition s’approche trop près de la Grande Lumière et se brûle les ailes. Il chute, comme chuta Nabuchodonosor, Attar, Phaëton, Hêlel… Ce thème de la montée rapide, est récurrent dans les destinées humaines. L’on peut lire dans Ézéchiel contre le Roi de Tyr : Fils d’homme, dis au Prince de Tyr : Ainsi parle le seigneur Yahvé. Parce que ton cœur s’est enorgueilli, tu as dit : Je suis un dieu, j’habite une demeure divine, au cœur de la mer. Alors que tu es un homme et non un dieu.
L’arrogance orgueilleuse, l’ambition, et le fanatisme ces trois mauvais compagnons sont toujours à combattre.
L’on peut faire une analogie entre la Vision d’Ézéchiel et l’Apocalypse de Jean.
Le prophète le plus humble montant au Mont Calvaire selon Luc aurait dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair. (…) rien ne pourra vous nuire.
Alors que l’ancien testament, (voir Isaïe et Ézéchiel) considérait Lucifer avant sa chute comme un parangon de la lumière. Le nouveau testament avec Jésus, comme le rapporte la première épitre de Jean condamne Lucifer, un sujet qui fait débat Lucifer est-il antérieur ou postérieur à la venue de Jésus ? Des ténèbres à la Lumière, ou de la Lumière aux ténèbres, ou les deux ?
Thierry Didier dans son billet va nous donner un éclairage sur Lucifer.
Bonne lecture.
Jean-François Guerry.
LUCIFER
Initiation signifie étymologiquement commencement, et la recherche initiatique comprend symboliquement un nombre indéfini de ces commencements : c’est ce qui rend cette recherche difficile, car il est toujours compliqué de débuter une tache, quelle qu’elle soit. Compliqué aussi car l’initié doit s’adapter à chaque fois à un nouveau contexte, à jamais réitéré. Certes, dans l’absolu, le déroulé d’un contexte particulier survient et évolue lentement, car, comme le dit Leibniz, « La Nature ne fait pas de sauts » et le brassage des évènements qui feront le futur ne sont que la fusion douce du passé et du présent. Il n’en demeure pas moins qu’il y aura chez l’initié autant de commencements que de directions potentielles et de chemins choisis, que ces décisions s’entendent sur un plan philosophique ou sur un plan purement pragmatique. A chacun de ces commencements s’ouvriront pour le franc-maçon 2 voies possibles, dont l’appréhension qualifie les 2 grands domaines de la pensée, celui de l’ésotérique et celui de l’exotérique. L’exotérisme regroupera tout ce qui est directement visible à notre entendement ; l’ésotérisme tout ce qui apparaît caché, au moins un temps : l’ésotérisme crée une marge, un sous-texte, où sera déposé tout ce qui semble occulté à notre compréhension. Il stockera cet impensé, en le relarguant dans la conscience ouverte au rythme permis par notre intellect et par les évènements. En fait, si une part de la réalité des choses nous est masquée, c’est parce que nous ne possédons pas la latitude à toutes les percevoir d’emblée : leur division artificielle en 2 versants, mimétique de notre fonctionnement binaire, s’avèrera alors utile et nécessaire.
L’instauration de cette double voie, exotérique et ésotérique, correspondra à cette partition sur laquelle s’appuyer pour créer, par des allers-retours incessants, des biais qu’on nommera du terme générique de « pensée ternaire ». Cette adaptation permanente permettra de recréer à partir d’une vision ou d’un raisonnement discursif une unité « tiers » ; c’est le classique : « 1+1=3 ». On parlera alors de tri-unité, voire de trinité, même si ce dernier terme est connoté. Cependant, cette pensée, même si elle améliore notre éventail spirituel et intellectuel, n’est pas la panacée, elle a les limites du biais, qui choisit et isole en permanence, mais à une vitesse qui n’autorise pas la prise en compte holistique des éléments. La pensée ternaire est un biais cognitif qui prélève, trie, et oriente, et qui a donc les travers liés à cette sélectivité. Car la pensée ternaire est un échafaudage de la pensée et de l’idée, elle est donc viatique et vecteur de cette pensée, mais son soutien reste fragile, l’échafaudage étant par principe une construction éphémère, annexe, parallèle, toujours plus fragile que la réalité déclarée sur laquelle il s’appuie. Conséquemment, la pensée ternaire peut être mise en porte-à-faux lorsqu’elle s’attachera à traiter des thèmes ou des personnages ambigus, qui vont aller puiser dans ces 2 mondes que nous avons définis, pouvant en brouiller le message : ce sera, nous le verrons, le cas pour Lucifer et pour ce qu’il nous dira du mécanisme de l’idolâtrie. Car, je le répète, l’humain ne perçoit les choses qu’à partir de son mode dual, profondément, et ontologiquement contenu en lui : notre cœur bat ou se repose, notre respiration est faite d’une succession d’inspirations et d’expirations, et nous nous situons toujours, dans un environnement physique comme intellectuel, par le biais de l’analogie, de la comparaison à autrui, de l’analyse par des ratios, des rapports, et par des perspectives, qu’elles soient mentales ou graphiques. Un adage alchimique ne nous dit-il pas : « l’analogie est l’unique clé de la Nature » ? Même la Bible, qui est le reflet culturel et légendaire de notre civilisation se plie à cette contrainte, en illustrant cette forme de ternaire théologique constitué du Paradis, sorte de potentialité indifférenciée, du monde sensible, et de ce qui lie ces 2 occurrences, à savoir la Chute adamique, qui est donc ici le tiers inclus :Gen.3,16 : « Il dit à la femme: J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur,[…] Il dit à l'homme: C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie ».Qu’on soit croyant ou pas, ce glissement ontologique va conditionner tout notre positionnement futur, il faudra faire avec. Ça ne posera pas de problèmes majeurs au croyant, qui entérinera ce glissement comme une variable incontournable de sa foi. Ça inquiétera encore moins l’athée, qui estimera vivre dans un monde tangible et unique, seule référence possible à l’existence. Seul quelque part le franc-maçon, et sans doute l’initié en général devront s’y adapter, car leur pondération naturelle les verra se colleter à des écueils d’autant plus importants que leur recherche sera plus exigeante. Ce cheminement de pensée est relativement simple à appliquer, s’il s’adresse à des concepts programmés comme tels, inclus dans ce programme didactique que constituent rite et rituel des 3 degrés symboliques. Cette dualité pourra alors être ou fonctionnelle, ou structurelle, ou bien les 2. Fonctionnelle avec l’outil, par exemple, qui est le supplétif de la main ou de l’intellect de l’homme, et qui ne connait que 2 états, actif ou passif. Structurelle également, lorsqu’elle s’attachera à des couples de signifiants bien identifiés : les 2 couleurs du Pavé Mosaïque, les 2 luminaires, les 2 grenades, les 2 colonnes, etc…
La combinaison de ces 2 fonctions, structurelle et fonctionnelle constituera ce que l’on appelle en loge symbolique la construction, opérative quand il s’agira de la main, et spéculative lorsqu’il s’agira de l’intellect.Nous serons là en terrain connu, pour apprendre et nous rendre aptes ensuite à nous confronter à des cas de figures où la frontière sera plus floue, nous le verrons avec le phénomène sectaire. Ce qu’il y a d’intéressant avec la pensée ternaire, c’est qu’elle est plastique : on peut l’appliquer à différents niveaux, le produit d’une pensée pouvant devenir le substrat du niveau suivant : ainsi, opération et spéculation, qui sont déjà la conséquence d’un travail premier, pourront à leur tour servir de base, et être intégrées dans une pensée ternaire plus élevée, qui nous conduise à nous « regarder nous-même » , comme une sorte de mise en abyme: « Je regarde la pierre brute, je suis la pierre brute » Il s’agira simplement d’accepter que nous puissions, en tant que tels, devenir un substrat : c’est tout le principe du mécanisme alchimique, difficile à appréhender , tant la religion chrétienne fait de nous le centre du monde connu. A partir du moment où nous nous constituons en tant qu’« objet », ne pourra plus agir sur nous que des éléments « dynamiques », relationnels, et cognitifs, car : « Si ton œil était plus aigu tu verrais tout en mouvement » nous dit Nietzsche. Comme le maître maçon a appris des 3 premiers degrés, il est maintenant capable d’établir des relations entre lui et son environnement, c’est ce qu’on appelle le « Temple intérieur », et les éventuels écueils qu’il trouvera sur sa route seront à l’aune de sa capacité à en prendre la mesure. Il conviendra alors de juger les choses pour ce qu’elles sont, et non pour ce qu’elles apparaissent éventuellement, car « on n’est atteint que par ce qui nous ressemble ». Je doublerai cette sentence par la Sourate 42, verset 30. « Tout malheur qui vous atteint est dû à ce que vos mains ont acquis ». A partir du moment où nous aurons compris et intégré ce turnover universel, nous pourrons l’appliquer à toutes sortes d’idées, de concepts et de modèles : ce sera l’objet des degrés dits « hauts-grades », et plus particulièrement du 4ème degré, qui sera tout naturellement amené à déterminer et à débusquer les dysfonctionnements, les dérives potentielles, une forme de « pathologie » de la relation tierce, qui ne manqueront pas de se manifester. En effet, l’homme est imparfait, voire pervers, et ses productions intellectuelles et symboliques pourront receler des « malfaçons », des défauts, des biais insidieux : c’est ce qu’on appelle au sens large des idoles, qui pourront « gripper » notre raisonnement symbolique, le mettre à l’épreuve. Il faut relativiser l’idée simpliste d’une idole matérialisée par un simple totem, une simple figure : bien souvent, cette matérialisation-là est déjà la conséquence d’un mécanisme pernicieux : ce ne seront plus alors de simples figures dont nous devrons nous méfier, mais des raisonnements fallacieux, des dynamiques faussées, altérées ou tendancieuses dont le pouvoir de nuisance s’exercera au sein même de la mécanique symbolique, comme un grain de sable dans un engrenage. Le mécanisme de l’idolâtrie est fondé sur cette dissension entre 2 mondes, il donne à voir une image déformée de la réalité au travers d’un prisme a priori honorable. Ce sera toute l’essence du mécanisme sectaire.
2 exemples : la Scientologie, qui met en avant la science pour mieux la détourner de son usage émancipateur, avec force appareils baroques et ouvrages nébuleux visant à rassurer le captif, trop fragile pour qu’il puisse y voir une manipulation de son mental. Le régime Nazi utilisa, lui, la trame du mysticisme allemand et de la mythologie nordique, ses runes et son aryanisme, afin de légitimer ses idées et de poser son combat. Car le propre de ces structures est de transformer l’idée en idole, alors que produire de l’idée, la guider, c’est normalement l’objet de la science, libératrice, ou du mysticisme, spiritualiste. L’idée est par essence liberté, car sa genèse ne provient pas d’un long processus formalisateur qui en détruirait une grande partie de la portée, mais d’une induction violente : l’idée est comme le photon, cette particule de lumière qui n’est censée exister que lorsqu’elle est en mouvement, le mouvement étant la vie, et la vie étant la liberté. L’idée est une étincelle, elle porte en elle toute la puissance de sa brièveté, de la violence de son émergence, et ne peut survivre au temps qui passe, si elle n’est pas déclinée immédiatement : l’idée est trop pure pour rester en l’état, et réclame une formalisation immédiate, afin de pouvoir être conservée et exploitée au mieux. La force du récit de Lucifer est qu’il passe du statut de l’idée est un concept fort, car elle porte en elle cette lumière initiale, primale, dont la puissance est consubstantielle à sa capacité d’induction, de création, et qu’on peut fort logiquement associer à Lucifer... À SUIVRE
Thierry Didier
Belle Ô Lucifer laisse-moi .... Garou Notre Dame de Paris
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