LE COMBAT CONTRE L'IGNORANCE
I |
l commence par la recherche de la connaissance de ce que nous sommes : notre identité. Cette question de l’identité est universelle, mais qu’est-ce que notre identité ? La définition de ce que sommes par rapport à l’autre, à nous-même ? La mondialisation, l’essor des communications et leur vitesse, notre instinct grégaire le constat que l’homme est un animal social et le besoin de sociabilité qui s’en suit, plaident pour le vivre ensemble dans une fraternité universelle multicolore. À contrario, la société plus consumériste flatte notre individualité avec la profusion des vendeurs de « bien-être » personnel, comme des refuges, des cénacles, des jardins secrets du seul profit personnel nous éloignant des valeurs de partage et de Fraternité.
La Franc-maçonnerie ordre initiatique dont le fondement est la fraternité, mène un combat contre l’ignorance des autres par la connaissance de soi. Se connaître se reconnaître pour mieux connaître les autres. C’est un combat contre l’injustice et tous les fanatismes et despotismes qui clivent et séparent. Revenir au fondamental à ce que nous sommes, sans céder à la nostalgie de l’éternel retour, comme Ulysse pourtant tant vanter : « heureux qui comme Ulysse à fait un beau voyage…Et puis est retourné plein d’usage et de raison… » Ce désir d’éternel retour, cette nostalgie qui était pour les grecs Nostos retour, mais aussi Algos souffrance est-elle consubstantielle à notre recherche d’une vie nouvelle semblable à l’ancienne vie ? Faut-il refuser tout changement, tout désir devenir autre ? Ce serait refuser toute initiation. Comment peut-on être le même et autre pourtant ? Il est commun d’entendre dans la bouche de ses proches quelques temps après avoir été initié : tu n’es plus le même, tu as changé.
La philosophie de Paul Ricoeur nous aident à comprendre cet état de fait, en particulier avec son ouvrage : Soi-même comme un autre.[1] J’y vois, une identité dynamique en construction permanente, une initiation à notre identité. Ricoeur définit le concept du soi comme une médiation entre « identité mêmeté -Idem » et « identité comme soi -Ipse l’ipséité ». L’identité s’est construite par une sédimentation ininterrompue de soi, cette modalité humaine ontologique, répond à la question que suis-je ? L’ipséité répond à la question qui suis-je ? Nous sommes comme Ulysse, nous ne pouvons pas ignorer nos voyages, mais aussi notre pays natal, notre fondement. Certains rituels maçonniques, nous le rappelle relatant le Psaume 137 (136) – Chant de l’exilé.[2] Nous sommes à la fois mêmeté et ipséité, la mêmeté est notre pierre de base et l’ipséité nos pierres de construction, l’ensemble est notre édifice. Plotin disait autrement on se sculpte soi-même, Sénèque écrivant à son ami Lucilius : Je sens, Lucilius, non seulement que je m’amende, mais que je me transforme. Je n’ose garantir ni espérer que je n’ai plus rien à changer en moi. Qui suis-je…[3] Milan Kundera à propos de l’exil et du retour dans son roman L’ignorance, a décrit le déchirement des exilés confrontés au choix soit du retour dans leur pays natal, soit l’adoption définitive de leur pays d’accueil.
Le Franc-maçon qui combat l’ignorance se pose la question : Qui suis-je ? Une question déjà présente à l’esprit du profane dans le cabinet de réflexion confronté à l’image du crâne décharné qui remet en cause sa vanité : memento mori souviens-toi que vas mourir. Le Frère Goethe y oppose son memento vivere n’oublie pas de vivre. L’ignorance de notre identité ne provient-elle pas de notre mêmeté incomplète et illusoire et de notre ipséité en permanence mouvante en construction, comme une espérance puisque nous avons toujours à nous perfectionner. La nostalgie du « c’était mieux hier » est donc dérisoire, c’est par la pensée et l’action ici et maintenant que l’on construit le présent et l’avenir, c’est la manière de combattre l’ignorance. L’identité reconnue comme le fil qui nous relie aux autres et l’ipséité comme le tissage permanent de ce fil symbolise notre devoir de fraternité.
Jean-François Guerry.
[1] Paul Ricoeur- Soi-même comme un autre. Éditions le Seuil 1990.
[2] Psaume 137 (136) Chant de l’exilé – Au bord du fleuve de Babylone nous étions assis et nous pleurions…Si je t’oublie Jérusalem que ma droite se dessèche ! Que ma langue s’attache à mon palais…
[3] Sénèque- Lettres à Lucilius (I à XL)
Heureux qui comme Ulysse
Joachim du Bellay
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :
Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine.
Joachim Du Bellay
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Heureux qui comme Ulysse (Version Longue)
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