PENSER CONTRE SOI-MÊME
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es enfants des Lumières, les enfants de la veuve sont invités à oser par eux-mêmes suivant la devise Kantienne pour sortir de leur immaturité, gagner leur liberté spirituelle sortir de la servitude. Qui pourrait prétendre que notre libre arbitre est inné ? Nous sommes influencés par notre ascendance nos parents, notre éducation, notre milieu social, on ne naît pas égaux dans le 7ème arrondissement parisien où sur les trottoirs de Manille comme le dit si bien le chanteur.
Penser par soi-même est déjà une victoire sur la pensée unique que l’on veut trop souvent nous imposer. Penser contre soi-même est-ce possible ? L’initiation maçonnique est une voie pour y parvenir. Les phrases clés pour penser contre soi-même :
Envisager d’emblée de ne pas toujours avoir raison, ce qui suppose de s’obliger à écouter l’autre en silence par respect de sa dignité d’homme, de proche.
Pratiquer le vrai dialogue, et soumettre toujours ses pensées à sa conscience. Penser contre son propre intérêt, c’est un acte d’altérité et de fraternité.
Pratiquer le doute constructif cartésien. Accepter le débat intérieur avec soi-même, quitter ses préjugés et ses certitudes passer du « Je Sais, Je Sais. » au je ne sais pas, je cherche.
Avoir la foi, une Foi qui accepte aussi la Raison parce que ce sont les deux ailes de l’espérance.
L’initiation maçonnique est une véritable metanoia c’est à-dire un changement de pensée, une conversion du regard, c’est la base de toute démarche spirituelle. Elle ne peut se réaliser que par la pratique d’exercices spirituels que l’on peut aussi nommer travaux maçonniques.
Penser contre soi-même, ce n’est pas renier ses convictions, c’est savoir écouter l’autre, l’étrange étranger qui diffère de moi et faire ensuite mon propre jugement en respectant sa pensée pourvu qu’elle ne soit pas contraire la morale et la doctrine d’Amour ; ma pensée ne pourra être alors qu’augmentée.
Thierry Didier contributeur actif du Blog à été interpellé par la lecture du livre de Nathan Devers : Penser contre soi-même. Ce qui a suscité de sa part une belle réflexion qu’il nous donne ci-après bonne lecture.
Jean-François Guerry.
PENSER CONTRE SOI-MÊME
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a franc-maçonnerie est une discipline initiatique, c’est-à-dire que son objet est d’approcher l’homme et de le faire travailler suivant quelques principes simples en apparence que sont l’analogie, le principe de parcimonie, la symbolique et la morale. La franc-maçonnerie n’est donc pas là pour expliciter des axiomes ou des théories appartenant à tous domaines proprement humains tels que la religion, la science ou la métaphysique. Elle doit se contenter de positionner l’homme par rapport à ce qu’il fabrique et ce qu’il découvre. Elle doit à cet égard toujours se référer à un début, un commencement, tel que l’explicite étymologiquement le terme d’initiation. C’est toute la difficulté de la franc-maçonnerie, à savoir que plus elle façonne l’initié, plus elle lui demande de s’émanciper, de s’affranchir de ce qu’il lui aura été communiqué, c’est-à-dire de quelque part penser, en tout temps et en tout lieu, contre soi-même.
« Penser contre soi-même ». Le jeune normalien Nathan Devers nous livre, dans son ouvrage intitulé comme tel, son tiraillement entre un futur promis à l’exercice du rabinât, dans une confession hautement ordonnancée, et son goût pour la philosophie, qu’il choisira finalement, estimant que les dogmes y sont moins présents, et que la philosophie est l’exercice de la vie ordinaire, louable s’il en est. Ce qu’il y a de singulier et de prometteur avec cet auteur est qu’il est à la fois sensible et brillant, mais qu’il n’en demeure pas moins un homme profane. Cette singularité m’a poussé à voir comment, en tant qu’initié, se définir par rapport à lui, et donc en quoi religion et philosophie peuvent présenter non des oppositions factuelles, mais des similarités, mériter une attention commune, et établir des ponts entre elles deux. Car le monde initiatique a pour objet non de dissembler les choses, mais d’y trouver une forme de continuum qui puisse accompagner le franc-maçon dans sa quête d’absolu.
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cet égard, j’entendrais la philosophie en lien avec cette sentence que nous retrouvons dans un rituel maçonnique : « La philosophie est la lumière jetée par l’Intelligence sur les choses de la vie ».L’intelligence est à considérer ici comme dans l’expression « en bonne intelligence », c’est-à-dire comme un flux, fait de liens, de plasticité et d’adaptation auxdites choses de la vie. Ce lien signifiant créant une mobilité intellectuelle dont l’intensité et la célérité vont conditionner notre capacité à comprendre le monde. Il n’y a donc pas des philosophies, mais une seule philosophie, qui emprunte des chemins infiniment variés. Ce qui différencie ensuite Sénèque ou Platon d'un maçon est la façon d’aborder le sens et les réalités de l’existence, mais aucune voie n’a de préséance sur une autre. Ainsi, si le candidat au Baccalauréat devra disserter sur un support philosophique qui lui est soumis, au travers de ce qu’il aura pu comprendre des grandes doctrines qu’on lui aura enseignées, comme une sorte de produit fini, le maçon aura lui à nous dire ce qu’il pense du sens de la vie à partir de matériaux tirés de sa propre expérience. Nathan Devers pose, lui, son interrogation liminaire à partir, d’un côté, d’une confession très normée, très formalisée, très exigeante et donc quelque part plutôt confidentielle, aussi bien dans ses dogmes que dans sa pratique, et la philosophie générale, qu’on peut donc percevoir comme un exercice de la vie ordinaire, avec ses multiples courants qui en sanctionnent l’universalité. Pourtant la philosophie est toute autant empreinte de dogmes que la confession hébraïque : il n’est par exemple qu’à voir comment les philosophes dits « des lumières » se sont arrogé une pensée qu’ils qualifièrent d’universaliste, allégation sanctionnant leur incroyable hubris et leur propension à jouer les censeurs et les donneurs de leçons. Ainsi comment Voltaire se gaussa, à travers Candide, de l’optimisme supposée de Leibniz, qu’il ne fallait pourtant voir que comme une louable tentative d’optimisation de la pensée et de l’action.
Le dogme, de toute façon, possède un sens qui est bien plus profond que son acception habituelle. Le dogme représente, dans une doctrine, un point précis de celle-ci, point défini comme fondamental, certain et unilatéral. L’aspect incontestable que revêt le dogme le rend a priori hautement indigeste pour un franc- maçon : le dogme peut donc être ressenti, surtout dans son acception moderne, comme quelque chose d’asséné, à l’image d’un violent coup de poing ou d’une privation inacceptable de liberté. Pourtant le mot « dogme » porte aussi souvent l’idée d’une valeur fondatrice ou d’une vérité première, à l’image du premier précepte de la Table d’Émeraude, ouvrage majeur de l’Alchimie, qui nous dit, je cite : « Il est vrai, sans mensonge, certain et véritable ». Cette affirmation peut paraître péremptoire, mais nous rend libres ensuite d’en tirer les enseignements qui nous conviennent le mieux, les préceptes suivants de cette Table étant empreints d’une liberté rendue possible justement par le « dogme » initial qui a été posé, comme si un cadre avait été défini, et qu’ensuite la liberté régnait à l’intérieur de ce cadre : « la plus grande liberté naît de la plus grande rigueur » nous dit Paul Valery. Nous pourrions également qualifier de dogmatiques les premiers versets de la Genèse, qualifiés de suscription, c’est-à-dire d’un propos général qui va coiffer, tout en les accompagnant, les versets subsidiaires.
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a liberté initiatique est telle que la formulation même d’un dogme pourra être ressentie aussi bien comme une contrainte que comme une ouverture. Un exemple : l’Immaculée Conception est un dogme, constitué par l’association de deux termes apparemment antinomiques : si l’on se place sur le plan de la pure logique, on ne peut qu’ou bien l’accepter tel quel, ce sera l’attitude adoptée par le dévot, ou bien le rejeter tel quel : ce sera l’attitude adoptée par l’athée. Pour l’initié, qui cherche plus loin, cette antinomie deviendra un outil d’approfondissement, car elle mettra en lumière l’aspect paradoxal de ce dogme, permettant d’accepter d’aller au-delà des apparences fixées par les 2 colonnes extrêmes de l’immaculée et de la conception, et d’y ajouter un nouveau terme qui sera constitué par le ternaire de sa propre opinion. On parlera alors, s’agissant de l’initié, d’un « tiers inclus ». Ce sera le principe même de la méthode symbolique maçonnique, dans laquelle l’ambivalence est à la source du ternaire, c'est-à-dire de la vraie liberté, de celle que l’on se donne. Face à une aporie telle que celle de l’Immaculée Conception, le profane restera coi, là où l’initié y verra l’occurrence d’un élan supplémentaire. Le R.E.A.A. a documenté cette posture dans le contenu rituel du, Maître Parfait, qui est celui de la réalisation d’un deuil. Ce deuil est narrativement celui d’un héros, mais il est intellectuellement celui de la consommation de la réalité d’un gouffre existant entre les deux pôles de l’entendement binaire de l’être humain. Ces 2 pôles inconciliables prennent vie par une aporie qui est celle, du degré de Maître Parfait, de la quadrature du cercle, équation géométrique qu’il est impossible de résoudre avec la seule aide de l’équerre et du compas, c’est-à-dire des outils majeurs de l’initié. Citer une aporie revient exotériquement à se placer devant un mur incontournable car la logique et la raison, mises en défaut ici, sont les seuls leviers de l’évidence. Par contre, dans le cadre ésotérique, cette confrontation est assimilable à la détermination d’une position particulière.
Il est donc possible de se rendre libre aussi bien dans l’exercice d’une confession, que dans celle de la philosophie. Cette distribution de la vie en 2 pôles servira de tremplin à une vision plus partagée, à un entre-soi symbolique qu’on retrouve dans d’autres expressions du grade. Par exemple entre, comme il est dit dans une instruction, « entre la volonté de Dieu et l’action donnée au premier corps mouvant », intercession permettant de replacer l’initié au sein d’un concert plus conjonctif. Si Nathan Devers était maçon, il saurait donc que la religion ne s’oppose pas à la philosophie, et qu’un parcours initiatique bien compris permet à ces 2 univers de se rejoindre. Ce ne sont pas, en fait, les univers qui se rejoignent, mais l’intéressé qui en sera le pontife, c’est-à-dire le faiseur de ponts, lui ouvrant des horizons insoupçonnés. Ces valeurs nouvelles nous aideront à dépasser les clivages par une sorte de miséricorde universelle, afin de déplacer le combat du domaine de l’affrontement, tel celui vécu par le Chevalier d’Orient et d’Occident, à celui du ralliement, vécu par le Grand Pontife. Car si le Grand Pontife est le faiseur de pont, il est surtout le pont lui-même, et celui qui peut réunir, par le biais de son corps, les parties.
Le Temple est d’ailleurs, selon le rituel du Chevalier du Soleil, notre corps, à la fois subsidiaire et indispensable, dont il faut prendre grand soin (« habile, fort et éclairé », depuis le degré du Chevalier du Serpent d’Airain). Le Temple fut un temps le lieu de la Shékinah, ou présence divine, puis fut incarné en l’homme, avant de se révéler au Grand Commandeur du Temple, comme le point de jonction des différents liens tissés avec l’Univers. Ce corps n’a ici rien de simplement profane : il est au contraire le signe d’une évolution avérée, en substitution au Temple matériel, comme le précisera plus avant le R.E.A.A. Le combat mené par le Grand Pontife le mènera ainsi à la Foi, en tant qu’amour de la vérité, une, immédiate et indivisible, comme le laisse supposer la dénomination de fidèles et véritables frère dévolue aux possesseurs d’un certain degré. Devers se pose la question de la perte de sa foi, comme si cette foi ne pouvait être que le produit personnel d’une transcendance. En fait, la foi se définit en franc-maçonnerie comme « une tension naissant dans le cœur de l’Homme ». Le simple terme de tension renvoie à l’existence de 2 pôles ontologiques générant une force tierce. Cette simple allégation fait de cette foi la possibilité non d’une île, mais d’un isthme entre 2 mondes, indépendamment de la nature desdits mondes considérés. Il conviendra ensuite de définir les 2 mondes à l’origine de notre quête. La franc-maçonnerie, plus qu’une doctrine, est aussi une méthode, dont les éléments reposent toujours sur notre humanité et sur ces 2 mondes précités, qui ne sont que l’éclairage binaire d’une réalité pour le coup absolue. La franc-maçonnerie a choisi, dans ses plus hautes approches de considérer comme tenants de cette réflexion binaire le monde des arts et le monde des vertus.
L’ÉCHELLE MYSTÉRIEUSE
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enser contre soi-même ne génère pas de destruction bilatérale, puisque le produit de cette réflexion est immédiatement rangé dans cette archive métaphysique qu’est le soi-même ; il faut au contraire y voir un appui front à front. Penser contre soi-même est une forme de mimétisme antagoniste dans lequel les 2 mondes qui forment à nos yeux l’univers se regardent l’un l’autre. Penser contre soi-même est aussi une façon de pouvoir regarder l’analogie de l’extérieur sans y sombrer, à la façon d’une Échelle mystérieuse. Penser semble lié au conjoncturel : on pense en fonction d’une situation qui nous pousse à mettre en œuvre ce processus ; on pense aussi parce qu’il semble impossible de ne pas penser, comme il est impossible de ne pas respirer : penser est un viatique, un instrument et un salut. Un certain degré nous donne à voir une échelle qui n’est rien moins que la pensée analogique vue de l’extérieure : ses pendants, si différents soient-ils, finissent par se rejoindre en un endroit non défini, mais néanmoins définitif : c’est toute la subtilité du « Nec plus Ultra », c’est à dire « rien au-delà », ce qui implique aussi « tout en deçà ». C’est une façon de décrire une totalité sans s’y plonger. Paul Naudon disait que « le progrès moral doit s’unir au progrès intellectuel, permettant de faire avancer l’instruction générale ». L’Échelle mystérieuse matérialise cette réflexion, le progrès moral étant l’assimilation des vertus, et le progrès intellectuel l’assimilation des arts libéraux. L’Échelle mystérieuse, symbole ultime, voit ses 2 volées porter respectivement ces vertus pour l’une, et ces arts libéraux pour l’autre. Les vertus peuvent apparaître comme l’expression incarnée de la divinité, à laquelle elles auraient emprunter son aura. Les 9 vertus inscrites sur les échelons septentrionaux de l’Échelle mystérieuse font d’ailleurs penser aux neuf noms de Dieu évoqués lors d’une cérémonie d’initiation du R.E.A.A. Ces noms nous interrogent sur la place et la fonction de l'homme à un moment donné de notre évolution, dans son rapport à « un principe plus grand que nous », comme disait le regretté Claude Guérillot. Ces inscriptions septentrionales sont l'amalgame entre des valeurs attachées au principe créateur, mais aussi à l’homme qui va en faire usage. En effet, en maçonnerie, l’évolution ne conduit pas, comme dans le monde profane, à un sommet qui vous distingue de l’autre, mais conduit plutôt à faire fi de ce que cette action a construite, pour se centrer sur celui qui l’a construite : initiatiquement, l’action révèle l’individu dans sa profonde simplicité : c’est cette dynamique que j’appellerais la vertu. Ainsi les vertus d’un homme ne se manifestent pas uniquement par les qualités intrinsèques qu’il est censé posséder, mais aussi par la possibilité qu’il aura de les exprimer, de les développer : les arts libéraux, gravés sur les montants méridionaux de l’échelle, sortes d'articulations chevillées au statut de l'homme, en seront les outils, les agents, les leviers. Selon le sens étymologique commun, le terme vertu provient de vir, l’homme : la vertu est donc intimement attachée au statut de celui-ci, en tant que source, qu'origine. La vertu a cette spécificité de définir ce que l’individu est, au-delà de sa naissance, de son éducation et de sa culture, ce que j’appellerais sa potentialité. On pourrait appliquer aux arts libéraux les 2 mêmes qualificatifs. Les arts et les vertus étant cette capacité à aller chercher ce qui est d’une possible réalisation à partir d’une potentialité existante. Car les vertus ne sont opératives que par le biais des arts libéraux, sinon elles ne restent que potentialités. Et les arts libéraux sont exaltés par les vertus, sans quoi ne sont-ils que des leviers dépourvus de charge. C’est pourquoi l’Échelle mystérieuse doit être comprise non comme une montée et une descente successive, mais comme une progression en miroir, débarrassée des contraintes de la sériation.
LA MER D’AIRAIN
Cette progression en miroir nécessite, contrairement à la sériation, la capacité à mêler à tout instant telle vertu avec telle art libéral. Cette capacité est conditionnée d’abord et avant tout par une maîtrise individuelle qui n’a rien de statique, appelant à ne pas se déliter devant les circonstances. En effet, « penser contre soi-même » peut devenir hautement inflammable car le fait de penser aménage toujours un territoire nouveau qui se devra de colleter à l’orthodoxie en place, c’est-à-dire à tous les éléments préexistants qui sont restés sur les bas-côtés de notre réflexion. Cette orthodoxie, c’est donc le « soi-même », c’est-à-dire le reste de ce que nous sommes à un moment déterminé, modelé en temps réel par les circonstances, et dont la pensée est un agitateur particulièrement efficace. C’est toute la symbolique de la Mer d’Airain, présente dans l’Ancien Testament, devant le Temple de Salomon, et au REAA, devant la Voûte Sacrée. S’y confronter dénotera de cette difficulté que nous rencontrons toujours à faire face à ce qui nous a généré, car l'évolution et la construction passent justement par une émancipation permanente. Cette capacité va dépendre des contraintes personnelles à surmonter, contraintes auxquelles nous confronte, en maçonnerie, par analogie, la Mer d’Airain du R.E.A.A. La Mer d'Airain sera alors dispensatrice d’une épreuve, évoquant quelque chose de vivant, de tumultueux, de difficilement contrôlable, car elle ne sera mue que par les remous subsistant chez le récipiendaire. Il conviendra de ne pas se laisser emporter dans cette masse confuse, de ne pas s'y laisser entraîner car là est le piège : la Mer d'Airain saura se modeler aux affects qui y seront trempés, c'est à dire qu'elle saura nous éprouver. L’instruction du grade qualifie, en citant la Mer d'Airain, de « symbole des résistances à surmonter en nous-même » : nous retrouvons là cet antagonisme fondateur porté par le « penser contre soi-même ».
Ainsi avec la Mer d’Airain, on se heurtera ou on se mesurera aux confins de soi-même, tout comme arts libéraux et vertus se collettent de part et d’autre de l’Échelle mystérieuse. Le substantif Mer apportera une connotation symbolique qui sera de l'ordre de la génération, de l'organique et du vivant, autant de concepts qui nous renvoient inévitablement à nos origines. C’est peut-être ce qui travaille Devers au travers de la religion, une forme de source collective, dont la morale nous dirait qu’il serait malséant de la négliger. Mais la philosophie porte tout autant l’empreinte d’un terreau que d’une attitude choisie.
« Penser contre soi-même », au-delà de l’opposition qu’elle peut signifier, crée, par la confrontation, un contact qui, loin d’isoler cette pensée, la corrèle en permanence à soi-même, c’est-à-dire à une forme indicible de totalité. Je parle bien de totalité, car la perception de notre individualité passe aussi par celle de notre environnement général. La confrontation, tout comme la séparation sont des ponts, des unions particulières, forgées par le fer et par le feu de l’exercice de la vie. « Penser contre soi-même » est donc une sorte de viatique, dont l’apparente opposition structurelle mène à se sublimer. On pourrait estimer que « Penser contre soi-même » ne signifie rien, si on considère que la pensée est le seul viatique de l’existence et de l’identité, et que cette pensée génère tout notre entendement, comme si elle créait de toute pièce l’intelligibilité que l’on a de l’Univers. Mais le philosophe comme le croyant ont pour vertu de tenter de dépasser leur condition, représentée respectivement par ces 2 leviers que sont l’Amour du Prochain et par l’Amour de Dieu. L’Échelle mystérieuse est, outre ses 2 volées, charpentée par 2 montants verticaux qui transcendent en les réunissant vertus et arts libéraux, montants portant les inscriptions « Oheb Kerobo » l'Amour du Prochain, inhérent aux arts libéraux, et « Oheb Eloa » l'Amour du Divin, inhérent aux vertus. Ce qui définit au mieux l’amour est dit dès la première cérémonie d’initiation :« N’oubliez pas que l’amour est le témoin permanent de la réelle fraternité… ». L'amour est la colonne vertébrale et la condition sine qua none à la perception de l’Échelle mystérieuse, il la cristallise, la rend intelligible. Ce que l’amour veut peut-être aussi signifier est que les parties qui nous constituent doivent avancer de concert, quel que soit leur nature, et que pour cela, il leur faut un combat. D’ailleurs un rituel maçonnique de 1907 nous dit : « Q- Quelle est la synthèse de la profession de foi d’un …, ? » « R- Je combats à outrance en aimant et en haïssant, en respectant et en méprisant sans bornes » : le « penser contre soi-même » pourra rejoindre ce combat métaphysique, presque mystique. Cette antinomie apparente valide cette dualité fondatrice.
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a sagesse de l’initié parvenu au Nec plus Ultra ne connaît pas la morale, qui a besoin pour se développer et se prouver, d’un terrain suffisamment « meuble », autorisant les digressions les plus variées. La morale, tout comme la sagesse, se nourrit de cette dualité, mais différemment : la morale considère successivement et en opposition les 2 volets de l’existence, là où la sagesse tente de les concilier. « Penser contre soi-même » est, je le répète, une progression en miroir, une mise en abyme dont l’image, le reflet ne s’affaiblira pas avec le temps, car l’un n’obèrera pas le suivant. Cette mise en abyme pourrait ainsi indéfiniment se poursuivre, sans cette entropie qui caractérise le monde de la chair et du tangible. La sagesse doit s’entendre, elle, comme la gestion personnelle d’un évènement quelconque, mais pris en miroir, afin d’en atténuer la puissance, d’immédiatement la confronter à notre personnalité et donc de pouvoir nous l’approprier. Nous trouvons là la signification première de la seconde Sephirah, Hochmah, qui consiste à appréhender la transcendance de Kether, la 1ère Sephirah, dénommée « couronne », en la formalisant en miroir, un peu comme la lune nous délivre la lumière létale et aveuglante du soleil par son albedo, la modérant et la rendant donc bénéfique pour tout un chacun. Le qualificatif « contre » n’explicite donc pas une volonté d’opposition frontale, mais une façon de s’accaparer à moindre frais de bribes de cette identité personnelle, ontologique à toute action, la première de toutes ces actions étant celle de penser. « Penser contre », ou, pourrait-on dire « contre-penser » sera alors une façon subtile de ne pas interrompre nos cogitations en les étalonnant uniquement sur soi-même, c’est-à-dire sur un être fragile, changeant et subjectif. « Contre- penser » délivrerait un mouvement d’esprit dégagé, décorrélé de cette matière qui nous alourdit en permanence, avec le risque d’y perdre notre âme. « Penser contre soi-même » nous forge donc une sorte d’adversaire métaphysique contre lequel nous n’aurions de toute façon rien à perdre.
« Penser contre soi-même » crée non pas une césure, un clivage ou une scission, mais une séparation. La séparation reflète un statut dans lequel est mesuré en permanence ce à quoi nous sommes confrontés. La séparation se vit donc comme une sorte de lessivage des fondements, lessivage qui ne signifie en rien l’abandon de valeurs, mais simplement un nouveau mode de déclinaison de celles-ci, débarrassé des adhérences du passé. « Penser contre soi-même » c’est évaluer en soi ce qui s’écarte : cet écart n’est pas un écartèlement, auquel cas serait-il vécu comme une dissociation. « Penser contre soi-même » appelle d’abord à une prise de conscience de ce qui s’éloigne de nous lorsque nous évoluons. À cet égard, elle est une apothéose, entendue suivant son étymologie, qui relève, qui s’apparente à Dieu, ou à un contexte divin.
Mais le préfixe apo, signifiant à la fois « loin de », et « relatif à » colle parfaitement à l’ambiguïté du terme de « séparé », terme au combien important, qui distingue tout en le reliant l’initié à l’ensemble de l’Univers. La nature même du philosophe est d’être séparé, à la façon d’un nouveau-né, son combat est sa nature, et sa nature est son combat, car il n’existe que par la séparation du milieu qui l’a amené là où il est. « Penser contre soi-même », c’est donc quelque part devenir « complet », dans la mesure où ces 2 termes définissent une forme de totalité, échappant ainsi au diktat du quantifiable, ou à l’oukase de l’éternité et de l’infini. « Son nom fut autre et le même pourtant », phrase d’ordre, manifeste parfaitement cette occurrence, en soulignant l’indistinction spatiale et temporelle, modalité d’un Univers perçu d’emblée dans sa totalité.
Alors « penser contre soi-même », en parlant de philosopher, peut signifier plusieurs choses : tout d’abord, philosopher est une façon d’accueillir des cheminements de pensée, de définir des postures d’existence, et donc de valider des parcours variés. L’être que nous sommes au moment où l’on parle est le produit à la fois instantané et cumulatif de tout ce qui nous a marqué depuis notre naissance, et de ce que nous avons compris du monde dans lequel nous vivons. « Penser contre soi-même » peut vouloir dire créer des pistes de réflexion en essayant au maximum de faire abstraction de ce qui nous a amené là où nous sommes.
« Penser contre soi-même » est une façon de se donner de l’élan, que ce dernier fut mis au service de la philosophie, c’est-à-dire d’un narratif personnel, ou bien de la spiritualité, c’est-à-dire de l’induction seconde de ce narratif.
Á partir de là, il va être possible d’établir des ponts entre le formalisme d’une discipline scientifique par exemple, et les cheminements personnels nés de l’abord de ladite discipline. Quand je parle de cheminements nés d’une pratique, je ne me cantonne pas au savoir accumulé, mais à une nouvelle conformation de l’individu C’est-à-dire comment réagit l’humain face, non pas à la résolution d’un problème, mais face au problème lui-même. « Penser contre soi-même » dépend d’une plus haute juridiction métaphysique que celle de la simple confrontation, celle d’une véritable conformation de la pensée à ce qui l’a généré. Je pourrais dire que face à un problème, la question n’est pas de le résoudre, c’est-à-dire de l‘amener dans ma sphère de compréhension, mais de mesurer mon attitude, mes espoirs, mon étonnement, ma résilience face à ce problème. « Penser contre soi-même », c’est en fait d’abord évaluer la portée et la signification d’une idée qui nous vient, et de constater combien cette idée, par essence fulgurante, fugace et labile, n’est qu’une saillie parmi le continuum et la totalité des expressions possibles. Cette approche n’est pas réductrice, elle a juste la vertu de poser les fondements de ce que l’on appelle la progressivité de l’évolution. A partir de là, on peut ou bien se cantonner à cette idée, ou bien tenter d’approcher tout l’inexprimé qui s’est trouvé repoussé par l’ostensibilité de cette pensée. Cette vision holistique des choses n’est pas si compliquée à mettre en œuvre ; simplement suffit-il d’y adjoindre une méthode qui nous permette d’éclairer tout l’informulé généré par cette pensée sélective. Cette méthode est la symbolique.
Thierry Didier.
Résumé : Penser contre soi-même Nathan Devers.
Pourquoi la philosophie ?
Qu'apporte-t-elle à l'existence ?
Que change-t-elle à nos vies ?
Nathan Devers a voulu répondre à ces questions de manière personnelle : pourquoi, alors qu'il avait choisi de devenir rabbin au terme d'une adolescence très croyante, a-t-il perdu la foi ? Comment a-t-il pu abandonner une vocation profonde au profit d'un univers sans dogme ?
Intense et puissant, avec sa poésie mais aussi sa violence, ce récit est une vibrante invitation à philosopher, c'est-à-dire à penser contre soi-même. Une quête universelle et pourtant difficile : le désir d'échapper à ses préjugés, de bouleverser ses certitudes, d'aller au-delà de l'identité déterminée par sa naissance.
C'est l'histoire d'une rupture vécue comme une aurore. Ou comment donner du sens à un monde qui en manque.
Pour aller plus loin dans la connaissance de Nathan Devers voir Wikipédia.
Penser contre soi-même, une expérience spirituelle Article du Journal La Croix.
«Penser, c’est dire non », écrivait le philosophe Alain. Penser contre soi-même, est-ce se contredire ? Est-ce douter de soi ? Serait-ce être en désaccord avec ses convictions ? La question philosophique contient aussi une dimension spirituelle.
Après quatre-vingts jours de navigation en solitaire, Charlie Dalin est le premier à franchir la ligne d’arrivée du Vendée Globe, mercredi 27 janvier. Pourtant, par le jeu des bonifications accordées à Yannick Bestaven qui s’est dérouté pour venir en aide à Kevin Escoffier, naufragé, Dalin se fait « voler » la victoire. Pensant contre son propre intérêt, il se confie à l’arrivée : « C’est normal que les skippeurs qui se sont déroutés aient des bonifications. » Penser contre soi-même, c’est accepter de se décentrer pour tenter de comprendre le point de vue de l’autre.
Mais avant même d’entrer en discussion avec l’autre, penser contre soi-même provoque une sorte de débat intérieur. « C’est un des premiers jalons de la pratique philosophique, explique Adèle Van Reeth, philosophe et animatrice sur France Culture (1). Il y a plusieurs moi en moi, nous sommes sans doute plusieurs. » Ainsi, des pensées contradictoires peuvent surgir en nous, nous provoquer à choisir le « moi » qui nous correspond vraiment. Empruntant un soir le tramway, Vaclav Havel se trouve seul dans le compartiment. À Prague, dans les années 1990, on paie en jetant une couronne dans un appareil. « Faut-il ou ne faut-il pas jeter la pièce ? Si je ne la mets pas, personne ne le verra », pense le futur président de la République tchèque : « Voici le dialogue de mon moi en tant que sujet de ma liberté. Il y a quelque chose hors de mon moi, qui en est séparé, et ne lui est pas identique. Je ne peux ni le voir, ni lui échapper. C’est la voix de ma conscience. »
Penser contre soi-même, c’est déjà accepter ce débat intérieur entre « moi et moi-même », d’une certaine manière. C’est quitter mes propres certitudes. Et ce n’est pas confortable : « Cette altérité en nous-même est source d’intranquillité, explique Adèle Van Reeth. On peut ressentir une certaine fatigue, à l’image de l’effort de l’athlète, mais l’intranquillité nous propulse, c’est un aiguillon qui fait avancer. »
Penser, c’est être dans ce mouvement qui reprend en permanence les choses établies pour les questionner, les éprouver à l’aune du présent. « Il y a un certain inconfort dans l’exercice de la pensée, conçoit François Huguenin, essayiste (2), mais c’est plus stimulant que de faire du surplace. » Penser ne peut se faire sans être perméable à l’actualité politique, sociale ou ecclésiale : « Ce que vit l’Église aujourd’hui m’oblige à penser aussi bien la crise des abus sexuels que la place des femmes », insiste François Huguenin, qui note une capacité nouvelle à échanger entre personnes de sensibilités différentes, prêtes à penser ensemble l’avenir de l’Église, et éventuellement « contre » ce que l’un ou l’autre croyait établi…
« Penser contre soi-même, c’est d’abord penser le vide, martèle Laurence Devillairs, philosophe et enseignante à l’Institut catholique de Paris (3). C’est accepter de faire de la place, d’écarter les préjugés, les idées toutes faites. Notre opinion est une pensée morte, mais nous avons horreur du vide, alors nous cherchons des explications faciles jusqu’à prêter, par exemple, des intentions au coronavirus alors que ce qui nous arrive est absurde : quand nous cherchons la vérité, celle-ci est souvent plus aride, plus simple, et elle nous désarme la plupart du temps. »
Et si penser contre soi-même, c’était tout simplement s’interroger, c’est-à-dire remettre en question ce à quoi on croyait ? « Y a-t-il une autre manière de penser ?, interroge François Huguenin. C’est accepter de quitter les postures idéologiques qui ne sont pas pensées. » Ce que je croyais certain ne l’est peut-être pas : ce questionnement est largement accepté dans le domaine scientifique, économique, mais qu’en est-il des convictions philosophiques ou religieuses ? Pourquoi échapperaient-elles à l’interpellation ? « Si nous avons la vérité, nous ne pensons plus,poursuit François Huguenin. Il ne s’agit pas de remettre en question la foi, mais laisser la foi en dialogue avec la raison pour permettre le processus dynamique de la pensée qui oblige à la reformulation et l’approfondissement. Ce sont les pharisiens et les docteurs de la loi qui croient détenir la vérité et restent figés. »
Dès lors, faudrait-il aussi croire contre soi-même ? « L’ennemi de la foi, ce n’est pas le doute, explique Laurence Devillairs, ce qui empêche de penser, c’est le fidéisme. » Une foi qui n’accepte pas d’être interrogée par l’intelligence perd de sa vitalité. « Cela va jusqu’à questionner le rituel, poursuit la philosophe. Je me mets à genoux, pourquoi ? Je chante le Kyrie plutôt en grec, pourquoi ? » Pas par habitude. Cette ouverture à l’intelligence est inscrite au cœur du christianisme. « Transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu », dit saint Paul (Rm 12, 2). « L’Apôtre nous invite à ne jamais nous satisfaire de notre propre position, mais à chercher à l’accorder à l’Évangile, explique le pasteur Antoine Nouis. C’est la conversion, metanoia, c’est-à-dire “changement de pensée”, et c’est la base de la démarche spirituelle. »
C’est aller jusqu’à être en mesure de nous mettre dans la perspective de celui qui ne pense pas comme moi : « Ayant toujours eu une sorte de fascination pour la contradiction, je me sens tout à fait à l’aise avec les pensées adverses, car je me dis alors : “Quelles questions cela me pose ? Qu’est-ce que ça me force à changer ?” », confiait le philosophe Paul Ricœur. Un exercice de dépossession – je n’ai pas forcément la vérité –, qui va jusqu’à reconnaître ce qui peut être juste chez l’autre. « Tout bon chrétien doit être plus enclin à sauver la proposition du prochain qu’à la condamner », écrivait saint Ignace dans les Exercices.
« Penser contre soi-même ne doit pas nous conduire à se renier, prévient le père Sébastien Antoni, prêtre assomptionniste. Il s’agit de convertir nos premiers réflexes, d’évangéliser nos instincts. C’est confronter notre humanité à l’Évangile. » Plus qu’un « combat », il s’agit d’un abandon dans la confiance. Être « contre » soi-même, ce n’est pas se déconsidérer, c’est au contraire faire place à plus grand que soi : « Il y a en nous quelque chose à convertir, à évangéliser. On ne se suffit pas à soi-même. »
Martin Desrosiers
L’ART DE NE PAS TOUJOURS AVOIR RAISON OU PENSER CONTRE SOI-MÊME AVEC MONTAIGNE
Essai québécois
RÉSUMÉ
Martin Desrosiers se demande comment retrouver les conditions d’un dialogue sain et constructif dans un contexte de forte polarisation et de guerre culturelle, où les médias sociaux servent davantage à conforter ses propres opinions qu’à les confronter à des idées autres, adverses. Il part du constat que la promesse annoncée par les réseaux sociaux au moment de leur lancement – servir la démocratie, encourager les échanges – s’avère jusqu’ici un échec.
Le titre de cet essai prend le contrepied du célèbre traité de Schopenhauer, L’art d’avoir toujours raison, et l’auteur y démontre qu’une grande partie de la philosophie moderne (et de son enseignement) sert malgré elle à former des rhéteurs habiles, capables de triompher de leur adversaire, bref de gagner une joute oratoire, sans égard pour la recherche de la vérité elle-même, qui se trouve pourtant au cœur de l’aventure philosophique. Si nous sommes bien formés dans l’art de persuader l’autre, si nous maîtrisons la logique de l’argumentation, nous sommes étrangement démunis quand vient le temps de nous laisser persuader par l’autre. Car le vrai dialogue, rappelle Desrosiers, renferme aussi la possibilité que nous ayons tort et que l’autre ait raison.
Pour retrouver le sens perdu du dialogue, l’auteur propose de revenir à la figure de Montaigne, le saint patron des essayistes. Il montre que le doute, l’humilité, l’écoute et le silence sont des vertus que Montaigne place au centre de sa recherche, et que nous aurions tout intérêt, à l’échelle individuelle aussi bien que collective, à cultiver.
À l’aide d’une écriture précise, cet essai éclaire le présent par le prisme du passé et enrichit notre compréhension du monde actuel par l’entremise d’une culture humaniste toujours pertinente. Ce livre intéressera toute personne soucieuse de comprendre pourquoi le dialogue est aujourd’hui si difficile, et qui voudrait apprendre à se disputer de manière plus productive.
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