Jean-François Guerry.
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’être humain ne se contentera donc pas de surfer sur l’analogie, il fait œuvre de cette analogie, qui le baigne autant qu’elle le dirige. Comme son nom l’indique, l’analogie met en jeu 2 intervenants, qui se mesurent, se collètent et finalement s’épousent. L’homme existe, au sein de ce duel, en tant que tiers inclus, la différence entre initié et profane sera ce qu’il fera de cette position : le profane n’y verra qu’une direction possible, qui sera la perspective choisie pour la continuation de sa pensée et de son action. Par contre, l’initié aura la capacité de créer un mouvement intrinsèque à la fois dépendant de l’analogie, puisque créé en son sein, et en même temps original et transitoire : on l’appellera pensée ternaire. La pensée ternaire, si fondatrice pour un franc-maçon, sera une façon non pas de s’extraire de l’analogie, ce qui est impossible et conduirait à notre inexistence, mais d’y développer une approche originale qui ne sera en aucun cas une manière de s’en éloigner, mais au contraire de s’y arrimer afin de créer cette animation particulière et transitoire qu’on appellera substitution. Le terme de substitution a une connotation péjorative par son étymologie, qui signifie : « établir en dessous ».
Le substitut est alors fréquemment rapporté à un subordonné, qui seconde ou remplace le titulaire (substitut du procureur, etc…). Dans l’initiatique, et plus particulièrement au REAA, où le déisme d’un principe architectural universel existe, tout acte est en fait substitution à ce principe premier dénommé GADLU, puisque le GADLU est censé représenter une forme de totalité potentielle. La substitution ne vaut, dans l’initiatique, que par son caractère transitoire : autant cette substitution peut-elle, dans le milieu profane, aboutir à une nouvelle orthodoxie, autant est-elle, dans l’espace maçonnique, l’objet d’une transmutation éphémère visant simplement à accompagner l’initié sur des chemins subsidiaires dont l’intérêt résidera exclusivement dans la potentialité à se souvenir de ce qu’il aura vécu. Ensuite, ce retour à l’initial, mais pourvu de connaissances nouvelles (« Le Maître reparaît plus radieux que jamais ») ne sera en aucun cas un recul, car l’art initiatique ne possède pas de flèche du temps ou de l’espace, il est holistique. L’initié pourra, par ce biais, éprouver des chemins attenants.
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Si l’on veut filer la métaphore, la substitution sera, pour paraphraser une sentence nietzschéenne, la vibration d’une corde tendue entre les 2 termes de l’analogie. Cette vibration ne rompra à aucun moment la continuité, simplement ledit fil, en oscillant, s’autorisera momentanément une trajectoire propre. C’est l’acte même de substitution qui fabriquera cette nouveauté, cette voie originale, retournant au terme de cet acte à un statut initial posé depuis toujours. Comment finalement engendrer cette distinction, éphémère mais aussi intriquée dans le mouvement général de la vie ? En usant de la seule échappatoire possible, aussi efficace que temporaire, aussi puissante qu’inféodée, celle de la voie substituée. Le souci avec l’analogie est qu’elle représente stricto sensutout ce que nous pouvons imaginer et faire ; elle est tellement monopolistique qu’il est impossible d’en sortir. Partant, l’initié devra tenter de se transformer, de modérément s’ « égarer » mais sans jamais pouvoir mettre de côté cet incontournable « pensum » qu’est l’analogie. Il pourra le faire grâce au mécanisme délicat de la substitution. « Il faut dégager le subtil de l’épais » nous dit le 7ème précepte de la Table d’Emeraude, l’épais étant ici le principe d’analogie, structurel et indépassable, et le subtil ce qu’on peut en retirer de léger, de fin, de précieux, mais aussi de labile, à savoir la substitution. La substitution n’est pas un état, mais une circonstance, nous parlons d’ailleurs de mot ou d’homme substitué au participe passé. La substitution s’entend selon son radical étymologique sub- « sous », entendu dans son sens de « délié, ténu », et non sous l’angle d’une quelconque hiérarchie. Mais comment créer un mécanisme de substitution ? Eh bien, en s’appuyant sur la mécanique symbolique : celle-ci guide l’homme vers ses spécificités tout en lui ouvrant l’accès à la connaissance, mais la méthode façonne aussi, en sous-main, l’individu, appuyant discrètement sur ce qui fait son universalité, en créant ce que j’appellerais des « canaux de similarité » sur lesquels pourront se greffer des éléments d’analogie. Exemple de canal de similarité, la construction individuelle, qu’on peut rapprocher de la construction d’un édifice : ce sera tout l’objet des grades dits de Perfection et d’Exil.
Thierry Didier.
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