LA BANALITÉ DU MAL : OÙ COMPRENDRE N’EST PAS PARDONNER.
L’être humain ne doit jamais cesser de penser. C’est le seul rempart contre la barbarie. Action et parole sont les deux vecteurs de la liberté.
Hannah Arendt. La banalité du mal.
La Franc-maçonnerie est pensée et action.
Rituel Maçonnique.
L |
e jeune initié aux mystères initiatiques de la Franc-maçonnerie est invité à la pratique du silence, il doit comprendre et connaître avant d’agir et être capable d’aimer. Se connaître soi-même, comprendre les autres, leurs paroles, leurs actions, pour pouvoir appréhender le monde et y trouver sa place.
Quand il aura appris à vaincre son désir de vengeance contre lui-même d’abord, puis les autres, il sera sur la voie de la justice et du pardon. C’est à ce prix que l’équité et l’harmonie peuvent régner en lui et dans la société des hommes.
Mary Mc Carthy journaliste, écrivaine (1912-1989) a sans doute été la meilleure amie de Hannah Arendt, donc une de celles qui peut mieux la « comprendre ». Sa lecture du livre de Arendt : Eichmann Jérusalem Rapport sur la banalité du mal, est donc éclairante de la pensée de Arendt.
Le désir de compréhension était aussi sans doute visé par Eichmann, je veux dire gagner la compréhension de ses juges. Il n’était alors pas forcément le clown que décrit Arendt ? Eichmann a-t-il voulu manipuler ses juges pour les amener à le comprendre ? Cela paraît peu probable car il est constant d’observer que nous pardonnons plus facilement quand nous ne comprenons pas, le doute bénéficie toujours et doit toujours bénéficier à l’accusé. Inversement le pardon se donne plus difficilement quand nous comprenons.
Nous ne pouvons pas affirmer que Hannah Arendt n’avait pas compris Eichmann et l’atrocité de ses actes. Aurait-elle été assez naïve alors qu’elle avait subi la persécution du régime nazi ?
Pour le démontrer Mary Mc Carthy souligna avec justesse la fin du livre de Hannah Arendt, où elle condamne sans équivoque Eichmann. Ce qui est difficile à comprendre et admettre chez Eichmann c’est cette stupidité décrite par Arendt !
Elle écrit à la fin de son livre en forme d’épilogue : Le mal dans le IIIème Reich avait perdu cet attribut grâce auquel la plupart des gens le reconnaissent généralement, l’attribut de la tentation. On peut admettre qu’une partie majoritaire de la population en ce temps de guerre avait perdu toute boussole morale, ce qui induit une forme de banalité. Nous revenons ici à la pensée de Emmanuel Levinas sur cette morale perdue en temps de guerre.
Eichmann apparaît comme une machine, un clown, un animal programmé avec un réflexe pavlonien, ayant perdu la faculté et la liberté de penser. Aveuglé, soumis, ainsi il ne pouvait ignorer que la fin de la guerre était proche et pourtant il continuait son œuvre maléfique de déportation et d’exécution des juifs jusqu’en 1944.
Pour Mary Mc Carthy le livre de Hannah Arendt n’est pas une consécration à la banalité du mal, mais il va au-delà du constat réel et factuel de cette banalisation. Son témoignage est une espérance de transcendance, un appel à sortir de cette banalisation, un appel à la réalisation d’une forme d’apocalypse de prise de conscience de ce mal, un appel à mettre en œuvre notre libre arbitre, un appel à ne pas nous soumettre à cette banalisation, comme l’on demande au jeune initié de choisir entre le vice et la vertu de sa libre volonté.
Jean-François Guerry.
VU sur 450 FM-
Pour la penseuse/philosophe juive allemande Hannah Arendt (1906-1975), la conscience serait fragmentée en quatre niveaux à titre individuel : la raison, la double volonté, le libre arbitre et la faculté de jugement. Selon les langages, le mot conscience a une double valeur et différentes portées sémantiques et conceptuelles, autant sur le plan moral que philosophique. Analysons en détail ce que signifie liberté de conscience pour penser par soi-même et poser un jugement juste.
La pensée libre d’Hannah Arendt
Lorsque l’on parcourt l’œuvre foisonnante de la philosophe Hannah Arendt, on constate que les travaux de Saint-Augustin, Socrate, Heidegger, Platon, Kant, Machiavel, Nietzche jusqu’à Aristote, s’articulent autour de sa propre réflexion et font du cheminement de sa pensée un parcours sans doctrine philosophique. C’est très rare. Le lecteur a ainsi la faculté de bâtir l’ossature de sa propre pensée qui donnera de la valeur à son jugement. Dans l’histoire de la philosophie c’est une chose inédite. Aucun concept philosophique particulier ne ressort de la pensée d’Hannah Arendt. Serait-ce ce pluralise, cette curiosité pour ses prédécesseurs, cet élan vers la recherche de sa propre vérité qui contribuent à faire son succès auprès d’un large public ?
Le fait qu’Hannah Arendt propose une pensée réflexive en s’appuyant sur différents philosophes permet d’étayer et d’élargir la signification du terme : conscience, et de lui accorder une profondeur intrinsèque à l’universalisme kantien. Et cela commence naturellement par un questionnement.
La raison est-elle un état de conscience ?
Chez la philosophe, la conscience est un témoin. Pour le démontrer, elle s’appuie sur les grecs (Platon, Aristote, Euripide), chez lesquels le mot synesis, je connais avec moi-même, n’a pas de signification morale. Sans toutefois exclure que l’on peut avoir conscience qu’une telle chose est bonne ou mauvaise, voire hautement désagréable, les grecs ne connaissaient pas le phénomène de la conscience morale. La conscience ne prenait forme que dans le dialogue de l’entre-soi, tout comme l’âme n’avait pas de langage vers l’extérieur. Le dialogue intérieur pouvait entrer en conflit uniquement en vase clos. Pour Arendt cette conscience est donc un témoignage de notre propre existence. Dans la mesure où je suis en capacité de prendre conscience de moi-même je sais qui je suis et vice et versa, je suis par ailleurs un être doté de raison.
Le phénomène du doute de sa propre conscience
Comme la conscience grecque n’a pas de langage hors de soi et ne connait pas la morale, Hannah Arendt pousse plus loin sa réflexion et convoque Saint Augustin. Chez Augustin la valeur de la conscience se féconde dans la recherche de la paix en soi. Cette paix prend une valeur morale reliée à une source extérieure : Dieu. Mais en incorporant une source extérieure intangible, le doute de sa propre raison et de sa conscience sonne le glas de la raison pure. Dans de libero arbitiro voluntatus, Saint Augustin met en avant la nature du conflit entre conscience morale et raison : si je peux douter que quoique ce soit existe, je ne peux douter que je doute.
Pour éviter le conflit dans l’entre soi, la raison ne suffit, car dans le désir de paix, le conflit entre macrocosme et microcosme fait pénétrer le désir dans la raison. Ici la raison ne dit pas : tu ne dois, mais : il ne vaut mieux pas. Basic Moral Proposition Hannah Arendt. La raison, pas plus que le désir ne sont suffisants pour atteindre la liberté de conscience dans ses choix et jugements.
La double volonté chez Hannah Arendt
La raison serait donc une faculté supérieure induite à l’homme sans pour autant être une force agissante. Comme Augustin le rappelle dans ses Confessions :
L’Esprit n’est pas mû si la volonté ne l’est pas.
Saint Augustin-Confessions
Nous pouvons donc prendre une décision contre l’avis de notre raison et nous trouver partagés entre une bonne volonté et une mauvaise.
à CE STADE, il devient clair que ni la raison ni le désir ne sont libres
Hannah Arendt-responsabilité et jugement
Nous pouvons vouloir ce que l’on ne désire pas. Ici le parallèle avec Leibniz démontre qu’il y’a bien une volonté en tant que faculté de choisir le meilleur. Et pour choisir, la raison doit d’abord élire domicile dans la délibération. Une bonne délibération c’est apprendre à peser, donc connaître le prix à payer à contrôler ses désirs (la volonté qui commande) et la volonté à obéir. Souvenons-nous, non pas, tu ne dois, mais il ne vaut mieux pas.
afin de rester libre même si je suis esclave, je dois exercer mes appétits à ne désirez que ce que je peux obtenir, ce qui ne dépend que de moi-même et est ainsi effectivement en mon pouvoir.
Saint Augustin. Confessions VII
Comment penser et agir en conscience en étant partagé ?
La délibération apparait dans la volonté et se forme dans la pensée comme un dialogue silencieux chez Platon par exemple, l’eme emauto, entre moi et moi-même. Mais comme le souligne Hannah Arendt, on peut être partagé entre cet eme emauto, entre celui qui veut et celui qui ne veut pas, le oui et le non, l’ego et l’ego eram augustinien. Nous pouvons avoir la volonté de commander et aussi celle de résister entre l’une et l’autre volonté. Cela n’a rien d’être exceptionnel. Être deux en Un n’est pas un problème, car se pose toujours de savoir vouloir d’une volonté pleine et entière, donc de trancher définitivement entre cet ego et cet ego eram. Et ainsi libérer la volonté libre d’accomplir, d’agir selon les différents moyens dont nous disposons.
La volonté libre et le libre arbitre chez Hannah Arendt
Sans la volonté libre et entière nous ne pourrions pas bien vivre. Il faut savoir choisir. Délibérer et savoir quel prix nous donnons à la volonté, soit d’être heureux, soit malheureux. N’oublions pas que l’esprit n’est rendu esclave du désir qu’en vertu du désir lui-même ou d’une faiblesse et qu’en définitive, la volonté n’a pas de cause. Libre choix veut dire libre par rapport au désir. Sans désir, il n’y’ a donc plus de préjugé. Prendre conscience de ses désirs qui ne sont pas forcément issus de notre volonté, c’est vouloir créer non pas un nouveau monde, mais simplement habiter celui-ci. La volonté agit en conscience selon ce que nous en faisons de bien ou de mal en dépit des circonstances ou au contraire selon les circonstances. Et c’est ici que le libre arbitre peut changer la notion de conscience morale et philosophique dans l’acte de délibérer.
La question du libre arbitre est selon Hannah Arendt (qui s’appuie cette fois sur Nietzsche pour son raisonnement), ne doit pas relever du macrocosme. Il n’y’a rien de pire que de se penser en arbitre hors de soi-même. Le libre arbitre est simplement le détachement de ses désirs pour laisser entrer la volonté libre de délibérer, de créer suffisamment un espace vide entre soi-même et notre propre représentation au regard de l’autre pour atteindre la faculté de jugement. Et cela n’est possible que lorsque les coréférences dans le temps et les circonstances cessent d’exercer sur nous leur volonté de puissance. Comme le présente Nietzche.
C’est dénaturer la morale que de séparer l’acte de l’agent
Nietzsche-la volonté de puissance
Qu’est ce qui caractérise un bon choix ?
Un choix conforme entre le dialogue entre soi-même, les moyens dans les actes dont nous disposons et enfin la pleine conscience que la moralité est une notion intrinsèque à soi-même et à ses propres références appellent une pensée libre et des actes assumés.
La faculté de jugement
Selon Hannah Arendt, la faculté du jugement est la plus politique aptitude mentale de l’homme. Un être libre est celui qui reconnait en lui-même sa propre existence, le témoin de sa conscience qui agit dans le terreau de l’humanité. Cependant, dans le jugement, nous aurions tendance à nous référer à ce que l’autre pourrait penser de tel ou tel de nos jugements ou à chercher des exemples dans l’histoire ou des échelles de valeurs ontologiques. Tout cela ne sont que des béquilles selon Kant pour faire état des choses.
La pensée d’Hannah Arendt ne se limite pas à cet inventaire qui ne pose que des constats. Lorsqu’elle évoque le jugement, elle ne le considère pas comme un acte moral, mais comme un appel d’air nécessaire à vivre au présent le passé. Le lieu commun serait de penser que nous ne devrions pas juger, alors qu’en réalité rien ne se passe sans jugement. Sans cette faculté il n’y’aurait point de pensée, ni d’appel d’air et sans doute : aucune forme de raison que ce soit. Nous sommes dotés de conscience, de volonté, de libre arbitre, comment alors ne pas juger ?
Juger librement selon Hannah Arendt et Kant
Juger librement chez Arendt, comme chez Kant, c’est entrer en délibération pour nous libérer du mal de notre mauvaise conscience. Cette capacité à juger s’imbrique alors dans le monde pluraliste des différentes consciences morales, politiques… des consciences que l’on peut choisir sans y exclure notre capacité à inférer sur l’anima mundi et y insuffler le vent de la pensée socratique et platonicienne. Même si le vent de la pensée n’a rien à voir avec la connaissance étant parfaitement assigné à la capacité de cognition, l’important est de ne jamais cesser de penser. Pour être libre et conscient de ses jugements, il suffirait de faire taire son égoïsme selon Kant, à vouloir plaire ou déplaire et se référer uniquement à nos valeurs esthétiques selon le bien ou le mal induit en chacun de nos choix. Tout n’est finalement qu’une question de goût…et surtout d’éducation à la Beauté.
Résumé :
Elles sont huit qui viennent de finir leurs études à Vassar, une des institutions universitaires les plus cotées d'Amérique.
Obtenir un diplôme de ce collège élégant fréquenté par l'élite équivaut à posséder un brevet d'intelligence autant que de fortune - à quelques exceptions près, puisque le krach de 1929 a ébranlé pas mal de situations assises et que, d'autre part, l'argent permet même à des sots de se maintenir partout.
Au demeurant, les huit membres du groupe qui débutent dans la vie en cet été de 1933 ne manquent ni d'intelligence ni de culture. Kay, la plus férue des idées libérales en vogue, la plus iconoclaste aussi ' est la première à se marier et à s'attaquer à la question du gagne-pain, étant une des moins favorisées du sort, et son époux, auteur dramatique en puissance, s'intéressant peu à cette question-là.
C'est par son mariage que commence le livre et c'est sur son enterrement qu'il s'achève.
Entre les deux cérémonies, six ans ont passé, au cours desquels le groupe s'est colleté avec les réalités de l'existence et a mesuré la distance entre la théorie et la pratique.
Des théories, ces jeunes Américaines en avaient acquis sur tout et, comme elles étaient fermement décidées à les appliquer, le résultat de leurs expériences ne manque pas de saveur, Mary McCarthy s'attachant avec sa verve impitoyable à mettre en relief réussites et échecs.
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