Bonne lecture
Jean-François Guerry.
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a trace que laisse cette licorne en se dérobant, et l’éperon, que symbolise la corne de la licorne ont une racine commune : la plus ancienne, sper, signifie « heurter du pied, fouler ». Mais l’éperon, jusqu’au 18ème siècle, symbolise aussi l’allure rapide (en ancien français, la locution a esperon signifie « très vite »). Ce qui nous donne le passage de spornen, éperonner, à spur, la trace, la piste. La licorne symbolisera alors par excellence cette « trace fuyante », celle qui génère de l’écart. Lorsque l’on pense à la licorne, c’est donc l’écart immédiat qu’elle crée avec notre volonté et notre appréhension, matérielle comme spirituelle, qui se manifeste. Écart structurel, par son aspect composite, et écart fonctionnel, conjoncturel, lié à ce qu’elle inspire en termes d’échappement, de fuite et de célérité. Créer un écart à partir d’une trace, c’est se distinguer du passé, du passif, et donc engendrer 2 bornes, celle du départ, toujours bien connue, et celle de l’arrivée supposée, à distance.
L’écart, c’est donc la marque de ce qui ne se laisse pas réduire, de ce qui demeure intraduisible et qui est donc dangereux pour le médiocre, c’est-à-dire étymologiquement celui qui reste « au milieu du passage ». La symbolique de la licorne, en échappant au regard et aux griffes du commun, signe finalement un passage entre le monde d’avant et celui d’après. La licorne sera signifiante pour qui s’y frotte, car, en se dérobant, elle laisse le suiveur, devenu chasseur, dans une torpeur mêlée de honte et d’impuissance. Ainsi celui qui aura les capacités à comprendre l’ésotérisme comprendra très vite qu’il ne faut pas se mesurer à la licorne sur ce qu’elle donne à voir de sa force et de sa vitesse, mais qu’il conviendra au contraire de l’accompagner avec ses moyens propres. C’est la définition même du passeur, qui apparaît alors comme une forme évoluée, aboutie et cathartique du chasseur. Un seul moyen alors pour la « rattraper », s’investir donc de ce rôle de passeur, à l’image d’un Juda, fils de Jacob, face à son frère Joseph, d’un Judas Iscariote, face à Jésus, où même, nous y reviendrons, d’un Caïn face à Abel.
Abel, Jésus et Joseph, fils de Jacob, (et non le père putatif de Jésus) obéissent à la symbolique de la licorne : ce sont des victimes splendides, qu’« il va falloir tuer parce qu’elles nous échappent ». Ces victimes sont naïves et pures, commettant des actes sans filtre, faisant écho ravageur en l’esprit des vilains qui les entourent, et qui n’ont alors plus d’autre choix, pour ne pas se renier eux-mêmes, que de détruire ce qui les met face à leur faiblesse et à leurs contradictions. Une seule solution donc, pour ces mauvais esprits, se débarrasser du candide, car sa lucidité et sa pureté deviendront des reproches vivants insupportables à la bassesse et à l’inconséquence du tueur. Car, comme le dit si bien Georges Bernanos, « les ratés ne vous rateront pas… » Bien entendu, sous l’empire de la moraline, le passeur deviendra un « traître » vis-à-vis de ces licornes de l’Ancien et du Nouveau Testament, c’est-à-dire symboliquement quelqu’un dont on ne comprend pas l’action, et qu’on préfère vilipender plutôt que de le comprendre.
Ainsi Jacob fit peser sur son fils Joseph une préférence pénitentielle que ne lui ne pardonneront jamais ses frères. Joseph possédait en effet, contrairement à ses frères, rudes et belliqueux, une subtilité et une sensibilité dont la capacité divinatoire était la manifestation la plus évidente. Cette faculté d’interprétation des songes, doublée d’une forme de naïveté, mais également d’une supériorité décomplexée dans la manière de présenter sans ambages ces visions à ses frères (Gen. 37,7 : « Elles (les gerbes de ses frères) se prosternèrent devant ma gerbe », contribueront à la mise de côté, puis à la capture de Joseph. Cette forme de suffisance explicitera sans doute la pompe et l’arrogance un peu niaise de sa déclamation. C’est cette attitude décalée qui va énerver ses frères et leur donner l’énergie de la rage et de la jalousie nécessaire à la perpétration de leur crime. Ce sera aussi le cas de Jésus, exposé aux traits de ses contemporains, dans sa puissance sacrificielle face à leur faiblesse crasse. C’est enfin le cas d’Abel, qui signifie « innocent », mais aussi, selon l’étymologie hébraïque, vapeur et vanité, comme quelque chose d’évanescent, de peu de substance, condamné à une disparition rapide.
La destinée d’Abel sera d’être tué, et donc discerné afin de révéler Caïn. On parle communément de la violence exacerbée exercée par Caïn sur Abel, mais la violence insidieuse de l'acte discriminatoire de Yahvé envers Caïn, est tout aussi, voire plus dévastatrice. On parlerait, en termes modernes, de maltraitance psychologique de Yahvé envers Caïn, et donc de maltraitance physique entre Caïn et Abel. Ces 3 personnages bibliques, Joseph, Jésus et Abel correspondent donc parfaitement à l’esprit symbolique de la licorne, en ce sens que leur dissemblance intrinsèque contraindra le témoin, le frère ou le disciple à les trahir ou à les tuer.
A SUIVRE....
Thierry Didier
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