Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.
Le ferment est la chose qui en fait fermenter une autre. Les justes, les prophètes, sont-ils les ferments qui ouvrent la voie qui permet aux hommes de devenir plus harmonieux, plus radieux que jamais ? Les justes sont-ils ceux qui empêchent la destruction totale du monde quand celui-ci est soumis à l’injustice, à la barbarie, à l’iniquité, si c’était le cas nous aurions évités toutes les catastrophes, les guerres, ils ne sont donc que des contributeurs à l’harmonie du monde à cette théodicée recherchée. Faut-il s’en remettre uniquement et exclusivement à eux, les justes, les messies, les sages, ne sont que des ferments. Ils ne peuvent pas résoudre les problèmes à notre place, ils nous donnent simplement des clefs.
Ils participent au savoir, mais ils ne sont que des symboles vivants ou mythiques à nous de parvenir à la Connaissance. Cette Connaissance qui est recherche de la Vérité et qui est Amour et altérité. Cette donc une erreur que de croire que seule la bonté, l’humilité, l’exemplarité de quelques-uns peut sauver, reconstruire, rénover le monde. C’est un projet collectif où nous devons prendre notre part, à notre place. (Prenez-place mes sœurs et mes frères à vos places et vos offices.) On ne peut pas déléguer, accepter nos insuffisances, nos refus de faire le bien, le bon le juste. Les autres fussent-ils justes et des sages ne peuvent pas se substituer à nous, comme les paroles substituées ne sont que des étapes vers la recherche de la Vérité de la Parole perdue.
Levinas le philosophe de l’altérité inconditionnelle émet une autre hypothèse face aux justes et aux messies : Le fait de ne pas se dérober à la charge qu’impose la souffrance des autres définit l’ipséité même. Toutes les personnes sont le messie. [1]
Il ne faut donc pas attendre le temps presse de passer de la pensée à l’action. Il ne faut pas attendre un soutien providentiel, se soumettre à l’incertitude qui modifierait le cours de notre histoire, de l’histoire. L’initiation est commencement, commençons donc, entrons-en nous-mêmes comme le suggère le V I T R I O L du Cabinet de réflexion. La puissance de l’introspection nous ouvre la voie, nous permet de supporter les souffrances de tous, j’ai la capacité d’assumer, c’est ma responsabilité personnelle qui devient dès lors universelle. Le ferment est donc en moi, c’est le levain du pain, c’est le grain mis en terre qui lève et donne les beaux épis blonds dans lesquels chante le vent de l’harmonie, chante cette mélodie universelle de l’Amour.
Le ferment est persévérance et espérance dans le cœur des hommes, plus il gonfle, plus il remplace la haine et sa violence.
Le ferment, fertilise notre jardin intérieur associé à la rosée céleste il faire croître les roses de l’Amour. L’initiation maçonnique recherche de la Lumière, permet à chaque femme, à chaque homme pourvu qu’ils soient de bonne volonté de recevoir ce ferment, de le sortir de son exil, de son sommeil, de la dévoiler. Ainsi l’Âme humaine atteint sa grandeur et se tourne vers l’infini. Les initiés ne construisent pas des temples matériels éphémères, mais construisent en eux avec le ferment de l’Amour une demeure spirituelle capable d’accueillir l’altérité qui met fin à leur souffrance et à la souffrance du monde.
Réparer n’est jamais effacer, c’est d’abord tenter de remettre en état de marche ou de compenser des torts, d’essayer de dédommager ou de surmonter un échec. À qui demander réparation ? Peut-on tout réparer, réparer un oubli, une offense ou pire crime ? Tout réparer, comment ? Et même réparer son honneur… Toujours, il s’agit de recoudre nos vies fragiles, nos déchirures, comme dans un raccommodage permanent.
Alors, célébrons la réparation. Ne tentons pas d’effacer ni de cacher ce qui s’est produit. Dans la culture japonaise, on met même en évidence les traces de la réparation sur le bol dont on a recollé les morceaux. Pour rester conscient de la réparation, en garder la trace comme d’un accident de la vie de l’objet. Pareillement, avant la survenue de l’économie jetable, on savait réparer le tissu taché ou déchiré ; une nouvelle broderie venait parer à nouveaux frais le vêtement d’une décoration qui n’était pas initialement prévue.
La réparation devient alors création, réinvention, car réparer n’est jamais un retour à l’état initial. Beauté du geste de réparation. Qu’a-t-on réparé dans cette réparation ? L’objet, l’acte ou bien le réparateur lui-même, l’artisan qui est davantage qu’un habile bricoleur. Soyons donc cordonniers, ravaudeurs, rétameurs et réparateurs de porcelaine, de nos vies à sans cesse réparer, réinventer, régénérer dans un continuel accomplissement.
Et puis acceptons ce qui ne peut pas être réparé, accueillons notre impuissance devant l’accident, la survenue du malheur. Tenons-nous là, simplement là, devant la béance ou l’absence de ce qui ne sera jamais réparé. Et cherchons assez de force réparatrice pour faire face aux ciseaux de la Parque.