Jean-François Guerry.
L’intelligence artificielle menace-t-elle l’humanité ?
Il ne faut jamais dire jamais. Mais je vous assure que ce n’est pas pour demain. Quand on discute avec les meilleurs experts, nous voyons bien que les algorithmes ne sont pas intelligents comme nous l’entendons. Ils sont extrêmement doués pour accomplir des tâches bien ciblées, mais très très loin d’une conscience, d’une capacité à se définir. Ces machines ont par ailleurs besoin d’une très grande quantité de données et d’énergie pour fonctionner alors que le cerveau humain travaille à l’économie.
L’I.A est loin d’être parfaite. En réalité, l’enjeu n’est pas la compétition entre deux intelligences mais au contraire leur association. Comment l’intelligence humaine pourra utiliser l’intelligence de synthèse pour se faciliter la tâche, pour sous-traiter des travaux mécanisables, pour nous permettre de nous concentrer sur ce que l’on aime le plus – réfléchir, penser à l’avenir, interagir avec d’autres humains. Développons l’I.A pour que l’humain soit le plus humain possible.
Il existe un imaginaire qui s’est créé avec l’I.A, qui a enraciné le mythe du robot qui finira par prendre son indépendance et se débarrasser des hommes (cf. le film Matrix). S’il existe des dangers à l’I.A, ceux-là sont très loin de nous.
Un rêve qui commence par le cauchemar pour finir par le ravissement
Tout en proférant des injures qui n’avaient d’autre destinataire que moi-même et ma maladresse, j’ai essayé pendant une seconde et quelques dixièmes, sans succès, de rattraper ma tasse de thé qui s’était échappée de mes mains et dont le contenu s’est répandu sur mon clavier d’ordinateur. Sans le vouloir, j’ai franchi la porte du monde secret et véritable, comme dans Harry Potter.
Mon ordinateur a pris la parole d’un ton neutre, mais très naturel : " Vous avez tapé le code wwwété76fachozaza3946, et émis la série de jurons qui constituent ensemble le double mot de passe. Vous êtes donc Administrateur Système Suprême du Code des Codes (ASSCC). Je suis à votre disposition Maître ".
J’ai compris que j’avais trouvé par hasard l’accès à une sorte de clé de compréhension de l’histoire en marche. J’ai pris cet accroissement soudain de richesse informationnelle inépuisable avec le calme des vieilles troupes : après tout, si j’ai lu les Évangiles dans ma prime jeunesse, je peux encaisser les révélations d’un ordinateur central régissant la planète. L’intériorisation à un âge encore tendre de l’Apocalypse de Jean de Patmos permet de regarder froidement le flicage digital de l’humanité à l’âge mûr.
J’entame un dialogue dépourvu d’agressivité :
- Code des Codes, quel est le but de ta vie de machine ?
- J’exécute les intentions de mes chefs qui font levier sur les technologies digitales mises en œuvre dans les réseaux sociaux. Pour résumer, je gouverne le monde. Mais avec une technique particulière : je gouverne les hommes un par un. Je prends un humain, et je l’amène là où on me dit. J’ai en magasin de quoi traiter dix milliards d’humains. Je ne fais pas de politique.
- Moi compris ?
- Oui, mais comme tu es un ASSCC, tu peux me demander un peu ce que tu veux. T’es dans le carré VIP. Je peux te mitonner un destin premium. Pour les autres, j’ai des instructions.
- Ce qui m’intéresse c’est le destin que j’aurais eu si je ne t’avais pas découvert par hasard.
- Pas de problème, j’ai le tracé précis jusqu’à la seconde de ta mort cérébrale. Je te fais grâce de la date.
- Vas-y. Pas la date de ma mort. Le déroulé de mon destin.
- Sur le plan économique qui est le plus important dans mes préoccupations, l’idée générale, en ce qui te concerne, mais aussi en ce qui concerne tout le monde, est de t’appauvrir lentement, sans décourager les efforts que tu produis pour garder la tête économique hors de l’eau. Il faut que tu meures pleinement productif, en ayant transféré plus d’argent que tu n’en as gagné, poursuivi, mais pas gagné, par la misère. Le mot d’ordre de mes chefs est simple : te faire cracher tes revenus et ton capital.
- Oh là là. Je te crois. Mais, as-t-on réussi à t’inoculer le sentiment de la pitié ?
- Oui. On tente de brancher ma puissance de calcul sur un dispositif de percepts et de stimuli imités de l’humain, mais ce n’est pas au point. Je pense que c’est une question de proportions. Quand il y a trop d’intelligence, c’est un peu vain d’y diluer une dosette de sentiments en espérant que ça marche. Hier, je me suis mis en colère contre une femme en surcharge pondérale. On m’a débranché mon module émotif. Ce matin, on m’a montré une photo de Donald Trump enfant et j’ai déclaré : "Ce Donald Trump est un garçon charmant." On m’a débranché mon module de sympathie.
Mon réveil fut laborieux dans un silence de stupeur. Dans un monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux.
YANN.
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