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e duel sans merci de l’Apocalypse sera donc une forme de « collision collusive », comme on le fait dire par Salomon, dans : Pr. (3, 12) : « Car l’Éternel châtie celui qu’il aime, comme un père l’enfant qu’il chérit. » Le 17ème degré qui porte, au REAA, sur l’Apocalypse, n’est pas situé après les 2 Testaments, mais entre ceux-ci, contrairement à la Bible où, dans sa lecture littérale, la « fin des temps » est considérée comme une forme de finalité linéaire, alors qu’ésotériquement, la fin des temps est simplement le moteur continuel de la vie, et donc l’avènement perpétuel de la modernité. Ça n’est pas un hasard si le 17ème degré est situé au milieu du déroulé des degrés écossais, entre Ancien et Nouveau Testament, car il est l’expression même d’une nécessaire « confusion des langues » qu’on pourra nommer modernité.
Paradoxalement, la « fin des temps » matérialisera cette fonction intestine qui est celle d’un continuum, obtenu par la fusion des éléments qui l’ont précédé, car, comme le dit Leibniz, « la Nature ne fait pas de sauts ». Si ces sauts existaient, il y aurait un aggiornamento permanent, oublieux de ce qui l’a amené à cette mise à jour, et qui serait indissociable de la progressivité de l’existence : l’Apocalypse et la modernité n’y auraient pas leur place.
Roland Barthes, chantre de la modernité, prétend avoir abandonné celle-ci le jour du décès de sa mère : « Tout d’un coup, il m’est devenu indifférent de ne pas être moderne », dit-il. On peut l’expliquer par le fait que le deuil a fait de lui un survivant, et qu’on ne peut pas être à la fois survivant et moderne. La survivance semble clouer au pilori un passé qui n’est plus alors qu’un passif duquel il faudrait se défaire. Cette disparition d’une forme de passif, d’ancien, obèrera cet affrontement qu’est la modernité : ne subsisterait alors plus qu’un présent, suffisant pour définir un contemporanéité, mais insuffisant pour créer de la modernité. Ce qu’il faut bien comprendre aussi avec le 17ème degré est que la nature des valeurs s’opposant 2 à 2 n’a pas de connotation morale, c’est-à-dire que vertus et vices ne subsistent que par leur affrontement, et que rien ne prédispose le passé à être passif, et le présent à être réduit à un actif, dans son sens de don, de cadeau. Au 17ème degré, ces deux versants cesseront d’alterner, pour se faire front.
Lors de l’Apocalypse, Il n’y a plus d’orthodoxie, c'est-à-dire un milieu triomphant qui dicterait ses lois, car « il n’y a plus de temps », donc plus d’espace, et plus de références immuables : le tableau de loge sera une mise à plat. Cette mise à plat ne gommera pas les attributs représentés, mais, en les exposant simultanément, les fondera en un compromis où ils perdront leur influence morale, que celle-ci soit positive ou négative. Cette fusion symbolisera le moderne, là où le vieillard central symbolisera l’Ancien. Cette orthodoxie s’est construite sur notre passé : elle est ce par quoi nous existons et ne peut donc pas disparaître complètement. Elle sera simplement partiellement démantelée, ne sauvegardant qu’un reste, Le cœur de ce mécanisme est relaté par le récit de l’Apocalypse, et son moteur en est l’eschatologie comme l’illustre le texte biblique de l’Apocalypse. Ce reste sera un témoin, qui sera là pour entériner le passé et pour acter le présent, c’est-à-dire être moderne.
Le mécanisme de L’Apocalypse sera celui de l’eschatologie, c'est-à-dire du dialogue avec le « dernier » ou du rapport au dernier connu. C’est comme-ci ce rapport au dernier était une façon d’envisager notre propre situation dans un cadre déterminé. Ce dernier n’est pas une extrémité, mais une réalisation transitoire, et notre rencontre, à un moment donné de notre évolution, avec nos confins du moment. Le terme de dernier est d’ailleurs ambivalent : il peut signifier une finalité inscrite dans notre futur, mais également le dernier nommé, désignant alors le passé le plus immédiat C’est ce qui permet de pouvoir qualifier l’eschatologie, tout comme l’Apocalypse, de moderne. A cet égard, le Reste de l’Humanité qui sortira sauf du combat eschatologique de l’Apocalypse ne sera pas une somme de survivants, qui alors oublieraient ce à quoi ils ont pu échapper, mais une somme de modernes. Nous pouvons progresser encore plus avant dans le mécanisme de la modernité par l’abord détaillé du tableau de loge du 17ème degré, Chevalier d’Orient et d’Occident. Déjà la titulature même du grade, participant de 2 mondes radicalement différents, pose les bases du mécanisme profondément binaire auquel nous allons être soumis.
Notre progression maçonnique est une quête initiatique, et l’initié, acteur et sujet de cette quête, en est aussi l’objet, c'est-à-dire le matériau. Dans le déroulé des légendes que nous propose notre rite, l’objet d’un degré devient le sujet d’un degré ultérieur, comme si, pour être « complet », un travail de rapprochement était nécessaire. C’est ce travail qu’on qualifie de modernité. La modernité transparait ainsi au grade de Chevalier d’Orient et d’Occident par l’opposition préalable à l’amalgame de 2 groupes d’entités, qui reproduisent de façon mimétique la dynamique de cette modernité. Au-delà de sa dimension cosmologique, l’Apocalypse sera donc avant tout le télescopage des deux versants qui constituent l’humain, à savoir bibliquement le Bien et le Mal, et initiatiquement le sujet et l’objet. Á partir du moment où ces 2 milieux seront définis, leur confrontation deviendra le lien de modernité, c’est-à-dire ce qui joint passé et présent, Anciens et Modernes.
« Les temps sont proches » et « il n’y a plus de temps » témoignent d’un enchainement apparemment contre-intuitif qui balaie le référencement ordinaire du passé et du présent : par ces 2 phrases, on s’approcherait d’un futur, et une fois que celui-ci est atteint, tout deviendrait superfétatoire. Cette façon d’exister est profondément humaine, car lorsque l’on atteint un but que l’on avait poursuivi, celui-ci perd alors ce qui en faisait préalablement sa prégnance et sa substance, pour se diluer dans la masse mémorielle. Lorsque cette masse mémorielle se verra posée en un incontournable axiome symbolique, elle s’ajoutera au présent, et c’est l’ensemble qui deviendra moderne.
Thierry Didier
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