Mais pourquoi se mettre en chemin ? Faut-il qu’il y ait un but ?
Nous sommes conditionnés à attendre que tout ait un sens. Nous attendons de l'utilité dans chaque mot, action ou expérience. Cette quête de sens nous empêche bien souvent d'envisager la spiritualité. Car plus vous tenterez de la définir, plus vous vous en éloignerez. Certaines choses n'ont ni sens ni but : elles « sont », simplement.
Comme le chant d’un oiseau ou le rire d’un enfant, la spiritualité n’a pas besoin de sens ou d’utilité pour se vivre.
L’homme est le seul être vivant sur cette planète qui accède volontairement à une liberté gagnée sur « l’utilité » naturellement intrinsèque à la vie et à son évolution. Cet homme qui s’émancipe de l'« utile » pour rejoindre l’invisible prend son élan vers le spirituel.
L'invisible n’est ni religieux ni dogmatique. Il se veut universel, ouvert aux hommes qui acceptent d’élever progressivement leur conscience et de convertir leur regard.
Existe-t-il une méthode ?
Il n’existe certainement pas le chemin pour rencontrer « l’invisible ». De nombreuses voies existent ; elles ne sont pas parfaites, mais tentent d’être les moins imparfaites possibles.
Un point commun entre toutes ces méthodes : elles font appel à une première phase d’éveil, pour passer du « mou » à « l’invisible ». On parle alors d’initiation traditionnelle, de rite de passage, d’apprentissage...
Pourquoi nos civilisations s’éloignent-elles de l’invisible ?
Penser universellement, penser à nos vies et à nos origines à travers la spiritualité, est presque un tabou, tant ces sujets sont à l’opposé de nos préoccupations majoritairement centrées sur l’immédiateté et le plaisir.
Il devient quasiment impossible de penser librement. La norme impose que chaque pensée, chaque expression personnelle soit référencée : à tel ou tel penseur, à telle ou telle religion, à un groupe ou une croyance.
Nous vivons dans un monde de normes, de lois, de standards.
Dis-moi ce que tu lis, ce que tu regardes, qui tu fréquentes, et je te dirai qui tu es...
Quelles sont les différences entre religions, sciences et spiritualité ?
Les religions sont fondamentalement construites à partir de croyances, c’est-à-dire d’une acceptation sans retenue d’une vérité dont l’origine et le contenu ne peuvent être remis en question. On parle de foi, de culte, de pratique. J’aurais tendance à placer les religions dans le « dur ». Les écoles religieuses forment les pensées par l’enseignement, la lecture des textes et la pratique de rituels.
Les sciences, quant à elles, se construisent par propositions successives soumises à la validation de pairs. La vérité scientifique n’est, de ce point de vue, qu’éphémère, puisque l’hygiène du doute, qui habite tout scientifique digne de ce nom, lui impose de ne rien accepter pour vrai. Le scientifique ne peut que prouver qu’une chose est fausse, mais non qu’elle est vraie.
La science fait appel au « mou ». La science n’est pas une école de pensée, mais une école où l’on apprend à penser.
Le spirituel, lui, s’intéresse à la perfectibilité de l’homme, et œuvre à ce progrès en faisant appel à autre chose que le « dur » et le « mou ». L’homme qui s’engage dans l’invisible doit d’abord procéder à une remise en question de tous ses dogmes, bouleversant des pensées contraintes par des siècles d’héritages immobilistes.
La spiritualité n’est donc ni une école de pensée, ni une école où l’on apprend à penser, mais bien une école où l’on apprend à déconstruire sa pensée. Il s’agit de créer un éveil, un chemin de liberté sans dogme.
Comment faire l’expérience de l’invisible ?
« L’invisible » est vécu individuellement, dans le ressenti de chacun. Chaque expérience ne se vit qu’à l’intérieur de nous-même, sans possibilité de la partager simplement par des mots ou des formules, comme le ferait la science. Nous sommes d’ailleurs pauvres en mots et concepts pour en parler.
Selon la légende (non vérifiée de mon côté), les Inuits posséderaient plus de 50 mots pour désigner la neige sous toutes ses formes et textures. Vivant dans des contrées glacées, ils en sont devenus spécialistes.
Nous concernant, les contrées de l’invisible nous sont presque inconnues, et notre vocabulaire est pauvre pour en parler. Tout au plus utilisons-nous « spiritualité », « âme », mais sans définition signifiante, partagée de tous.
« L’invisible » se manifeste en nous par les effets de notre expérience. Elle est intime.
C’est un peu comme apprendre à nager. Je m’explique : ce n’est pas parce qu’un champion vous raconte comment nager que vous saurez ce qu’est « nager », ce qu’est la sensation de flotter et d’avancer dans l’eau. Il en va de même pour la rencontre avec l’invisible.
Nos mots sont pauvres pour parler de la spiritualité et la conceptualiser.
Alors, pour l’exprimer, nous pouvons utiliser des symboles — ceux-là mêmes qui traversent les civilisations et dont les interprétations sont quasi universelles : soleil, lumière, arbre, pierre...
Ces symboles permettent de se rapprocher d’une compréhension commune par leur capacité à contenir du sens, mais deviennent aussi des outils pour libérer et faire émerger les parties « invisibles » de nous-mêmes, jusque-là prisonnières de l’hyper-matérialité de nos intellects.
Les symboles sont des portes, des chemins ; ils deviennent les porte-voix de l’âme. Ils bouleversent les contingences de la raison.
Comment concilier le dur et l’invisible ?
Il ne s’agit pas d’opposer matérialité et spiritualité, car à mon sens ces deux infinis sont les deux faces d’une seule et unique chose inexprimable.
Comme Janus aux deux visages, ce monde possède un endroit « dur » et un envers « invisible ».
Le « mou » serait la vision de ces deux visages vus de profil.
Les physiciens parlent de quantique pour désigner des particules à la fois ondes ET corpuscules.
De la même manière, notre univers est dur ET invisible. Ce n’est pas l’un ou l’autre, mais bien les deux à la fois.
Nous sommes plus que le triptyque corps, esprit et âme : nous avons la capacité de créer une transcendance, qui est la construction de ces trois parties inséparables.
Il ne s’agit pas de rencontrer la spiritualité, ni d’en trouver le sens ou de la faire sienne. Il n’y a pas de révélation, ni de formule magique, ni de secret. Il s’agit de devenir la spiritualité, de créer « l’invisible » en soi.
Comment passer du « dur » à « l’invisible » ?
La spiritualité nous invite à nous écarter des pensées des autres et à trouver les nôtres.
C’est un chemin qui mène de la surface à l’intérieur des choses...
À y regarder de près, l’homme évolue en permanence à la surface, et non à l’intérieur des choses. Notre existence s’inscrit dans cette frontière qui nous distancie de la profondeur du monde.
Ce que nous appelons « la réalité » n’est, en fait, qu’une pâle représentation « molle », intellectuelle, permise par les informations issues de nos sens sur un monde « dur » qui nous échappe.
Des étoiles, nous n’observons que la lumière de leur surface. Des atomes, nous ne connaissons que les liaisons externes. L’intérieur d’un seul atome reste inconnu à notre science.
Du macrocosme au microcosme, nous ne sommes que des visiteurs de la surface des choses.
Il en va de même pour nos intellects et nos pensées. Elles restent immanquablement à la surface. Peu s’invitent à pénétrer à l’intérieur, vers un au-dedans, à la découverte des dimensions invisibles de ce monde.
Franchir la frontière demande un effort, car cela nécessite un déséquilibre de notre première compréhension.
Quitter un confort de surface, bloquer nos premiers réflexes, imaginer que quelque chose de plus-grand-que-soi existe : ce sont des démarches qui bouleversent l’être lorsqu’il s’initie à ces pratiques.
Comment approcher « l’invisible » ?
Les dimensions spirituelles ne nous sont pas interdites. Au contraire, elles nous ont toujours été proposées.
La difficulté principale, c’est nous-mêmes.
Nous sommes notre propre frein. Il est nécessaire d’ouvrir notre esprit, de ne pas nous enfermer dans nos propres cages ou grottes, pour nous inviter à cette exploration.
Oser reconnaître son ignorance, oser douter, oser se questionner : voilà trois clés, trois marches, qui nous éloignent de la surface du dur vers une exploration de « l’invisible ».
« L’invisible » est comme un immense jardin dans lequel nous cheminons.
Il nous faut lâcher prise, délier lentement les liens créés par nos intellects, nos réflexes pavloviens, souvent récompensés par l’utilité, afin qu’avec un regard différent, nous puissions traverser la surface de nos propres illusions.
Voyageons vers l’invisible.
Philippe Dubach.
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