L ’Avatar
L’être humain est foncièrement duel, et son existence même est conditionnée par des dichotomies dont la plus emblématique est celle d’un univers constitué de matière et d’esprit. Cette distinction, quoiqu’indispensable, n’est qu’une pure abstraction nous permettant, par son caractère didactique, d’avancer dans la vie sans nous condamner à n’en être qu’une poussière sans avenir. L’homme initié « lovera » ainsi sa conscience sur un milieu ambiant, qu’il choisira plus ou moins initiatique, grâce à d’incessantes transitions de la matière à l’esprit, et de l’esprit à la matière. Ces passages seront considérés comme des Kaïros, c’est-à-dire des moments de vérité, des zones grises, des confluences éphémères entre transcendance et immanence, entre régulier et séculier, entre divin et terrestre. Ces moments seront objectivés par ce qu’on appelle communément des avatars. Si l’on oublie le multivers 2 points zéro et l’avatar en tant que transposition dématérialisée de soi-même, ce mot possède une triple acception dans la littérature : il signifie, dans le sens qui nous intéresse ici, un objet, une croyance, une attitude ou un concept dont la teneur, la portée ou l’origine variera en fonction du degré évolutif, civilisationnel ou religieux du sujet qui l’observe, avec néanmoins une structure pour une part indifférente au contexte.
L’avatar premier, pour nous maçons, sera le rituel maçonnique, dont Claude Guérillot dit : « Un rituel comporte un noyau, symbolique ou ésotérique, et un discours exotérique. Le discours évolue souvent en fonction des circonstances et des modes. Le noyau est beaucoup plus stable et n’évolue qu’avec le mythe qu’il met en scène. » La citation prêtée à Nietzsche, quelque peu galvaudée, « deviens ce que tu es », mêlant fond et forme, universalité et individualité, témoigne en effet, même si elle n’est pas la seule, d’une forme de pérennité du sens, indépendamment de l’époque et de la civilisation concernées. L’avatar, en tant, par exemple, que déclinaison religieuse et matérielle du principe divin, notamment dans l’hindouisme, définit bien cette caractéristique. L'hindouisme avait avant tout comme viatique toutes les sciences de son époque : le droit, la politique, l'architecture, l'astronomie, la philosophie, la médecine ayurvédique et d'autres savoirs qui avaient en commun une forme de substrat religieux éclectique faisant un peu penser à Babylone, ses sciences et son hénothéisme.
On peut alors considérer l’avatar comme le produit visible d’un amalgame réussi entre matière et esprit. L’avatar hindouiste représente donc une sorte de syncrétisme dans lequel sont mêlés Divin et matérialité, selon un cycle de réincarnations multiples, rapprochant progressivement le croyant d’une forme de perfection ultime. Cette « complémentation spirituelle » cumulative qu’est la théorie de la réincarnation correspond assez bien à l’évolution maçonnique, faite de progressivité et d’évolutivité. En cela, le cycle de réincarnations se montre plus subtil que la seule espérance en une vie nouvelle, car en étageant sur plusieurs existences le principe vivant d’une individualité, il allège le fardeau pénitentiel propre à chaque « renaissance », à chaque « transmigration des âmes ». Il nous rappelle, à nous maçons, notre aggiornamento permanent, fait de changements et d’adaptations, donc l’acmé sera l’« Homme en bonne santé », spirituelle comme métaphysique dont le Chevalier du Serpent d’Airain, 25ème degré du REAA, est le parangon. De plus, tout comme la franc-maçonnerie évolue en bénéficiant des acquis des générations précédentes, le Karma sera fondé quelque part sur les avantages et désavantages des vies passées, devenant alors l’indispensable « bruit de fond » de l’existence présente. Pour corroborer cette variété d’abords, le vishnouisme distinguera plusieurs types d'avatars, dont Krishna est le seul considéré comme un avatar complet de Vishnou en tant que principe ultime. Les autres avatars seront alors décrits comme des incarnations partielles ou des manifestations particulières de certains aspects du divin. La fonction première de l'avatar est cependant chaque fois la même : rétablir le dharma, désignant l'ensemble des normes sociales, politiques, familiales, personnelles, naturelles ou cosmiques, qu’on assimilera dans le REAA à la Loi universelle, représentant l’ensemble des équilibres nés d’une collusion entre le divin et le profane. C’est aussi sous cet angle, nous le verrons plus avant, que Claude Guérillot abordera les différents Chevaliers Kadosch de l’initiatique, qui correspondent, d’une certaine façon, à l’éclectisme des avatars de Vishnou.
THIERRY DIDIER.
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