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ous avons coutume de voir, et c’est déjà un pas important, la potentialité comme un chaos primal dans lequel vont peu à peu s’installer les forces de l’ordonnancement qui, par l’explosion de la vie, aboutiront à une forme de différenciation de l’existence : c’est tout le sens ésotérique de la Chute adamique depuis le Paradis vers la vie sensible. Cette vision est logique mais parcellaire, car ce qui semblera couler de source dès que la flèche du temps opérera son long travail de lissage des mondes et des consciences proviendra justement de cet écoulement du temps et de cette inflation de l’espace déterminant la vision que nous avons de l’Univers. Pas dupes de la réalité des choses, les alchimistes parleront pour cette forme initiale, de « masse confuse », épithète ambivalente de cette mouvance initiale à laquelle nous pouvons relier tout le contenu du Cabinet de Réflexion.
Confuse car ce terme évoque tout autant le désordre qu’une forme de fusion, d’accord originel entre les parties. Dès la sortie de la tenue, temps linéaire et espace inflatif prendront leur droit, et les différents éléments composites rencontrés et égrenés dans ledit cabinet s’étalonneront alors sur l’élan de la vie, se retrouveront et se regrouperont afin d’exister dans la « vie réelle ». Ce passage sera une épreuve, en l’occurrence celle de la terre alchimique, mais pas un véritable voyage, ce dernier terme réclamant une forme de syncrétisme entre l’essence de l’initié, et son environnement calibré, voyages que nous découvrirons seulement lors des 3 épreuves de l’Air, de l’Eau et du Feu. L’épreuve de la Terre sera différente, car le référent sera ici un monde immobile, propre à relayer un périple pour le coup intérieur. L’initié deviendra le spectateur impliqué de ses propres mouvements, de ses soubresauts. Ce mot signifie étymologiquement « saut périlleux », affirmant l’occurrence de l’imprévu, de l’involontaire, de la soudaineté, tous viatiques nourrissants, par leur énergie de l’insolite, cette transformation intime. Si cette épreuve de la Terre n’est donc pas un voyage proprement dit, c’est donc que le temps baignant le Cabinet de Réflexion apparaîtra comme figé. Le Cabinet de Réflexion est potentialité et non manifestation. Dans cet état de fait, tout est, pour le dire en bon français, « en standby ». Mais en même temps cette « sidération symbolique » offrira à voir au récipiendaire la source même des choses, leur constitution initiale. La vision éclatée des choses de la vie ne pourra se visualiser que durant cette phase de potentialité initiale. Une fois que le train de la vie et sa flèche du temps sera enclenchée, elle emmènera dans son élan toutes les composantes initiales en un flux qui paraîtra alors continu, où les spécificités de chaque chose disparaitront au bénéfice d’une forme dynamique, mobile, du temps linéaire.
La mythologie recoupe le symbolisme initiatique, ou l’épouse, c’est selon : Chronos, divinité primordiale du temps dans les traditions orphiques, va engloutir les « enfants du Tout », c’est-à-dire qu’il va avaler les « parties » du temps. Cette dévoration correspondra à l’assimilation des 3 caractéristiques du temps, symbolisés dans le Cabinet de Réflexion par le Coq, le sablier et le crâne. Ces composantes archétypiques du temps s’effaceront sous l’action de la flèche d’un temps pour le coup linéaire, qui les contiendra tous : on dira que Chronos ingérera, absorbera ses enfants. Cronos sera ainsi le « coupeur » entre le ciel nocturne (Ouranos), symbolisé par le Cabinet de Réflexion et le ciel diurne, celui de la manifestation ostensible de la suite de la cérémonie d’initiation. Ainsi, si la pensée ternaire était le moteur idéel de l’évolution du maçon, ça ne serait pas uniquement parce que 1+1=3, mais aussi parce qu’il s’agira là du retour à cette forme triadique à la fois indifférenciée et composite du temps rencontré dans le Cabinet de Réflexion.
Le temps y est décomposé, je le répète, entre 3 entités : le coq, symbole du réveil, du départ, de la source et de la création ; le crâne, symbole de l’inéluctable fin du temps ressenti, du terme organique de la création ; et le sablier, corpus d’un temps visualisé comme à la fois linéaire et cyclique. On pourra ensuite considérer, nous y reviendrons, que le temps long, le temps immédiat et le moment de vérité, ou Kaïros seront le prolongement, suivant le temps linéaire, respectivement du crâne, du coq et du sablier. Dans le Cabinet de Réflexion, tout sera ainsi présent, mais rien ne sera ordonné : il faudra l’avènement de la Loi Universelle, régissant l’action du principe créateur sur la matière, pour aligner et structurer lesdits éléments sous le flux de l’espace-temps tel qu’on le connait.
Thierry Didier.
Éditions Complicités Symbolon
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