A la lecture du Littré : « le mur est un ouvrage de maçonnerie dressé et portant en terre sur des fondements, ou sur un plancher artificiel. »
Le sentiment que m’inspire cette définition est que nous construisons des murs sur des planchers artificiels. Aux États-Unis le nouveau Président veut construire un mur de séparation entre les américains et les mexicains. Ailleurs au proche orient on construit un mur en terre « sainte ». Chez nous l’on érige des grillages non pas dans les zoos pour se protéger des animaux sauvages que nous enfermons, mais le long du chemin qui conduit à la terre d’espoir des migrants.
A l’est l’on délègue pour fermer nos frontières. « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde. » Silence, fermer le ban.
Plus près de chez moi, dans ma ville, mon village, ma rue l’on construit des murs encore bien plus étanches, les murs de l’indifférence. Des parties entières de la population se retranchent derrière ces murs « de sénioriales », cimetières d’éléphants ou dernière halte avant l’EHPAD joli nom dans la lignée du mal ou non voyant qui a remplacé l’horrible appellation d’aveugle, l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, la vie entre soi c’est autant de murs entre les générations, comment profiter de la sagesse de nos anciens enfermés ensemble.
Les murs ne seraient donc construits que pour séparer les peuples, les catégories sociales, pour faire face à la peur de l’autre, mais surtout à la peur de soi-même, c’est notre refus de nous regarder dans le miroir.
Vous devez penser que je suis un grand naïf, sans aucun doute je suis un Franc-Maçon, je suis envahi par l’émotion.
Cette semaine j’ai pris la file d’attente aux « Restos du cœur », j’avais quelques vêtements a donner et j’ai vu dans cette file, tremblants dans le froid des mères de famille avec leurs enfants, des jeunes hommes, des personnes âgées, là pas de murs tout le monde ensemble dans la même file….
J’ai vu aussi des hommes debout le sourire aux lèvres, la main tendue par dessus le mur de l’indifférence, de l’insouciance, j’ai reçu mon salaire. Beaux actes d’amour au delà des paroles, donnés par ces soignants du cœur.
Comment admettre que la 5ème ou 6ème puissance du monde ne puisse pas construire les murs des maisons qui pourraient abriter les plus démunis de ces citoyens.
Est-ce la faute à nos dirigeants ? « Pas que », un de mes Frères membre actif des Restos du Cœur m’expliquait que près de ce hangar de l’association, il y a de l’autre côté de la rue, du mur, des résidents « normaux » qui se plaignent de la nuisance occasionnée par les déplacements incessants des allocataires des Restos du Cœur, cela les dérangent, il est vrai que la misère est difficile a supporter.
Il est temps de détruire les murs de séparation, les murs de clôture, les murs de barbelés de triste mémoire, sous lesquels périssent les hommes sous les coups de leurs frères, détruire les murs de l’orgueil, de l’ignorance, du fanatisme, il est temps de refaire notre chemin de Babylone à Jérusalem, de reconstruire nos cathédrales intérieures, pour qu’elles fassent jaillir la Lumière dans le cœur des hommes. Il n’est pas de mur que le courage, l’espérance et l’amour ne puisse franchir.
JF.
Nuit et Brouillard Jean Ferrat (Paroles)
Pour ne pas oublier le passé et ne pas le revivre dans le futur. Mise en garde: Certaines images peuvent choquer un public sensible.