DU LIBRE ARBITRE, DE LA MORALE, DE LA PERFECTIBILITE.
La pratique de la philosophie, j’ai bien dit la pratique en tant qu’exercice spirituel et l’initiation maçonnique sont-elles si différentes ? Elles naissent d’une prise de conscience de l’incomplétude de la matérialité pour donner un sens à notre vie. D’un désir de spiritualité, d’une volonté d’élever, de libérer son esprit.
La source serait donc située dans notre conscience, dans ce désir du vrai et du juste qui apparaît comme une forme de morale choisie. Cela pose dès lors la question du libre arbitre par opposition au déterminisme, l’homme a-t-il la liberté de choix, peut-il choisir le bien ou le mal, le vice ou la vertu est-il libre, et si cette liberté vient de sa conscience, celle-ci émane-t-elle d’une transcendance d’un grand architecte créateur, qualifié de bon par nature. Dès lors le mal ne résulterait que du choix personnel de l’homme.
Adam pêche par vanité dans l’espoir de devenir Dieu, Caïn par son fratricide devient l’incarnation du mal, il est déréglé par son orgueil et son ambition. Pour être libre et bon il faut donc combattre ses passions, au minimum les maîtriser.
Où se situe l’influence du grand architecte dans notre libre arbitre, sommes-nous des marionnettes entre ses mains ou des êtres conscients, actifs, perfectibles ? C’est cette conjonction de l’immanence et la transcendance qui s’incarne dans la progression initiatique, la lumière ne demande qu’à grandir, les ténèbres doivent diminuer.

Quand par la force de sa volonté l’on exerce son libre arbitre, naît la satisfaction du devoir accompli, le sentiment que nous avons fait en conscience ce que nous pensions devoir faire, alors on ressent non pas de l’orgueil, mais une forme de paix intérieure. Ce libre arbitre exercé nous porte vers le bien.
« Bien faire et se tenir en joie. »
C’est l’esprit de Spinoza, c’est l’esprit tout court. Il y a dans cette action plus d’éthique que de morale, élever son esprit, c’est exercer son libre arbitre, faire son devoir. C’est faire des exercices spirituels à la manière de Marc Aurèle, une gymnastique personnelle et permanente de l’esprit, comme l’on fait de la gymnastique pour entretenir son corps.
L’expression du libre arbitre, du devoir moral pourrait presque se résumer dans ces deux citations de Marc Aurèle :
« Ne plus du tout discuter sur ce sujet ‘que doit être un homme de bien ‘, mais l’être. » Pensées x.
« Voici la morale parfaite (on pourrait remplacer le mot morale par devoir) vivre chaque jour comme si c’était le dernier ; ne pas s’agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant. » Pensées VII.

On ne peut donc s’initier que par le choix entre le bien et le mal. Fuir le vice et pratiquer la vertu, c’est une grande maxime maçonnique. Encore faut-il distinguer parfois le bien du mal, le choix peut-être cornélien ! C’est pourquoi le franc-maçon refuse les dogmes de toutes sortes, il s’oblige à penser par lui-même et agir en conséquence, en toute conscience. Ainsi :
« Il est parfois plus facile de faire son devoir que de le connaître. »
Jean-François.