GLOIRE AU TRAVAIL !
Dans la société civile les mots associés au travail, sont le plus souvent des maux. Durée du travail, pénibilité, obligation, travail ingrat, mécanique, ils sont suivis de retraite, de fin du travail comme une délivrance, ce travail ne libère donc pas l’homme mais l’emprisonne ? Pas sûr que ceux qui sont en recherche de travail adhérent à cette vision, la prison c’est pour eux le chômage ! Sur les plateaux des grands débats on rencontre peu ou pas de chômeurs.
Le profane qui de son entière liberté a frappé à la porte de la loge, effectuera son premier travail, en silence, un genou à terre guidé par un maître. Ce sera pour lui le début, l’initiation, le commencement de nombreux travaux qui ne cesseront qu’à la porte de ce que les profanes appellent la mort et les maçons l’orient éternel. Ce premier travail est sacré, c’est pourquoi compagnon libre de ses mouvements, au centre de l’étoile, il glorifiera le travail.
Ce travail n’est donc pas si pénible que celui de la vie civile, puisqu’il permet à l’homme de conquérir sa liberté, de remplir son devoir vis-à-vis de lui-même et son rôle dans le collectif, à sa place sur sa colonne, il place ses travaux, ses planches, ses colonnes, ses pierres dans l’édifice commun, réalisant ainsi son épanouissement personnel et contribue la solidité et la beauté de l’ouvrage. Il accomplit son travail avec la rigueur et la persévérance de la règle à 24 divisions, celle qui rythme les heures du jour, avec l’équerre de l’ordre et de la droiture, avec l’ouverture du compas de l’esprit. C’est là le secret de la joie du travail maçonnique, presque un paradoxe avec une certaine vision du travail profane. Suivant la parabole bien connue, des trois apprentis travaillant sur un chantier du Moyen-Âge, qui exprime les trois visions du travail :
« Un homme venait à passer par là et demande au premier : « Que fais-tu ! » Il répond : « Ce que je fais n’est –il pas évident ? Je gagne mon pain à la sueur de mon front. »
« Et toi que fais-tu ? » demande-t-il au second qui répond : « Je taille des pierres pour les rendre aptes à la construction. »
« Et toi ? » « Moi », dit le troisième, « Je construis une cathédrale. » Celui-là était à l’évidence un initié"
On trouve dans la société la transcription de cet art royal, dans ceux qui font profession de créer du lien entre les hommes, les praticiens de tous ordres, des ouvriers du bâtiment, aux soignants, des artistes qui créent, à ceux qui sont des aidants, de ceux qui nourrissent, à ceux qui sauvent, tous pratiquent un art royal souvent sans le savoir, nous les reconnaissons comme des sœurs et des frères sans tabliers.
Partout où il y a de l’humain, il y a de la joie dans le travail, admirons donc plus les femmes et les hommes que les robots, qui ne resteront toujours que des outils dans nos mains, incapables de construire seuls des cathédrales intérieures, des temples à l’esprit, là est la gloire dans le travail !
Jean-François.