CONTINUUM…
Le concept de continuum, appelé par Jean Liedloff, dans son livre « À la recherche du bonheur perdu. » Traite de la prise en charge des jeunes enfants par leurs parents, livre dans lequel il dénonce la séparation du nourrisson de sa mère. Si la recherche du franc-maçon est comparable à celle du bonheur perdu, c’est-à-dire de la parole perdue. Alors le continuum est l’initiation, cette recherche étape par étape de la connaissance de soi et des mystères de la vie.
Ce continuum initiatique se réalise dans la tradition maçonnique, à la fois dans le secret de son intimité et grâce à un collectif qui regarde dans la même direction. Ce collectif est un transmetteur, le transmetteur du rite initiatique, pratiqué dans le cadre d’un rituel spécifique élaboré sur les bases les valeurs de traditions universelles.
Les rituels et leurs esprits sont transmis par un corps maçonnique, structure à laquelle adhère les membres de leur libre et entière volonté.
Dans un processus démocratique, c’est-à-dire hors la dictature d’un maître unique, nous dépassons le particulier pour atteindre l’universel. Les rites et les rituels sont soumis à un ensemble de règles, toutes issues des traditions dont les valeurs sont universelles, d’où l’attachement indéfectible des sœurs et des frères à leurs rituels et à leurs rites.
On distingue deux modes de fonctionnement de ces corps maçonniques que d’aucun considéreront peut-être comme contradictoires : horizontal, démocratique et vertical pyramidal. Le second n’existant que grâce au premier, personnellement je les considèrent comme complémentaires, sans êtres obligatoires. Pas de perfectionnement sans bases solides, et puis ne perdons pas de vue que le multiple est aussi un, il y a là aussi un continuum.
Les premiers corps maçonniques régissent en général les trois premiers degrés de l’initiation, ils sont structurés par les loges mères, mères des obédiences, et mères des initiés. C’est dans ces loges que re naissent les hommes, en initiés, ces dans ces loges qu’ils ont demandés à recevoir la Lumière, c’est pourquoi ces loges sont leurs mères initiatiques. L’obédience fait figure du père qui rassemble ces enfants autour de leur mère, l’obédience est garante de la bonne administration de la famille.
Les pères des obédiences sont élus par les représentants des loges, qui élisent elles-mêmes leurs vénérables, leurs présidents. C’est, par ce processus, parfaitement démocratique que fonctionne d’abord la loge, puis l’obédience, l’on donne sa voix !
Les présidents sont donc élus, créés, constitués sous les auspices de leurs frères, de leur loge, de leur obédience, c’est ainsi que les pouvoirs sont conférés. La transmission initiatique, le souffle spirituel est transmis par leur prédécesseur. Les présidents portent les voix de leurs frères, ils en sont les porte-voix.
Donner sa voix dans un processus d’élection, ne doit pas être un geste à la Ponce Pilate, chacun doit à sa place, à son office, (prenez place mes frères.) à la fois aider son vénérable président, mais aussi conserver avec vigilance son droit de réclamation. Il peut ainsi réclamer, demander la parole, pour lui-même, dans le cadre de sa fonction, pour la loge en particulier, pour l’ordre, pour la franc-maçonnerie en général, l’on mesure là l’importance de cette voix, l’importance du droit de réclamation.
Ce n’est pas un déni de démocratie, comme l’on voudrait parfois nous le faire croire dans la société civile (vous avez voté, donc maintenant taisez-vous !) La démocratie c’est donner sa voix, mais aussi pouvoir donnez de la voix, la démocratie n’a pas lieu qu’une seule fois, en un instant immuable et définitif, elle exige un continuum.
C’est la thèse du livre de Dominique Rousseau : « Réclamer en démocratie. » Cette thèse écrite à l’usage de la société civile, trouve son application dans le calme et l’harmonie des loges maçonniques, on ne peut pas renoncer à l’esprit des lumières au sapere aude, au courage de penser par soi-même.
Réclamer, c’est avoir l’œil, et avoir à l’œil l’application de ce pourquoi l’on a donné sa voix.
La réclamation est un droit de révolte, sans limites, mais aussi sans violences, c’est un droit démocratique, ce n’est pas un droit d’obstruction systématique. C’est un droit à la révolte pacifique : « Je me révolte, donc nous sommes. » Albert Camus.
La démocratie est donc bien un continuum, et c’est pour ce continuum que nous conférons, déléguons, notre voix : « Je est un autre. » disait Arthur Rimbaud.
Les corps maçonniques, les juridictions, qui régissent les degrés de perfectionnement initiatiques, fonctionnent de manière différente, plus verticale, plus pyramidale, est-ce contradictoire ? Je dirais pour ma part non, car dans ces structures maçonniques l’on retrouve les frères qui sont nés dans les premiers corps maçonniques. La hiérarchie qui règne dans ces juridictions de perfectionnement, n’est ni administrative, ni d’honneur, mais d’approfondissement spirituel et humain, c’est un peu la pratique de la psychologie des profondeurs de Carl Gustav Jung.
Contrairement à ce que pourrait laisser a penser certains titres pompeux, les frères pratiquants dans ces juridictions mettent en exergue les mêmes valeurs fondamentales que celles des premiers degrés, mais ils ont un devoir, d’approfondissement de leurs connaissances, un devoir de pratique et d’exemplarité, et les titres pompeux sont bien sûr symboliques, l’humilité n’est pas une vertu seulement pratiquée aux trois premiers degrés.
C’est bien dans le premier corps maçonnique que le second prend sa source, il en est la base, la fondation, sans cette base et ces fondations solides la maison commune ne saurait tenir debout.
Dans les corps maçonniques de perfectionnement les frères, apprennent que la montée progressive, doit préparer humblement la descente, vers ses frères et vers l’orient éternel.
Pour rester dans ce continuum, je conclurais mes sœurs, mes frères en disant : « Vous avez la parole ! »
Jean-François Guerry.
RÉCLAMER EN DÉMOCRATIE
RÉSUMÉ
"Arrêtez de réclamer sans arrêt ! On est en démocratie quand même, pas en dictature ! Si vous n'êtes pas content, allez voter !" Cette sentence traduit le sens commun politique : en démocratie, il n'y aurait pas de place pour la réclamation ou, plus exactement, la démocratie donnerait à la réclamation un seul moyen de s'exprimer : le vote.
Pourtant, il existe d'autres formes de réclamation - la pétition, la manifestation, le recours au juge, la résistance à la loi... - qui permettent aux citoyens de garder l'oeil sur leurs représentants et, le cas échéant, de réclamer contre eux.
Pourquoi déclarer des droits, demandaient les révolutionnaires de 1789 ? "Pour servir de fondements aux "réclamations des citoyens", ont-ils répondu. Réclamer en démocratie, c'est la poétique de la démocratie.
Dominique Rousseau.
- Auteurs: Robert Bibeau / Gilles Vigneault
- Éditeur: Éditions Le Vent qui vire
Le pays que je veux faire est pareil à la forêt
Le pays que je veux faire est pareil à la forêt
Et du lac à la lisière
Du coteau à la clairière
De la source à la rivière
Tout le monde y trouverait
De la source à la rivière
Tout le monde y trouverait
Tout l’monde y trouverait
Des noeuds de belle écorce
Des branches, des racines
Des feuilles, des aiguilles
Du pin pis du sapin
Du saule et pis du hêtre
Chêne rouge et frêne gris
Bouleau rouge et bouleau blanc
L’épinette et le mélèze
Et le noyer cendré
Le cyprès, le peuplier
Les tilleuls et les pommiers
Trois couleurs de lilas… et trente érablières
Et je n’ai rien dit de la loutre
Et je n’ai rien dit du renard
Le pays que je veux dire, il ressemble à l’océan
Le pays que je veux dire, il ressemble à l’océan
De la brume à l’embellie
De la brise à l’accalmie
Entre le sel et la vie
Il n’est jamais fainéant
Entre le sel et la vie
Il n’est jamais fainéant
Il n’est jamais fainéant
L’accordéon du vent
C’est la danse des hauts-fonds
Des cayes, des écailles
Les saumons, les bigorneaux
Les thons pis les baleines
Des blanches, des bleues
Des grosses et des moyennes
L’anguille et le turbot
La sole et le flétan
La morue pis l’espadon
Le crabe et le hareng
Cent couleurs de coraux… et le sable et les algues
Et je n’ai rien dit des mouettes
Je n’ai rien dit du cormoran
Le pays que je veux être, il ressemble au ciel d’ici
Le pays que je veux être, il ressemble au ciel d’ici
Qu’il y pleuve, neige ou vente
Il est plein de voix vivantes
De couleurs et d’épouvantes
D’arcs-en-ciel et d’appétits
De couleurs et d’épouvantes
D’arcs-en-ciel et d’appétits
Des cris, des plumes
Des nids, des oeufs
Je te couperai la tête
Je te couperai la queue
La grive et l’alouette
L’oriole et la fauvette
Le geai, le rossignol
Et la corneille et le hibou
Hirondelle et merle bleu
Le pic et le pivert
Une buse, un colibri
Les canards et les perdrix
Et les oies, les oies, les oies
Par milliers sur la batture
Et je n’ai rien dit des étoiles
Et je n’ai rien dit de la nuit
Le pays que je te chante, je le nomme avec mes mots
Le pays que je te chante, je le nomme avec mes mots
De Val-d’Or en Gaspésie
D’Arvida jusqu’en Estrie
De Bras-d’Or et j’en oublie
Qu’il résonne à mon écho
De Bras-d’Or et j’en oublie
Qu’il résonne à mon écho
Tous les mots en place
Pour la grande chaîne
Donnez la main, madame
Prenez la main, monsieur
Saluez bien vot’ compagnie
Faites swinguer l’Académie
Au premier couple, présentez
Madame Larousse, monsieur Littré
Le Grand Robert qui vient d’entrer
C’est l’P’tit Robert qui va caller
Iou-ouu!
As-tu vu l’bonhomme Furetière
Sur sa chaise qui tape du pied?
La Fontaine et Molière
Qu’ont des fourmis dans les souliers?
À la main blanche, à la main noire
Usez les planchers d’l’histoire
Invitez l’monde aux alentours
Ça va danser jusqu’au p’tit jour