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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le
LE SOUFFLE DE L'ESPRIT

LE SOUFFLE DE L’ESPRIT

 

 

Chavouot la fête juive du don, la fête des semaines est décrite dans l’Exode et le Livre des Nombres, cette fête des Sept semaines est hautement symbolique, le don du feu spirituel, des commandements  de la Torah, a dépassé la religion juive pour inspirer la religion chrétienne, c’est la célébration de la pentecôte. Fête du souffle, du feu spirituel descendu de la Jérusalem céleste, pour faire que tout ce qui est en bas soit semblable à tout ce qui est en haut.

 

Les rites maçonniques sont fortement inspirés de l’ancien et du nouveau testament à travers le mythe de la construction du temple de Salomon. Les rituels contiennent des cérémonies de transmission du souffle spirituel aux postulants à la lumière. Les actes, les serments librement acceptés donnent un sens à la vie des hommes de bonne volonté.

 

Derrière la lettre il y a toujours l’esprit, il ne s’agit pas pour le franc-maçon de faire sien les dogmes des religions. Mais découvrir les idées, les secrets sous les symboles. En se livrant ‘au jeu’ des allégories, l’on peut transcrire l’Acte 1-8 des Apôtres ou il est question de l’Ascension je cite :

 

« Vous allez recevoir une force celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez les témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »

 

Au cours de sa cérémonie d’initiation le postulant à la lumière, est purifié par les éléments, il reçoit la force entre les colonnes, mais aussi la force, le souffle spirituel transmis par le Vénérable Maître représentant du Roi Salomon, de cœur à cœur. Il reçoit, le feu, lumière de l’esprit, le feu qui régénère toute chose. Le souffle, c’est le vent impétueux décrit  dans l’Acte 2-1,4 ‘La Pentecôte’ :

 

« Le jour de la pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d’un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu’on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent alors remplis de l’Esprit Saint et commencèrent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. »

 

Le feu spirituel produit en chacun de nous une métamorphose de notre être intérieur, il nous régénère. Nous restons différents, mais nous nous reconnaissons entre nous parce que nous regardons dans la même direction et sommes sur un chemin unique d’élévation spirituel. Nous sommes désireux de transmettre le message d’amour fraternel, universel, qui dépasse toutes les religions, message découvert dans l’évangile ésotérique de Jean.

 

Ainsi le feu de l’esprit va parcourir l’univers complet, du jardin d’Éden, au buisson ardent du Mont Sinaï, au Saint des Saints du temple du Roi Salomon, puis au Mont des Oliviers pour le partage lors de la cène du vin de la connaissance et du pain nourriture spirituelle, ainsi la flamme de l’esprit brûlera dans tous les cœurs. Elle donnera aux ouvriers, la force de construire des temples, des cathédrales. De se construire eux-mêmes.

 

C’est sans doute pourquoi, que nous soyons croyants, agnostiques, et même athée, nous sommes saisis d’émotion en pénétrant dans les temples, les cathédrales où brillent les flammes éternelles de l’Esprit.

 

La Loge Kleiô nous propose un voyage de la cathédrale au temple..

 

Jean-François Guerry.

LE SOUFFLE DE L'ESPRIT

DE LA CATHEDRALE AU TEMPLE.

 

Depuis toujours, j’ai participé aux célébrations du culte catholique. Parfois, enfant au cours de ces longs offices, mon dialogue avec le Très Haut, s'est trouvé interrompu et pour pallier l'ennui, je me suis pris à contempler les édifices dans lesquels je me trouvais. Les cathédrales d'Angoulême, Sens, Strasbourg, Lisbonne, Séville, Toulon et Notre Dame du Congo à Brazzaville m'initièrent à cet univers très particulier qui imprègne ces grandes dames de pierre. Admirer leur beauté, s'étonner de leur force architecturale et essayer d'approcher la sagesse enseignée au travers des messages spirituels qu'elles délivrent, devinrent vite un plaisir.

 

Je les ai recherchées. A ma première liste j'ai ajouté Chartres, Reims, Bourges, Saint-Malo, Laon, Burgos, Salamanque, Le-Vézelay, Cologne, Ulm, Budapest, Vienne, Prague, Saint-Jacques de Compostelle, Alcobaça, Mafra et bien d’autres dont je vous ferai grâce.

 

Puis un jour, il y a plus de 15 ans, j'ai pénétré dans un temple. Au delà de l'émotion provoquée par mon initiation, mon corps et mon esprit ont délivré les mêmes messages, les mêmes sensations que celles que j’éprouvais au sein d'une cathédrale.

 

L'origine de ce temps retrouvé était-il provoqué par l’architecture et les symboles disposés dans l’enceinte de notre Temple ou par le rituel et la fraternité émanant de notre assemblée ?

 

Les études sur les cathédrales comme les travaux sur la M.... opérative et la M... spéculatives sont innombrables, aussi je ne tenterai pas de m'aventurer sur leurs vérités ou leurs mystères mais je vais essayer simplement de vous faire part de mes découvertes personnelles qui ont étayé mon analyse et procuré quelques réponses.  

 

 

Très rapidement, pour ne pas partir dans tous les sens, comme dans tout travail maçonnique tant l'information est riche, j'ai tenté de « borner » mes réflexions et retenir quelques choix concernant  les édifices, l’époque, le style, le lieu géographique de la matière à explorer. Découvrant que dans un faible rayon  autour de Paris, nous avons plus d’une douzaine de cathédrales, j’ai décidé d’en choisir une, pour moi parmi les plus belles et sans doute la plus symbolique : la Cathédrale de Chartres.

 

 

« Il est des lieux où souffle l’esprit »

 

 

 Avec le Mont Saint Michel, Chartres en est sans doute l’un des lieux les plus représentatifs de la transcendance. Sur son promontoire surplombant autrefois la forêt Carnutes devenu les champs de blé beauceron, la cathédrale nous indique le ciel. Par son emplacement, elle est l’essence du divin, l’expression de l’esprit.

Sa construction date du début du XII ème siècle, au cours de ce grand élan mystique qui a envahi l’Europe chrétienne médiévale. Plusieurs générations se sont mobilisées pour participer à l’un des plus grands moments de construction de notre histoire humaine. Notre pays y a consacré une part importante de ses richesses et s’est doté d’un patrimoine inégalé qui n’est pas sans rappeler celui des pyramides d’Égypte.

 

Pour Chartres comme pour bien d’autres églises, le terme construit n’est pas exact. La cathédrale a été reconstruite en remplacement de la cathédrale romane de l’abbé Fulbert, détruite dans l’incendie du 11 juin 1194. Nous savons également que depuis la nuit des temps, ce site exceptionnel était un lieu de pèlerinage où les cultes druidiques et celtiques rassemblaient des foules importantes venues des plus lointaines contrées.

A la même époque, soit la fin du XI ème siècle, à Cluny, l’occident remplace l’arc roman « plein cintre » par l’arc brisé en deux cintres appelé « ogif » ou « ogival » terme d’origine persane. Les charges architecturales peuvent alors être réparties différemment. Les piliers massifs se transforment en colonnes, les murs se réduisent, les réseaux ou croisées d’ogives fleurissent, les contreforts et surtout les arcs-boutants reçoivent les poussées verticales comme horizontales. Déplacés vers l’extérieur, les éléments porteurs permettent aux nefs de s’apurer, de s’élever, défiant ainsi les forces élémentaires de la pesanteur et du vent.

 

Grâce aux premières connaissances architecturales vérifiées par l’abbé Suger à Saint Denis ou annotées par Villars de Honnecourt dans ses carnets, la nef de Chartres peut s’élancer vers le ciel.  Elle n’est pas la seule ; celle de Notre Dame de Paris culmine à 35m, suivi de Reims à 37m et d’Amiens à 42m.  Comme la tour de Babel, les nouveaux édifices montent toujours plus haut. Saint Pierre de Beauvais atteindra sous voûte 45m. Cet orgueil sera sanctionné, son chœur s’écroulera douze ans après sa construction.

A ce sujet, il est important de constater que Chartres est l’une des très rares cathédrales qui ait traversée intacte les siècles. Ni bombardement comme à Reims ou Soissons, ni architecte comme Viollet-le-Duc ne sont venus modifier l’œuvre que nous ont laissé nos anciens. Seuls les révolutionnaires de 1789 ont endommagé quelques unes des 4000 statues décorant l’édifice. Nous pouvons donc affirmer que tous les signes ou mystères qui nous allons découvrir en ce lieu sont d’origine ; messages authentiques laissés par les maîtres compagnons uniquement soumis à notre interprétation.

 

Chartres

 

L’Orientation, la porte.

 

 L’axe de notre Temple est orienté à l’identique de celui des cathédrales romanes et gothiques, soit, dans le sens de la longueur d’Ouest en Est. Certes, un léger décalage tourne Chartres vers le nord-est mais aucune véritable explication scientifique ou historique n’ayant été donnée à ce fait, retenons l’essentiel : Dans le Temple, de l’Occident à l’Orient, du Midi au Septentrion, nous quittons l’obscurité pour nous tourner vers la lumière comme nos anciens, les MM… M.…du passé nous l’ont enseigné en bâtissant les cathédrales.

Aussi, avant chaque tenue, notre approche « éclairée » vers la porte du Temple ressemble étrangement à la traversée du parvis de la Cathédrale de Chartres.

 

Au sujet du parvis, je me permettrai une parenthèse. Lorsque les membres du chapitre des cathédrales décidèrent de rendre leurs églises plus dignes et plus empreintes de spiritualité et d’en expulser la vie profane, ils ne savaient pas qu’ils allaient donner à ces parvis une véritable fonction festive et éducative dans la cité. Ces espaces furent dédiés à la célébration des mystères où Théo et Thanatos, notre vie et notre mort se mêlèrent ; lieux privilégiés du questionnement spirituel de l’homme. Sous une forme parfois plus récréative, le parvis de notre Temple n’est-il pas l’espace où les échanges entre les plus jeunes et les anciens, les apprentis et les M… alimentent en permanence nos interrogations sur notre place en F.M… et sur son rituel ?

 

Nous sommes maintenant arrivés au seuil de la Cathédrale, découvrons son Portail Ouest, qui comme celui de Saint Jacques de Compostelle, a traversé intact ces derniers siècles : Rappelons le, il est le principal vestige avec les vitraux ouest, de la cathédrale romane détruite en 1194.

 

Contrairement aux portails latéraux, ce portail n’est pas protégé par un porche. Il s’offre de loin à la vue du visiteur et remplit pleinement sa fonction première : instruire le profane et marquer la séparation entre le temporel et le sacré. Par la beauté de la décoration de ses trois portes, la splendeur de ses statues, il explique le Dieu roi.

Les trois figures divines du mystère de la foi chrétienne, la trinité ou Tri-unité, y sont rassemblées en une, magnifiant ainsi le Père, le Fils et le St Esprit en ce symbole unique, qui est aussi celui du G…A…D…L…U.

C’est ce « gloria» statufié qui a valu, à ce portail le titre de Royal. Cette appellation unique dans toute l’architecture chrétienne n’est pas neutre, seul un Art au même titre a pu transcrire dans notre réalité un tel mystère.

 

 

Le Statuaire

 

Les nombreuses statues et tous les symboles de la Cathédrale qui délivrent un message à notre attention sont trop importants pour que je puisse les énumérer dans ces quelques lignes, aussi permettez moi de choisir quatre motifs des plus significatifs.

 

Les deux premiers sont les statues de Saint Georges et Saint Théodore. Debout, portant l’épée, ils gardent l’entrée sud de la Cathédrale, la Porte des Chevaliers, mais leur fière allure ne doit pas nous masquer un détail majeur ; contrairement à la position hiératique adoptée par toutes les statues colonnes de l’art roman, ils ont leurs pieds en équerre.

A chaque tenue, lorsque nous pénétrons dans le Temple, notre F…Couvreur… n’est il pas le digne successeur de ces deux gardiens de pierre ?

 

Il m’aurait été impossible de vous présenter ce morceau d’architecture sans vous parler des deux sculptures suivantes :

Deux pilastres séparent les portes latérales du portail Royal. A la hauteur de 23m 15 exactement, juste en dessous de la rosace centrale, ces colonnes sont couronnées d’un chapiteau surmonté d’un détail sculpté qui, à gauche, est un « protomé » ou poitrail d’un bœuf, à droite l’avant-corps d’un lion.

Des explications plus ou moins rationnelles recherchant dans les rites gaulois la signification de ces deux sujets ont très vite été émises. Au XIXème siècle l’Abbé Bulteau, éminent spécialiste comme Huysmans a cherché à approfondir ce mystère. La première information recevable fut découverte dans le recueil « Rationnal des offices divins » écrit en 1287 par Guillaume Durand, évêque de Mende. Il note « les représentations d’animaux …. …. hors de l’église à savoir : aux portes et au front du temple comme le Bœuf et le Lion ».  La présence du mot Temple n’est pas anodine, l’explication définitive de cette présence nous sera donnée par une inscription gravée sur l’un des voussoirs du portail de l’abbatiale de Moreaux située à Champagné-Saint-Hilaire (Vienne).

 

« UT : FUIT : INTROITUS : TEMPLI : SCI (=sancti) : SALOMONIS,

SIC :EST :ISTIUS :IN MEDIO : BOVIS : ATQ (=atque) : LEONIS. »

 

« Telle fut l’entrée du saint Temple de Salomon, ainsi que se présente celle de ce temple, au milieu, entre le Bœuf et le Lion ».

 

Nous connaissons tous la signification des colonnes qui furent érigées à Karnak comme à Tyr. Comme Hiram l’a voulu, YAKÎN et BOAZ marquent à jamais l’entrée de notre temple comme elles le font dans la cathédrale de Chartres.

 

Si ces deux symboles n’étaient pas suffisamment clairs pour nous instruire, incrédules que nous sommes, regardons alors les deux flèches qui s’élancent vers le ciel. Elles sont dissymétriques, au nord un clocher actif, masculin, terrien Yakîn, au sud, un clocher plus féminin, passif, aérien, Boaz.

Il est possible que dés l’origine, Jehan de Beauce en érigeant le clocher neuf en style gothique flamboyant, eut la volonté de dépasser le clocher sud plus ancien.  Par la force des choses, il dut construire une tour plus robuste, [1] mais comment expliquer que dés 1539, à la suite de dégradations dues à la foudre, Laurent de Beauce, potier de son état y installa la lune ? De nombreuses péripéties historiques et naturelles modifièrent les motifs disposés au sommet des deux flèches (bonnet phrygien, drapeau, ….), mais depuis 1690, un soleil sur la grande flèche et une lune sur l’ancien clocher éclairent les journées chartraines comme ils illuminent nos travaux. Une inscription « Sol Justitiae » Soleil de justice y vient légender le symbole : oui le soleil nous éclaire avec force, beauté et sagesse.

 

A Chartres, nous trouvons également la présence du Soleil et de la Lune dans le « Compostelle » Campo Stella, le champ des étoiles dessiné sur la voûte de la Crypte de la Cathédrale.

 

La Dimension

 

Fort de ces enseignements, nous pouvons enfin pénétrer dans l’enceinte sacrée.

 

« Qu’est ce que Dieu ? Il est tout à la fois longueur, largeur, hauteur et profondeur » a prêché Saint Bernard de Clairvaux.

 

Plus que toute autre, la Cathédrale de Chartres illustre ce propos. Dès nos premiers pas dans le narthex, ses dimensions comme ses proportions nous incitent à rechercher son centre, à nous diriger vers la vérité, à nous tourner vers la lumière.

 

A l’identique du chemin que nous parcourons dans le temple, le volume même de cet édifice nous plonge dans un état propice à la réflexion, à la pensée et au travail.

Contrairement aux plans d’églises ou d’abbatiales comme ceux de Boscodon qui ont été intégralement tracés à partir du carré long ou rectangle d’or, le plan de Chartres est plus complexe à déchiffrer. Par la succession de constructions des basiliques paléochrétienne, mérovingienne, carolingienne et romane sur son site, son tracé a été rendu plus fouillis voire confus. Pourtant, sachez que de ce foisonnement surgit l’équilibre. Sans rentrer dans une explication rationnelle trop complexe, l’équilibre qui se dégage du bâtiment n’est pas le seul fruit du hasard. Aujourd’hui, nous connaissons parfaitement toutes les règles intégrant le nombre d’or qui ont dicté sa conception.

 

Pour illustrer ce propos, nous pouvons retenir deux exemples :

 

  • A la fin du XII ème siècle, notre système métrique n’est pas utilisé. Les différentes parties en plan et volume sont liées entre elles par des rapports de grandeur simples fondés sur un module ou commune mesure que nous appellerons unité. Chacune diffère en fonction des Maîtres bâtisseurs qui, les conserve secrètement, les dévoilant uniquement aux initiés à l’occasion de chaque ouverture de chantiers. A Chartres comme ailleurs, pour tout nouveau passage d’une équipe sur le chantier, la mesure étalon est révélée par les compagnons déjà présents aux arrivants formant ainsi une chaîne non rompue indispensable à la bonne construction de l’édifice aux travers des années. Sachez que cette mesure est encore utilisée de nos jours pour les travaux de réfection. Appelé unité de Chartres, elle aura également un caractère plus universel car elle s’exportera et par la suite, sera retrouvé dans les plans de nombreuses églises. D’une longueur de 0,82cm soit environ un double pied[2], elle rythme tout le lieu jusque dans ses moindres détails. Ce chiffre en lui-même n’est pas très parlant, mais si nous exprimons la longueur totale de la cathédrale soit 132,70m avec cette unité, nous trouvons 161,8U soit 100φ. Comme pour notre temple, l’utilisation du nombre d’or est là, participant à Chartres de son harmonie et de sa beauté.

La corde à nœud qui ceinture notre enceinte rappelle que les dimensions de notre Temple comme celle de Chartres sont tracées à partir du nombre d’or, mesure symbole de l’équilibre et de l’harmonie.

 

  • Vers le ciel, à la vue de l’immense voûte en ogive de la cathédrale , nous retrouvons cette impression d’harmonie parfaite. Elle n’est pas le résultat d’un calcul compliqué fruit du savoir d’un technicien laborieux. Une étoile flamboyante vient s’inscrire parfaitement dans l’ogive, ses deux branches inférieures au niveau des chapiteaux et les trois autres traçant la ligne parfaite de cette construction qui défie en cet endroit la pesanteur et le temps. A Chartres comme ici, l’Étoile Flamboyante éclaire nos travaux.

 

La Lumière

 

Dans le passé, Chartres a été appelé « Liber pauperum», le Livre du pauvre. Cette cathédrale démontre à elle seule comment la lumière éclaire l’instruction du profane. Au travers de ses 184 baies et de ses 2600 m² de vitraux, le « bleu de Chartres » rayonne, illuminant l’œuvre dans son intégralité. Il anime tous ses recoins les plus cachés et découvre chacun des chefs d’œuvre qui y ont été disposés. Comme dans notre Temple, la Cathédrale recueille la lumière, la canalise et la transforme.

A midi, elle éclaire nos travaux, à minuit elle dispense vers l’extérieur le rayonnement de ses flambeaux.

Mais les vitraux de Chartres ne sont pas seulement des vecteurs de lumières, ils délivrent de nombreux messages ouverts à nos investigations ou à notre connaissance.

 

Notre-Dame-de-la Belle-Verrière est sans doute son vitrail le plus connu voire du monde entier. Restauré en 1990, il illumine de sa splendeur et de ses innombrables éclats la majeure partie de la nef. Pourtant, un détail peu connu de ses millions d’admirateurs existe : Tous les ans, le 22 août qui correspond au 15 Août du calendrier Julien utilisé au Moyen Age, vers 14H 40 heure de Greenwitch, un rayon de soleil vient directement relier le visage de la Vierge présent au sommet du vitrail et le centre du labyrinthe situé dans la nef.

 

Son Labyrinthe.

 
Les labyrinthes existent depuis l’antiquité. Certains rayonnent encore dans quelques églises comme à Santa Reparate[3]
, à Ravenne ou à Lucques, mais sachez que le Labyrinthe de Chartres, nommé « La Lieue de Jérusalem » est le plus grand et l’un des plus beaux qui nous soit permis d’admirer. Identique sans les bordures, à celui de Sens aujourd’hui disparu ou celui dessiné par Villard de Honnecourt, il est symbole par excellence et mérite à lui seul de nombreux morceaux d’architecture. Aussi, aujourd’hui, je me contenterai simplement de me rappeler que notre pavé mosaïque, est lui aussi symbole de notre difficile quête. Comme les Vitraux à l’Occident éclairent le Labyrinthe de Chartres, en notre Temple, trois grandes lumières éclairent notre mosaïque, notre « labyrinthe ». 

 

 

Les signes

 

 

Instruit au travers du chemin que je viens de parcourir avec vous, je peux enfin m’asseoir dans le chœur, me mettre à couvert. Fort de tous ces symboles communs qui m’ont été dévoilés, je découvre, rassemblés à mes cotés mes frères en leurs grades et qualités siégeant au sein du temple.

 

Dans les cathédrales, les ouvriers qui participent à la bonne réalisation de l’œuvre sont également issus de différentes loges. Regroupées en équipes, ils exercent leurs métiers avec conscience et application. Sous les ordres de l’architecte ou du Maître constructeur, ils effectuent leurs travaux suivant les us, coutumes et traditions qui leur ont été enseignés. Ils sont bien rémunérés ce qui explique aussi la qualité du travail effectué. Au sommet de leur hiérarchie, se trouvent les tailleurs de pierres. Ils travaillent soit à proximité du chantier, soit directement sur le site taillant et agençant leurs morceaux d’architecture. Ils nous rappellent que toute architecture est inspirée par la sagesse et la foi, éclairée par la connaissance mais aussi fruit d’un labeur ininterrompu des ouvriers qui travaillent du levé du soleil à son couchant.

 

Chartres est sans doute la plus belle illustration de cette réalité, de cette force. Elle a été la Cathédrale la plus rapidement construite, en 29 ans seulement.

 

Des textes anciens ont raconté l’immense élan qui a permis à son édification. Par la sagesse du jeune roi Louis IX qui a décidé de son chantier et les formidables moyens qui ont été dépensés à sa construction, tout tend à prouver que Chartres plus que toute autre cathédrale, s’est voulu le Nouveau Temple de Salomon.

 

De nombreux signes laissés par les Compagnons bâtisseurs existent. Ils sont nombreux et des plus divers. Leur classification ou leur étude se rapproche plus du travail du chartiste ou du bénédictin que de celui du M. que je suis.

 

Je n’en choisirai qu’une seule marque pour vous présenter la présence éclairée de nos compagnons opératifs à Chartres.

 

Dans la partie romane, située à l’intérieur même de l’édifice, à droite de l’entrée de la salle basse du clocher neuf, au sud de l’angle de pierre, une petite marque de tâcheron à 1, 45 m du sol de 11 cm de haut sur 14 cm de large nous interpelle. Cette inscription datée du XIIème siècle représente une sorte de double papillon ou évoque une vague tête de taureau.

Cette petite signature du Maître ouvrier est considérée par beaucoup comme la représentation formelle du Trône de Salomon. Ce signe présente la genèse de nos cathédrales comme la poursuite d’une aventure architecturale millénaire et installe à jamais la réalité de la « Chaire de Salomon » ici présente à nos yeux.

 

J’espère, que la narration de ce court voyage qui m’a fait passer de Chartres à Clichy n’aura pas été pas été trop personnelle et que j’aurai réussi à vous communiquer quelques clés aidant à la lecture des symboles de notre Temple et susceptibles de vous enrichir dans vos travaux. Tel était mon but. S’il n’avait pas été atteint, veuillez m’en excuser. Que cette maladresse vous incite, vous aussi, à franchir régulièrement le seuil des cathédrales. Dans votre cheminement personnel, vous en retirerez, j’en suis sur, sagesse, force et beauté comme nous le faisons lors de nos tenues.

 

Mais, pour nous M. il existe une autre état délivré par toute présence au cœur de ces grandes nefs de la connaissance et de la spiritualité. Ce sont ces sentiments d'appartenance à une même communauté fraternelle, ici d'initiés qui, depuis la nuit des temps, a su rechercher par un travail juste et parfait, sens et élévation.

 

Cette chaîne ne s'est jamais pas rompue, elle est vivante et source de joie.

 

Identique à celle qui a porté, en son temps, la construction de la Cathédrale de Chartres, cette joie  doit continuer à nous habiter.

 

Elle est et sera fruit de cette fraternelle et régulière présence à nos tenues, enrichie en permanence par le résultat de nos travaux.

 

J’ai dit

 

D.F.

 

[1]              La Tour Nord haute de 112mètres dépasse la Tour sud de 9 mètres environ.

[2]              Pour les non initiés, la coudée, fruit d’un rapport constant avec l’unité précédemment choisie sera utilisée. Elle sera fixée à 0,738 m.

[3]              El Asnam ex Orléansville Algérie

LE SOUFFLE DE L'ESPRIT
Sources : La bible de Jérusalem.
Travaux de Loge KLeiô.
Commentaires possibles directement sur le site ou par mail à l'adresse:
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