LE LIEU.
Nous n’avons pas toujours conscience du bonheur d’avoir trouvé le lieu, mais quel lieu ?
Après comme toutes les femmes et les hommes s’être posé les questions, les pourquoi, du pour quoi. Pourquoi je vis, pourquoi je meurs ?
Après avoir pris le chemin de la recherche de l’inatteignable sagesse. Après avoir cherché comment y parvenir. Le comment non pas en théorie, mais en pratique avec des Exercices sur son soi, son esprit, après avoir éprouvé la difficulté de parvenir à la paix de l’âme. Après avoir cherché de l’aide.
Constatant que dans notre société il n’y a plus d’écoles de philosophie, qu’il n’y a plus d’articulation entre la théorie et la pratique. Qu’il n’y a que de l’information et pas de formation. En voyant les églises se vider de leur fidèles, la pénurie des clercs.
Où trouver un lieu, des lieux de formation et d’application des Exercices pour l’esprit, un lieu ou règne l’ataraxie nécessaire à la méditation, si ce n’est dans les loges maçonniques où l’on peut travailler avec l’aide des autres. Dans les loges où l’on pratique avec rigueur les rites initiatiques, le travail avec les outils symboliques, à couvert dans la paix et la fraternité. Dans ces loges l’on découvre la transcendance qui est en nous. Dans ces loges la joie est dans les cœurs.
Jean-François Guerry.
La recherche de la sagesse.
« Je suis, moi aussi, un homme mortel, pareil à tous,
un descendant du premier être formé de la terre.
J’ai été modelé en chair dans le ventre d’une mère, où,
pendant dix mois, dans le sang j’ai pris consistance,
à partir d’une semence d’homme et du plaisir, compagnon du sommeil,
à ma naissance, mois aussi j’ai aspiré l’air commun,
je suis tombé sur la terre qui nous reçoit tous pareillement,
et des pleurs, comme pour tous, furent mon premier cri
j’ai été élevé dans les langes et parmi les soucis
Aucun roi ne connut d’autre début d’existence :
même façon pour tous d’entrer dans la vie et pareille façon d’en sortir.
C’est pourquoi j’ai prié, et l’intelligence m’a été donnée,
J’ai invoqué, et l’esprit de Sagesse m’est venu.
Je l’ai préférée aux sceptres et aux trônes
et j’ai tenu pour rien la richesse en comparaison d’elle.
je ne lui ai pas égalé la pierre la plus précieuse ;
car tout l’or, au regard d’elle, n’est qu’un peu de sable,
à côté d’elle, l’argent compte pour de la boue.
Plus que santé et beauté je l’ai aimée
et j’ai préféré l’avoir plutôt que la lumière, car son éclat
ne connaît point de repos.
Mais avec elle me sont venus tous les biens
et, par ses mains, une incalculable richesse.
De tous ces biens je me suis réjoui, parce que c’est la Sagesse
qui les amène ;
j’ignorais pourtant qu’elle en fut la mère.
Ce que j’ai appris sans faute, je le communiquerai sans envie,
je ne cacherai pas sa richesse.
Car elle est pour les hommes un trésor inépuisable.
Salomon.
Le titre de l’article ne me semble pas très adapté au contenu de cet exposé : en effet, il n’y a dedans aucune allusion à la « loge maçonnique » ou à un autre lieu d’ailleurs…
Toujours est-il qu’il nous faut considérer le sujet sous deux aspects : celui de la conversion, et celui de la loge.
Quand on parle de conversion, il s’agit, à mon sens, d’un mouvement irréversible et définitif, comme par exemple « se convertir à une religion », « convertir des dollars en euros », etc… Cette conversion exige un renoncement, des sacrifices, voire l’acceptation d’un dogme ou d’une idéologie pouvant conduire à des pratiques dérivatoires…
Au contraire, la loge est le lieu du progrès et du travail personnel, sans dogme ni idéologie. Elle n’accepte aucune discussion politique ou religieuse. Elle permet, par l’initiation traditionnelle, de s’enrichir de la différence des autres et ne propose aucun dogme ni idéologie sinon que des symboles et mythes que chacun interprète et vit à sa façon. Il ne peut donc y avoir conversion dans une loge où tout évolue en permanence.
Maintenant, concernant la fin de l’article, je reste songeur sur le fait que « certains hommes seraient parvenus à un haut degré de spiritualité » et seraient différents des autres, notamment par rapport aux profanes… et je ne pensais pas que « prier dans une église » était une « forme exotérique » de la Tradition.
Bien fraternellement, de Frère Tuck.
Bonjour Frère Tuck, je fais réponse à ton commentaire : concernant le lieu visé par l’article il est me semble dit-il clairement indiqué dans le dernier paragraphe : « Si ce n’est dans les loges maçonniques… ».
À propos de la conversion du regard et du mot conversion il est nécessaire de regarder l’étymologie du mot qui provient de deux mots grecs de sens différents. D’une part le mot epistrophè qui signifie changement d’orientation et implique un retour à l’origine, un retour à soi, l’on peut souligner que l’initiation est changement mouvement perpétuel, régénérations successives. Puis le deuxième mot grec est metanoia qui signifie changement de pensée, repentir et implique l’idée de mutation et d’une renaissance, à l’opposé d’un dogme religieux. Donc métamorphose intérieure, changement d’orientation, changements qui impliquent une impermanence donc à contre-courant d’un dogme religieux. La confusion vient sans doute du rapt que la religion chrétienne a opéré sur la philosophie grecque, pour la convertir en théologie. L’on peut cependant nuancer si l’on va à l’une des sources du mot religion religere, ou reliance à son soi originaire et aux autres.
Le mot metanoia renaissance permanente exclu à mon sens toute relation avec un dogme figé par nature.
Pour ce qui est du degré de spiritualité, il est constant d’observé que ceux qui s’instruisent qui cherchent la connaissance progressent et s’élèvent, les francs-maçons eux-mêmes ont des degrés initiatiques, ce qui ne réduit pas la spiritualité des apprentis et des profanes, mais ne réduit pas non plus celle de ceux qui se perfectionnent par leur travail spirituel. La pratique des travaux spirituels s’inscrit dans une progression scalaire, l’on monte le long du fil à plomb et sur les barreaux de l’échelle de mystérieuse.
Pour la comparaison avec les profanes, on peut évoquer la volonté de changement d’espace, le désir de passer du profane au sacré, du temple à la loge. Puis de la rectitude de l’équerre au compas de l’esprit, qui traduit une élévation spirituelle. L’évocation des qualités d’un profane, souvent appelé maçon sans tablier ne réduit pas sa spiritualité, mais l’absence de pratique spirituelle est un manque.
Pour aller plus loin les hommes sont à la fois les mêmes et différents, ce qui a été repris par la franc-maçonnerie : je suis le même et différent à la fois. Ils ont une identité commune, mais elle composée de deux parties la mêmeté et l’ipséité. La mêmeté est le noyau central commun à tous et l’ipséité le récit personnel et particulier de sa vie, composé des connaissances acquises, des valeurs acquises et de l’initiation. Mêmeté et ipséité ne s’oppose pas elles se complètent. Le profane peut atteindre un haut degré de spiritualité mais seul, alors pour lui peu importe le lieu pour méditer. Ceux recherchent de l’aide, un soutien fraternel, sont aujourd’hui un peu démuni, la société n’offre plus d’écoles philosophiques, de centres d’union de l’union fraternelle à l’exception dans notre monde occidental que la franc-maçonnerie et ses loges sacralisées qui sont au-delà des temples de pierre, lieux de l’exotérisme.
Il me revient en tête un des principes de la philosophie de Socrate, je sais que je ne sais rien, alors toute tentative d’explication est vaine. Ce que confirmera plus tard 50 ans avant JC Épictète dans son manuel : Ne parle pas longuement, devant les profanes, des principes de la philosophie, agis plutôt suivant ces principes et comme une démonstration il dit encore : Si, dans une assemblée de profanes, la conversation tombe sur un principe philosophique, d’une manière générale, abstiens-toi d’intervenir : tu risquerais fort de recracher des bribes de savoir mal digéré. Si un jour ont te dit que tu ne sais rien, et que tu n’en es pas mortifié, sache que tu es en bonne voie… ne va pas mettre sous le nez des profanes les principes de la philosophie, fais-leur voir les effets quand tu les as digérés.
Une dernière remarque la franc-maçonnerie honore les grands initiés, ils n’ont pas plus de mérites que les meilleurs des profanes, mais pas moins non plus.
Comme l’on peut vivre sans pratiquer la philosophie, on peut vivre sans la franc-maçonnerie, mais un peu moins bien.
Jean-François Guerry.
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Le crédit qu’accordent la plupart de nos contemporains au flot d’informations pour le moins contradictoires dont nous abreuvent quotidiennement les médias a engendré peu à peu une société humaine émotionnellement et intellectuellement labile et instable. Parmi les informations qui nous sont proposées, il est devenu impossible de distinguer celles qui pourraient être réellement importantes de celles qui ne présentent qu’un intérêt très local. C’est ainsi que s’est créée une société dans laquelle toutes les informations ont une importance égale, guerre en Tchétchénie et match de football, épidémie de choléra en Inde et bouchons sur les routes des vacances. Nous vivons l’ère de la communication, et paradoxalement, nous n’avons jamais été aussi mal informés car nous sommes incapables de trier et de prendre le recul nécessaire.
Nous constatons que cette instabilité profonde que nous connaissons profite au fanatisme et au prosélytisme religieux et politiques.
Dans cette tourmente, le seul point fixe reste la spiritualité et sa référence, la Tradition. Etant indépendante des époques et donc des diverses formes religieuses, elle traverse le temps comme le fil d’Ariane de l’humanité. La Tradition nous stabilise parce que tout homme vit dans la forme traditionnelle qui lui correspond. Elle est notre sang parce qu’elle appartient à notre terroir.
Certains la reconnaissent dans tout ce qui nous entoure et se sentent attirés irrésistiblement par elle, d’autres lui préfèrent l’errance, de préférence exotique.
Ces deux attitudes correspondent aux deux sens que revêt le mot "conversion". Le sens originel correspond au grec metanoia, qui exprime littéralement "un changement de nous", c'est-à-dire une "métamorphose intellectuelle". Cette modification profonde de l’être est confirmée par l’étymologie latine du mot (cum-vertere) qui implique un double mouvement de "rassemblement", c'est-à-dire une sorte de concentration de toute la puissance de l’être, et de "retournement" inhérent à tout changement de plan d’existence. Ce double mouvement de concentration et retournement est nécessaire à toute démarche spirituelle puisque c’est lui qui permet à l’homme de détourner son mental des choses sensibles pour s’investir dans l’Absolu. Il s’agit là d’une opération exclusivement et purement intérieure sans rien de commun avec un changement extérieur, relevant simplement du domaine "moral". C’est ainsi que certaines religions traduisent le terme metanoia par "repentir".
Mais, comme tant de mots et de concepts, celui de "conversion" a été profané pour ne plus désigner que le passage extérieur d’une forme traditionnelle à une autre. Et ceci n’a rien de spirituel. Bien qu’il puisse y avoir quelquefois des conversions spontanées, il s’agit le plus souvent du résultat du prosélytisme religieux. Et on peut dire que dans ce cas, le "convertisseur" et le "converti" font preuve de la même incompréhension du sens profond de leurs traditions.
Cependant, le terme de "conversion" est parfois utilisé par erreur pour désigner ceux qui, ne trouvant pas dans leur forme traditionnelle la possibilité d’une démarche initiatique, sont amenés à adhérer à une autre forme traditionnelle que celle à laquelle ils étaient rattachés par leur origine. Dans ce cas, il n’y a pas de comparaison de valeur entre deux formes traditionnelles puisqu’il n’est pas question de "préférence" individuelle. Il est évident que celui qui agit ainsi doit avoir conscience de l’unité fondamentale et essentielle de toutes les traditions. Si de tels cas se présentent, c’est bien souvent en raison des conditions de l’époque actuelle dans laquelle certaines traditions sont devenues incomplètes "par le haut", c'est-à-dire quant à leur côté ésotérique.
Certains hommes parvenus à un haut degré de spiritualité adoptent parfois, pour des raisons qui échappent forcément au profane, plusieurs formes exotériques différentes. Ceci n’a rien de surprenant dès lors que l’exotérisme n’est que le voile qui recouvre l’ésotérisme et que ce voile est susceptible de prendre un nombre indéfini de formes.
Rappelons-nous, lorsque nous voyons parfois des touristes orientaux ou autres prier dans nos églises, que la Tradition est une et que sa forme exotérique n’a qu’un intérêt contingent.
ANONYME