MARCHER
Marcher, une philosophie, quand mon ami Rémy Le Tallec m’a offert le livre de Frédéric Gros quelques jours après le départ brutal de mon fils, je me suis demandé pourquoi ce livre ? Étant un piètre marcheur, un marcheur par nécessité il faut bien aller chercher son pain chaque jour.
J’ai presque simultanément le message d’un frère qui me conseillait d’aller de l’avant, de ne pas regarder dans le rétroviseur, il rajoutait plus facile à dire qu’à faire, je suis là si tu as besoin de parler. Je répondais ça marche, je vais essayer de mettre un pied devant l’autre, facile ! Je ne mesurais pas la difficulté de ce geste simple jusqu’à présent.
Certes on ne marche pas en regardant en arrière sous peine d’une contorsion douloureuse. Quelques jours plus tard, j’ai été pris de cette envie irrésistible, de sortir, de marcher, sans pudeur de prendre l’air, de prendre un peu d’air, pour avoir l’air de faire quelque chose d’utile.
J’ai ouvert le livre de Frédéric Gros pour glaner quelques fruits, tombés de ses pages, de cette anthologie philosophique des marcheurs.
Comme Henri-David Thoreau, je me suis aperçu que je ne marchais pas pour tuer le temps : « On ne peut tuer le temps sans aussitôt blesser l’éternité ». Frédéric Gros commente : « On ne marcher pas pour tuer le temps, mais pour l’accueillir, l’effeuiller (…) on marche pour vivre de manière décapée, délestée, purgée… »
Le drame que j’ai vécu m’a déjà permis de décaper, d’écorcer, mes certitudes, mes inutilités, mes vengeances ridicules, mes jalousies dérisoires, je vois mieux les cœurs blessés. Je vois mieux tout ce qui m’entoure, les pierres, les arbres, la terre, le ciel et ses nuages leurs larmes qui me recouvrent, et qui passent lentement sans revenir.
La marche solitaire rend inutiles, les comparaisons et les préférences sociales, elle est pure fraternité humaine, amour de l’homme naturel. La marche a le même effet que le deuil elle purifie des rancœurs et des haines, elle vide la tête, fait de la place pour mettre de la bienveillance, chaque pas est un rayon de lumière passant sous la porte du cœur, un acte d’espérance, un frémissement, hier j’ai fait quelques pas, aujourd’hui je marcherais encore…
Valence Espagne le 14 janvier 2022
Jean-François Guerry.
Post réflexion : Les promenades de Jean-Jacques Rousseau lui ont fait prendre conscience de son état d’homme social mais aussi de sa préférence pour son état d’homme naturel. Faut-il préférer l’un ou l’autre, comment déployer et pratiquer l’amour fraternel dans la solitude ?
Ce que rejetait Rousseau, ce sont plus les paradis artificiels, les apparences et la célébrité, l’égoïsme, l’ambition destructrice, la compétition matérialiste.
« Au milieu de tant de philosophie, d’humanité, de politesse, et de maximes sublimes, nous n’avons qu’un extérieur trompeur et frivole de l’honneur sans vertu, de la raison sans sagesse, et du plaisir sans bonheur ». (Jean-Jacques Rousseau Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes.)
Cherish yesterday, dream tomorow, live today.
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