LE MYSTÉRIEUX PLOTIN – PART – V –
La recherche de la perfection, la recherche la Lumière.
« Reviens en toi-même et regarde. »
Plotin.
La philosophie antique est une succession d’écoles de pensée, chaque école à son corpus pédagogique et parfois son manuel. Dans l’école de Pythagore à Crotone les apprentis lisent en silence Les Vers d’Or, Socrate dans les rues d’Athènes dialogue et Platon dans son Académie écrit, Épicure dans son jardin écrit ses lettres dont celle à Ménécée , Épictète parle, Arien de Nicomédie rédige son Manuel, Marc Aurèle sur ses champs de bataille le lit et rédige ses Pensées pour lui-même, Sénèque mettra les meilleures de ses pensées dans ses lettres à son ami Lucilius, Aristote dans son Lycée enseignera La philosophie première, sa Métaphysique, il rédigera ses Éthiques à Eudème et Nicomaque, Plotin vivra sa philosophie sans l’écrire, c’est Porphyre qui rédigera ses Ennéades.
Les Francs-maçons ont leurs textes fondateurs, leurs Old charges et leurs manuscrits, leurs Rites initiatiques et leurs Rituels.
Les Ennéades de Plotin sont en quelque sorte un manuel de perfectionnement de l’Âme. De « Cette âme qui contemple l’être » disait Platon. Le Franc-maçon recherche la Vérité et la Parole Perdue, la vérité existe toujours dans notre âme, elle est immortelle. Quand on ne sait pas, c’est qu’en réalité on ne se rappelle pas. Il faut faire appelle à notre mémoire, cette force qui est en nous. (C’est pourquoi le premier mot sacré est la Colonne B, c’est le Masson Word lire les ouvrages de Charles- Bernard Jameux sur les origines de la Franc-Maçonnerie spéculative).
L’apprenti va se mettre en recherche, s’efforcer, de se souvenir « car la force est en lui ».
Il nous faut apprendre à chercher, la pierre cachée, l’Or fin spirituel, le subtil, l’éternel. « L’âme humaine ne peut être entièrement détruite avec le corps, il reste quelque chose d’elle qui est éternel. » (B. Spinoza- Éthique de la puissance de l’entendement ou de la liberté de l’homme.)
Descartes voyait aussi une distinction entre âme et corps mais il pensait à une unité âme et corps. Aristote y décelait une forme ou une raison : « L’âme c’est ce qui fait que nous sentons, réfléchissons au sens premier elle est une sorte de raison ou de forme, et non une matière ou un sujet…elle la forme et la matière et le composé des deux. » (Aristote De anima Traducteur R. Bodéus Flammarion ré-éd 2018)
Et si le but de l’initiation était de se mettre en accord profond et durable avec soi, d’atteindre cette harmonie, cette paix de l’âme, de faire que l’âme et le corps ne s’opposent pas. Platon veut nous convaincre de faire cet accord : « Mieux vaudrait me trouver en désaccord ou en opposition avec tout le monde que de l’être avec moi-même étant un et me contredire. » N’est-ce pas là, la vraie liberté.
« Il faut en effet que l’homme arrive à saisir ce qu’on appelle forme intelligible en allant d’une pluralité de sensation vers l’Unité. » (Platon- Phèdre-Trad L. Brisson Flammarion -2006).
Plotin s’il avait écrit, aurait pu écrire (fiction) il faut se fondre dans l’Un, y dissoudre son individualisme comme un élan sacrificiel. Peu d’homme atteignent ce but, cet état de perfection, cet effacement de soi qui permet la contemplation de l’Un.
L’Un est comparable au Bien équivalent pour Platon comme Plotin et pour le Franc-maçon sincère, fraterniser avec le Bien c’est rendre gloire au principe de toutes choses, qui est antérieur à tous les êtres, tous les êtres dérivent de l’Un Bien. Ce principe peut être nommé Grand Architecte. Puisque les êtres émanent et procèdent de l’Un.
Le réel offert à nos yeux se décline en des niveaux successifs décroissant s’éloignant de l’unité. Jusqu’au niveau le plus bas qui est celui de la matière, le niveau le plus lointain du souverain Un, de l’Intellect et de l’Âme. Le travail de perfectionnement consiste à une remontée vers l’Un Lumière. L’Âme est dans l’intelligible et contemple le sensible qu’elle organise progressivement et oriente la remontée dans l’Un. C’est à exercice perpétuel de perfectionnement auquel elle se livre. Il n’y a pas de désespérance parce que l’Un à fait sa demeure en nous, il faut le chercher, au cœur de la pierre brute, puis le polir sans cesse, le sculpter, rejoindre sa beauté, puisque nous sommes des parties de l’Un.
Plotin propose avec ses Ennéades un manuel pour faire croître l’Un qui est en nous et l’élever de manière qu’il puisse peut-être un jour, un moment contempler la totalité de la Beauté de l’Un. Aristote et Platon voient avec l’œil de l’Âme, le Franc-maçon avec l’œil du cœur.
Ce sont des exhortations au retour dans notre vraie patrie là règne la Grande Lumière. Pourquoi selon dès sa première cérémonie initiatique (au R E A A), le postulant à la Lumière et aux Mystères, devient acteur de son initiation en voyant son visage, sa face dans le miroir ?
« Comme si quelqu’un, voyant son propre reflet, mais ignorant d’où il provient veut le poursuivre Narcisse ignore que ce reflet est son reflet, il ignore l’origine de ce reflet. » (Plotin Ennéades V, 8,2,34)
C’est donc au combat cette ignorance de ce qu’il est vraiment que le jeune apprenti Franc-maçon est invité, ce combat jalonnera sa vie initiatique de degré en degré par une suite de mort et de régénération : « meurs et deviens ».
Plotin constate à force d’exercices spirituels : « La beauté ne nous émeut que quand elle est devenue intérieure à nous en passant par les yeux ; or, à travers nos yeux seul passe la forme. » (Ennéades V8,2, 25-26)
Cette initiation, ce mouvement, cette construction de l’homme intérieur pierre après pierre est aussi l’initiation maçonnique. Nos yeux ne voient que la forme, les apparences, ils doivent aller au-delà vers la Lumière, celle de l’homme intérieur réalisable par l’initiation à force de construire, je me construis moi-même.
« …si tu es devenu tout entier une lumière sans limite (…) si tu te vois devenu cela alors regarde en tendant ton regard. Car seul un tel œil peut contempler l’immense beauté. » (Ennéades I 6, 9)
Cette démarche, cette marche vers l’homme intérieur est transversale à toutes les traditions dans leur partie invisible ésotérique. Un célèbre hadîth de l’Islam le confirme « J’étais un trésor caché qui aimait à être connu. »
L’alchimie présente dans le Rite Écossais Ancien et Accepté ne nous dis pas autre chose : « Cherche en toi la pierre cachée. » Comment ? Mes Sœurs, mes Frères que vos regards se tournent vers la Lumière !
Comment encore, enfin ! Pour recevoir la Lumière il faut se placer sous la Lune mère, ouvrir en silence son cœur, et tourner son regard vers le Soleil feu lumière qui régénère.
« Jamais un œil ne verrait le soleil sans être devenu semblable au soleil, ni une âme ne verrait le beau sans être belle. Que tout être devienne donc d’abord divin et beau s’il veut contempler Dieu et le Beau. » (Ennéades)
On discerne ici l’influence de la terre alchimique du Nil, des Mystères Isiaques sur la pensée de Plotin. On ne peut s’empêcher de penser à la découverte de l’homme intérieur, et ce qui était dit à Isis lors de la découverte des membres d’Osiris : « Nous l’avons trouvé, réjouissons-nous ! » L’homme intérieur, vertical, « plus radieux que jamais… » tourne son regard vers le Delta lumineux où réside l’œil central, le troisième œil spirituel celui du Maître.
Cet œil ne tardera pas à descendre vers le Maître Secret, le Maître intérieur, est-ce par hasard que cet œil est au centre du tablier du M\S, celui qui se glorifie, le Lévite fidèle s’approche pour contempler le Beau derrière le voile des apparences. Celui qui parvient à contempler le Beau quitte l’Orient pour monter au sanctuaire et un jour pourra dire : « j’ai ce bonheur », de pouvoir contempler l’absolue Beauté. Plotin dit : « J’aime la contemplation et ce qui en moi contemple, engendre en même temps l’objet de sa contemplation. » Alors la joie est dans mon cœur, pas seulement dans mon cœur, mais dans tous les cœurs.
Jean-François Guerry.
Notes :
« Les néoplatoniciens veulent encore plus, ils ne se contentent plus de chercher à unifier leur multiplicité intérieure, ils veulent coïncider avec l’Un absolu et originel. En introduisant cette unification mystique avec l’un, la conscience individuelle doit disparaitre. Ils donnent par là même aussi une autre dimension aux « Exercices Spirituels » pratiqués pour obtenir un retour à l’unité et une fusion dans l’Un.
Dans cette longue chaîne d’or l’on trouvera des maillons comme le toscan Marsile Ficin traducteur des Ennéades, Pic de la Mirandole et Giordano Bruno, qui lui-même influença la pensée de Spinoza.
Giordano Bruno a une place particulière dans cette chaîne. Le poète, écrivain historien de la Franc-Maçonnerie Charles-Bernard Jameux a formulé une thèse sur les origines de la Franc-Maçonnerie spéculative, thèse dans laquelle apparaît Giordano Bruno, comme le possible initiateur du Masson Word. (JF GUERRY Exercices spirituels de la Philosophie antique et Franc-maçonnerie. Éditions Ubik Académie de Provence – septembre 2021)
À SUIVRE… Ennéades le nombre neuf.
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