Pierre Mollier nous présente dans son blog Rassembler ce qui est épars (qui devrait être dans vos favoris) un très intéressant article sur René Alleau, 1917-2013, Frère de la Grande Loge de France, ami d’André Breton et historien des sciences occultes, qu’il présente comme un « hérault d’armes » surréaliste.
La « Maison André Breton » ouvrira ses portes en mai 2023 à Saint-Cirq-Lapopie avec une exposition organisée autour de René Alleau intitulée « Surréalisme et Alchimie ». Différentes publications sont prévues à cette occasion dont ce catalogue de l’œuvre graphique de René Alleau. Sous le beau titre de « Rêveur définitif », il présente les magnifiques aquarelles – jusque-là complètement inconnues – de l’un des compagnons de route des dernières années d’André Breton. Aquarelles particulièrement mises en valeur par la somptueuse maquette des Éditions « Venus d’ailleurs ». Nous y proposons un petit essai sur les conceptions de René Alleau – et de ses amis – en matière d’héraldique.
Dès son émergence en 1924, le mouvement initié par André Breton s’est voulu une « révolution surréaliste ». Il promeut un art subversif qui sape les valeurs, les conventions et les représentations de nos sociétés – les sociétés occidentales de la première moitié du XXe siècle. Art total, il s’est donné pour mission de faire surgir des profondeurs ou des replis cachés de l’existence une « surréalité » plus authentique, supposée plus réelle, que la réalité quotidienne et banale qui sert de décors à nos vies et a nourri l’art classique, fût-il « moderne ». Pour beaucoup de nos contemporains, l’héraldique reste un attribut, non seulement du monde ancien, mais même de l’Ancien Régime. Il y a donc, en apparence, une sorte de tension à envisager des liens entre héraldique et surréalisme qui semblent appartenir à des champs culturels bien différents. Pourtant ces liens sont avérés, même si l’art du blason apparaît plus sur les marges du surréalisme qu’au cœur de sa démarche. L’héraldique est surtout présente dans le surréalisme d’après-guerre, celui-là même qui, dans le sillage d’Arcane 17 (1945) puis de L’Art magique (1957), s’intéresse de manière appuyée à l’ésotérisme. Elle s’inscrit en effet dans cette appétence du cercle d’André Breton des années 1950 pour les « sciences traditionnelles » : Alchimie, tarot voire astrologie et donc héraldique. Qu’est-ce qui intéresse Breton dans ces savoirs issus des temps anciens devenus marginaux ? Peut-être, justement, leur anti-modernité qui peut ouvrir une voie d’accès à des continents disparus de la psyché humaine et y traquer cette surréalité qui est la vraie âme du monde, « l’or du temps » ?
La rencontre entre surréalisme et héraldique se fera selon deux modalités… Retrouvez l’ensemble de l’article dans le catalogue des éditions « Venus d’Ailleurs ».
Pierre Mollier