L'ENCENS

L’ENCENS

« Avant que la brise du jour ne souffle et que les ombres ne fuient, j’irai à la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens. »

                                                              Cantique 4. Le Bien Aimé

L’on trouve dans le Temple des outils pour construire. Il paraît que les colonnes qui marquent l’entrée du Temple étaient creuses pour recueillir ces outils, chaque catégorie d’ouvriers recevait au pied de ces colonnes les outils de son grade. Parmi ces outils il y avait l’équerre, le compas et la règle. Mais dans la partie la plus intime du Temple, dans la demeure, là où réside le divin se trouve l’encens, la fragrance divine qui permet de passer du monde visible au monde invisible.

L’encens faisait partie lors des cérémonies initiatiques dans l’Égypte ancienne, il était qualifié d’œil d’Horus l’œil protecteur mais aussi celui qui permet de voir l’invisible, les pêcheurs de la méditerranée le peigne sur leurs bateaux pour tenir le cap.

Ceux qui sont initiés aux mystères isiaques voient dans l’encens brûler, la modification de la matière en esprit, la matière brûle par le feu et se régénère en esprit. Ou encore, le feu Lumière, transforme la matière, la purifie progressivement. Cette tradition se poursuit souvent inconsciemment dans les maisons où l’on brûle de l’encens, pour chasser les mauvaises odeurs et purifier l’air. Lors des cérémonies funéraires l’on parfume avec de l’encens les corps des défunts, pour que le corps purifié rejoigne l’âme.

On retrouve plusieurs occurrences de l’encens dans la Bible et ce dès la Genèse sous le nom de bdellium : « Un fleuve sortait de l’Éden pour arroser le jardin et de là il se divisait pour former quatre bras. Le premier s’appelle Pishôn : il contourne tout le pays de Havila, où il y a de l’or, l’or de ce pays est pur et là se trouve le bdellium et la pierre de cornaline. »Genèse 2- 10,11 Bible de Jérusalem.

On notera le caractère alchimique de l’encens, la transformation, la métamorphose de sa matière solide en fumée divine. Selon certaines interprétations le fleuve Pishôn serait le Nil et le pays de l’encens celui de la Reine de Saba, l’antique Éthiopie. Cette même Reine de Saba qui fit le voyage à Jérusalem pour rendre visite au Roi Salomon elle lui apporta de nombreux présents dont l’encens. Ainsi dans certains rituels maçonniques de Maîtres Installés, il est fait mention de la Reine de Saba, l’on retrouve aussi l’encens dans les cérémonies de dédicace des Temples maçonniques.

Dans le Service du Temple. « Salomon offrait trois fois par an des holocaustes et des sacrifices de communion sur l’autel qu’il avait dressé à Yahvé et il y faisait aussi fumer devant Yahvé de l’encens… »

Premier Livre des Rois- 9-25.

L’encens permet de passer de l’impur au pur, comme le relate Mathieu dans le signe de Jonas, faisant encore allusion à la Reine de Saba, qu’il nomme Reine du Midi : « La Reine du Midi se lèvera lors du jugement avec cette génération et elle la condamnera, car elle vint des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici plus que Salomon. » Mathieu 12- 42. Faut-il voir dans le nom de la Reine du Midi un rapport avec l’heure des travaux maçonniques ?

Brûler de l’encens est souvent associé à la notion de don et même de sacrifice, à un certain degré du R E A A l’on célèbre le sacrifice du plus humble de tous et l’on fait brûler de l’encens.

L’on trouve aussi de l’encens ‘ dans les bagages’ des Rois Mages se rendant à Bethléem.

Ainsi, nous sommes conviés tout au long de l’initiation maçonnique à respirer la fragrance de l’encens symbole de nourriture spirituelle, qui nous rapproche de la Connaissance. Sommes-nous dès lors en odeur de sainteté ? Sommes-nous lors de cette respiration plus près du Grand Architecte de l’Univers ? L’encens qui brûle, est-il à mettre en correspondance avec une certaine clé d’ivoire qui potentiellement nous donne accès à la partie intime du Temple ? La fumée de l’encens quand elle se dissipe, est-elle comme un voile qui se lève et s’enlève de nos yeux ?

                                            Jean-François Guerry.

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