POUR GRANDIR...

POUR GRANDIR…

Dans un monde uniformisé, mondialisé, il faut absolument redonner à chacun la possibilité de grandir, de retrouver sa dignité, d’être respecté pour ce qu’il est et non pour ce qu’il a.

C’est notre devoir d’être les gardiens de nos frères, de reconnaître la valeur de chacun même et surtout à travers de leurs différences. Il nous faut oublier définitivement l’arrogance de nos pseudo savoirs. Se souvenir des mots de Socrate qui contiennent à la fois humilité et grandeur : je sais que je ne sais rien, et c’est déjà beaucoup. Nous ne pouvons laisser sur le bord du chemin dans l’indifférence, nos sœurs et nos frères que le monde moderne à précarisé. Il nous faut soigner les corps et les esprits pour qu’ils ne se brisent pas. Il y tant à faire ! Redonner à ceux qui travaillent le sens et la gloire du travail, il faut voient leurs œuvres accomplies. Il faut respecter nos anciens, ne pas les déposer dans des EPHAD et détourner notre regard. Prendre soin des hommes qui ne sont pas des robots, que nous déplaçons à notre guise comme des machines flexibles, pour le bénéfice de quelques actionnaires. La vie bonne est celle où nous sommes respectés pour ce que nous sommes et avons l’espérance de grandir, de nous améliorer.

Il nous faut le courage d’aimer les autres qui ne sont pas ni la foule, ni le peuple mais des femmes et des hommes. Il faut permettre à chacun d’exprimer sa richesse intérieure, ce qui implique notre écoute de l’autre, le respect de sa parole pourvu qu’elle soit animée pour le bien.

Imaginez, un monde où chacun prendrait le temps d’écouter l’autre sans lui couper la parole. Cela, nous sortirait de l’ignorance et permettrait de belles rencontres, chacun en tirerait joie et profit, un profit partagé, un salaire reçu.

Quel bonheur, de voir dans nos loges grandir, se développer les plus jeunes, de voir leurs savoirs s’amplifier, leurs langues de se délier, s’affirmer.

Quel bonheur presque indicible, de voir le jeune apprenti fraîchement initié donner ses premiers coups de maillet sur le ciseau qui veut pénétrer la pierre brute. Cette pierre d’angle qui va peu à peu trouver sa place dans l’édifice, démontrer son appartenance à l’œuvre. C’est le devenir de loge qui prend forme sous nos yeux, son futur. Quelle joie de le voir se tenir digne, à l’ordre à la tête de la colonne du nord. C’est là qu’il reçoit le reflet de la Lumière au plus de l’Orient au nord-est. Il n'a pas encore conscience de l’aventure « extraordinaire » qu’il va vivre : se connaître et connaître l’univers et les dieux. Il est proche de l’endroit où le Vénérable Maître avec son souffle, va dévoiler discrètement dans le silence de la loge, le mot sacré qui circulera dans la loge. Le mot qui va métamorphoser le temps et l’espace, le sacraliser.

C’est aussi à cet endroit au nord-est, que dans certains rites est disposé une cassolette contenant de l’encens qui brûle, et dont la fumée en volutes spiralées s’élève vers le ciel. L’apprenti, genou à terre qui a accompli son premier travail, s’est redressé et il regarde cette fragrance divine qui monte. L’apprenti est une mine d’Or pur pour sa loge, un canal par qui va passer le flux des savoirs et de la Connaissance des anciens, qu’il transmettra à son tour, peu à peu dans sa loge. Il donnera de la Force et de l’assise aux colonnes qui soutiennent le Temple, ces colonnes vont grandir avec lui.

                                            Jean-François Guerry.

La taille de la pierre un art royal :

« Je n’ai pas l’impression d’avoir vraiment choisi la pierre. Ni la sculpture d’ailleurs… Les choses se sont faites d’elles-mêmes, comme une évidence. Chaque fois que j’ai exploré un autre chemin, la vie m’a ramené sur cette voie qui finalement est la mienne.

Je crois que la pierre porte en elle quelque chose d’ancestral et magnétique qui éveille des mémoires secrètes terrées en nous depuis la nuit des temps. Ceci est encore plus vrai pour le granite et le basalte car se sont des roches issues des profondeurs, du cœur même de notre planète.

D’ailleurs, aujourd’hui, en pleine ère informatique, ne fixons-nous pas nos données, notre mémoire dans le silicium… Aussi lorsque je travaille le granite, que je rentre dans sa matière, je me sens comme porté par quelque chose qui me dépasse, si bien qu’au final, lorsque la pièce est terminée et que l’on peut la regarder avec un certain recul, je me demande toujours s’il s’agit bien de mon œuvre ou si je n’ai pas été, finalement, qu’un canal. »

                                    Didier Hardellet (Le Huelgoat 29) – Sculpteur de la Vallée des Saints à Carnoët 22160. Ses réalisations Eodez, Koulman, assistant Nolwenn. Extrait de la Vallée des Saints guide de visite 6^ème Édition. Ouvrage collectif- Imprimeur Le Cloitre.

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