Philippe Michel - Genèse du Rite Écossais Ancien et Accepté- 250 ans d’évolution de 1760 à nos jours. 2ème Édition.
Je poursuis avec ce 3ème article sur le livre de Philippe Michel une recension après une lecture plus approfondie. Philippe Michel, s’affirme comme un chercheur, un archéologue et un historien des degrés symboliques du Rite Écossais Ancien et Accepté. Son substrat est le triangle des trois premiers du Rite, le lecteur sera déjà un initié désirant parfaire sa connaissance du Rite à travers ses rituels. Il cherchera les idées derrière les symboles, les mots, la gestuelle.
Philippe Michel fait le constat des évolutions et des changements des rituels à travers le temps, peu à travers l’espace car les rituels des trois premiers degrés du rite sont essentiellement pratiqués en France, ce qui n’empêche pas la reconnaissance du caractère universel du rite. Ce livre n’est donc pas un plaidoyer pour les changements ou les évolutions des rituels, ni d’ailleurs une critique simplement le constat de ces évolutions. Le lecteur reconnaitra le travail colossal de recherche de l’auteur. Le Rite vit par la pratique de ses rituels, ses socles demeurent, ses contours subissent l’influence du temps. Ses changements sont parfois souvent faits pour être ‘dans l’air du temps’, ou encore pour correspondre à l’évolution de la langue vernaculaire, mais véhiculant toujours les mêmes idées. Il arrive que les changements soient des erreurs d’interprétations, dont acte la raison humaine n’est pas infaillible.
L’intérêt du livre est qu’il souligne chaque changement, chaque différence dans des tableaux récapitulatifs, permettant au lecteur de se repérer et d’apprécier l’opportunité ou non des changements, s’ils sont de nature à modifier la pureté du Rite. La préface de Pierre Noël et la postface de Laurent Jaunaux précisent si besoin que le livre se doit d’être lu dans son intégralité mais lentement et de préférence avec un crayon à la main. Je rajouterais, gardé à portée de main afin de répondre aux questions que l’on se pose naturellement face à des phrases du rituel parfois obscures. Il deviendra un outil pour savoir et comprendre avant de juger.
Faut-il, ne rien changer dans les rituels ? Faut-il faire des changements susceptibles d’en dénaturer le sens ? Je laisse votre bon sens répondre. Pendant des années j’ai pratiqué le Rite dans une obédience, puis le même Rite dans une autre, j’ai relevé des différences qui pour certains seront minimes et pour d’autres essentielles. Par exemple, avant l’ouverture des travaux, les surveillants sont chargés de vérifier si tous les participants peuvent être reconnus comme maçons au degré correspondant. Les participants au passage des surveillants exécutent le signe correspondant et restent à l’ordre dans une obédience et dans l’autre reprennent une posture normale profane. Question pourquoi rester à l’ordre alors même que les travaux n’ont pas été ouvert par le Vénérable Maître ? Il semble logique qu’une fois le signe exécuté le participant revienne à sa posture d’origine.
Souvent s’opposent les prétendus défenseurs de la pureté du rite et de son immuabilité et les prompts aux changements sans raison évidentes, il en est même qui prétendent créer de nouveaux rituels, mais qui en définitive procèdent à un mélange de plusieurs rituels comme une recette de cuisine consommable immédiatement agrémenté avec un fond de sauce spirituelle plus pure que jamais ! Une recette réalisée en quelques heures, alors que la construction d’un rituel peut prendre des dizaines d’années, ils sont sans doute d’une génération fast-food ! Les anciens par sagesse ont toujours agis de manière à conserver la cohérence du Rite à travers les différents rituels, ils se sont efforcés de construire un corpus pédagogique en rapport avec la progression initiatique des initiés.
Laurent Jaunaux dans la postface du livre de Philippe Michel fait une remarque intéressante : Le Rite Écossais Ancien et Accepté est universellement reconnu comme un rite de hauts-grades, ses grades symboliques sont pratiqués principalement en France, un peu en Europe (…) Peut-on déduire de cette remarque, l’origine des frictions fraternelles entre les corps maçonniques par exemple les obédiences et les Suprêmes Conseils ? Qui est le gardien du Rite ? Qui gère les grades symboliques ? Qui rédige les rituels de tous les degrés ?
Philippe Michel, ne répond pas à ces questions, Laurent Jaunaux dit de lui : (…) il agit en précurseur, il à entrepris d’analyser l’évolution des rituels symboliques de ce Rite en mettant l’accent sur les différences marquantes entre les différents rituels nous permettant ainsi de mieux comprendre leurs évolutions. Plus loin il précise : les grades symboliques du rite sont indiciblement liés aux hauts-grades, maintenant ainsi l’harmonie et la progression initiatique du premier au dernier degré (…) cette harmonie s’est faite lentement dans l’intérêt de l’initié. Cette analyse pertinente justifie la pratique maçonnique dans l’unicité du Rite du premier au trente-troisième degré, en rejetant l’obscur mélange entre plusieurs rites. Pourtant le livre de Philippe Michel démontre aussi la porosité du moins dans les grades symboliques entre le Rite Français et le Rite Écossais Ancien et Accepté.
Ce que nous propose donc l’auteur Philippe Michel, c’est je dirais en employant une métaphore, de comprendre la construction, la réalisation du Rite à travers la pratique et l’évolution des différents rituels pratiqués en loge symbolique, souvent inspirés des rituels des hauts-grades du Rite. C’est un peu comme la construction d’une cathédrale du Rite, on y parcoure les différentes stations, les différentes chapelles avec leurs mots burinés, leurs peintures en rapport avec le temps, leurs statues plus ou moins modernes. Sans pour autant perdre le sens et le but de la construction, sans oublier la motivation des constructeurs, l’essence de leur pensée, l’exemplarité de leur vie. Ces maçons anciens visaient, comme les successeurs modernes à leur amélioration personnelle, pour pouvoir améliorer un peu la société, conscients de leurs imperfections mais aussi de leur immense potentialité de perfectionnement.
Personnellement, je veux résolument voir le verre à moitié plein, et croire que tous ceux qui ont procédés à des changements dans les rituels l’ont fait de bonne foi, ils ont voulu faire évoluer les rituels dans le seul intérêt des initiés.
C’est sans parti pris que Philippe Michel nous rapporte leur travail dans son livre, je le répète à lire avec un crayon à la main, en sachant s’arrêter aussi souvent que nécessaire pour comprendre la motivation des rédacteurs, réfléchir et en tirer profit et joie.
Jean-François Guerry.
À LIRE : Philippe Michel – Genèse du Rite Écossais Ancien et Accepté. 250 ans d’évolution de 1760 à nos jours. 2ème Édition.
Aux Éditions de L’Art Royal.
Etty Hillesum.
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