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ais l’altérité renvoie aussi à un sens étymologique d’emprunt peu flatteur correspondant à la notion philosophique de « différence par changement », à la fois « diversité » et « altération », c’est-à-dire « changer en mal » (14ème siècle). Nous pourrions alors dire que la mort est l’altérité suprême, puisqu’il s’agit là d’une altération complète et définitive, devant laquelle, tout comme notre naissance, nous ne pouvons nous présenter que nus. Cela dit, l’identité rejoint quelque part l’altérité par son étymologie, du latin identitas qui signifie « qualité de ce qui est le même (14ème siècle) ». Nous pourrions ainsi dire que l’identité est l’altérité du même ; mais le même absolu n’existe pas, ne serait-ce que parce qu’il occupe une place différente dans l’espace.
L’identité qualifie aussi, depuis le 18ème siècle, « le caractère de ce qui est permanent », insensible aux remous qui affectent l’humain. L’altérité est, elle, par essence variable puisque l’Autre est fatalement différent de nous-même, il est apte à se transformer de manière impromptue et surtout imprévisible. Toujours dans l’esprit de l’altérité, le grade de compagnon intègre ainsi toujours 2 données simultanées, impliquant un voisinage et créant par là un lien binaire, une corde tendue entre 2 points : par exemple, le droit de parler ou de ne pas parler. Cette propension à s’appuyer, à se camper apporte de l’intelligibilité au compagnon par rapport à l’apprenti, qui, lui, vit une mouvance globale dans laquelle il ne s’appartient pas vraiment. Mais cette propension à l’intelligibilité du compagnon est insuffisante pour lui permettre de prendre complètement conscience de lui-même : l’expression « le maître est seul » qualifiera ainsi, au-delà du sentiment produit, une conscience véritable qui paradoxalement l’empêchera de se perdre là où le compagnon est susceptible, lui, de s’égarer. L’altérité définit le caractère de ce qui est autre, mais la religion judéo-chrétienne perçoit surtout chez l’autre une entité de la même espèce, c’est-à-dire l’humain. Ainsi, si un arbre est pour nous un autre être vivant, le concept d’altérité n’y est pas associé, sauf à y voir une forme d’animisme. Mais même dans ce dernier exemple, on cherchera l’autre à travers un principe créateur qui habiterait alors une pierre, un végétal ou un animal, plus qu’il ne caractériserait la pierre, le végétal ou l’animal considéré.
L’altérité se conçoit sur ce même modèle, à savoir que l’être humain tout entier ne peut se retrouver dans une projection totale de lui-même, au risque d’y perdre sa substance et son originalité. La confession chrétienne parlera de « prochain », terme un peu abscons dont la vertu sera, soit, d’animer notre humanité et notre partage, mais aussi de proposer un modèle qui nous ressemble. L’identité et l’altérité vont donc contribuer à masquer cette solitude ontologique qui borde et accompagne le vivant. La formalisation de la relation à l’autre ou à soi-même masquera ce vide existentiel, en y apposant des liens et des méthodes visant à remplir ce vide : ce seront, pour l’apprenti les valeurs introspectives et morales, et pour le compagnon des valeurs culturelles telles que les arts libéraux, les 5 sens, nos maîtres philosophes, et surtout le travail, entendu ici dans son acception obstétricale, à la fois fin et moyen d’une relation à l’autre qui permette d’alimenter cette altérité.
Thierry Didier.
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