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a franc-maçonnerie, art initiatique basé sur une construction personnelle à l’aide d’outils symboliques, aura tendance à habiller le principe créateur en architecte, c’est-à-dire en une forme de directeur dénommé GADLU. Si l’on projette l’époque sur une représentation formelle de l’univers, le GADLU, qui est une sorte de principe transcendant et structurant, correspond bien, à l’origine, à l’ère de la Révolution préindustrielle et à l’aspect mécaniste de la pensée qui la précéda sous la forme des « lumières » de la réflexion dite universaliste du moment. Il s’agissait alors de compléter l’esprit de la Renaissance, en lui imposant une conception faite de « positivisme éclairé », un brin arrogante mais néanmoins prégnante. Quoi de mieux alors que de produire à cette époque cette forme de « déisme laïcisé » que serait le GADLU ? D’autres, essentiellement philosophes, verront dans ce postulat du GADLU, et c’est un peu la même chose, une représentation de l’idée kantienne selon laquelle, je cite : « L’expérience n’est qu’un phénomène, alors que la réalité objective demeure inaccessible ».
Si l’on se place d’un point de vue gnostique, le GADLU pourrait alors être assimilé au Dieu supérieur, ineffable, sorte de Nec plus Ultra maçonnique ou d’Ein Sof kabbalistique dont la déclinaison palpable serait alors une grande architecture, faisant office de Démiurge. Transposée dans le REAA (Rite Ecossais Ancien et Accepté), cette architecture transcendante dépasserait les clivages et réunirait les complémentaires. Elle pourrait être portée par l’Echelle Mystérieuse, figure majeure du 30ème degré, Chevalier Kadosch, où se déclinent sans s’opposer les 2 grands versants de l’existence, symbolisés d’une part par la volée des arts libéraux, et d’autre part, par la volée des vertus. Le gnosticisme était une vision philosophicoreligieuse du christianisme primitif affirmant que l’être humain était une âme emprisonnée dans un monde matériel créé par un dieu inférieur, le Démiurge, au-dessus duquel existait le vrai Dieu, suprême, ineffable et générateur du Bien. Le gnosticisme reposait donc sur une doctrine séparatiste dont la prise de conscience que le Bien et le Mal sont deux éléments inconciliables, mêlés ici-bas par un accident contraire à la volonté divine.
Selon les gnostiques, le monde que l’on connait est une somme d’accidents, d’un autre univers, plus subtil. Cette fracture initiale porte une méthode visant à nous réveiller et à nous questionner, car cette approche séparatiste du gnosticisme possède, comme toute doctrine, une approche exotérique et une autre, ésotérique. Pour le commun des fidèles, il s’agit de comprendre et d’admettre que nous vivons dans un monde foncièrement mauvais. Pour un initié, si l’on se débarrasse de la moraline, on peut y voir, à l’image de la théodicée ontologique, le spectacle total de notre univers, dont la création, complexe et infiniment diversifiée ne peut se faire sans défauts. Sans ces défauts, l'univers serait Dieu lui-même. Selon Alain Finkielkraut, la théodicée est synonyme de « plan d'ensemble qui conduit l'humanité ». Selon la franc-maçonnerie, ce plan est imparfait puisque des outils y sont nécessaires afin de reproduire des schémas et des œuvres censés nous conduire à la perfection. Or, l’outil sera là pour corriger les défauts consubstantiels de cet univers. En effet, un monde parfait verrait superfétatoires ces outils, qui ne sont là que pour corriger le monde.
Ces outils sont de même nature que l’univers démiurgique : ils cherchent, par les mouvements qui leur sont attribués, à lisser leur nature imparfaite. La doctrine qui structure le gnosticisme a donc un intérêt au niveau de la recherche initiatique car elle creuse, entre les 2 pôles divin et démiurgique qu’elle définit, un espace, un appel d’air qui ne se referme jamais. Cette rupture de la continuité entre ces 2 pôles ontologiquement différents pourra alors être mise à profit par le cherchant, en en faisant un lieu d’expériences. Le gnosticisme bien compris est donc bien plus que simplement dogmatique. Le fait de voir en un architecte le fondement de notre plan d’existence sous-entend que celui-ci vise à entériner une vision mécaniste du monde. Cette vision n’a rien de répréhensible, sachant qu’elle se love symboliquement sur les modèles de construction que nous utilisons aux 2 premiers degrés du REAA. On peut aussi voir dans le GADLU un démiurge, sans connotations péjoratives aucunes, qui ne nous donnerait à voir que ce qui est accessible à nos humbles capacités.
Même les fameux « OVNIS » sont dans l’inconscient collectif placardés sur cette toile ouranienne plénipotentiaire que sont les cieux, où rien ne semble interdit (lire CG Jung, dans son dernier ouvrage, « un mythe moderne »). Au-delà de la réalité ou de l’irréalité de tels propos, ces élucubrations supposées nous en apprennent en fait beaucoup sur l’homme et sa relation à l’Univers. Le produit de cette cogitation ontologique définira ce qu’on appelle un plan, entendu dans sa double acception de surface à 2 dimensions, et de projet à valider. Qui dit Architecte dit Plan : le plan est, dans la culture humaine, à la fois la fin et le moyen d’un concept en étroite relation avec tout ce que l’entendement humain est apte à formuler. Nous devons alors rappeler cette antienne fondamentale selon laquelle le franc-maçon se forge en même temps qu’il s’émancipe de ce sur quoi il s’est bâti : c’est une caractéristique de la maçonnerie. Il est alors compliqué de limiter l’origine de l’Univers à une entité transcendante, dans la mesure où tout pousse l’initié à s’affirmer en tant qu’individu souverain.
Ainsi le GADLU sera-t-il un architecte, dont les instruments philosophiques et métaphysiques se déclineront, au niveau du tangible, dans ces outils symboliques présents aux 2 1ers degrés du REAA. C’est pourquoi le GADLU peut sembler résoudre les contraires. On peut y mettre de l’anthropomorphisme mâtiné de révélation, auquel cas il devient difficile de le faire parler, car l’injonction qui s’en suivrait serait alors vécue comme déjà une forme de tri, de sélection, éliminant d’emblée certaines visions. Or, la franc-maçonnerie n’est jamais aussi efficace que lorsqu’elle est holistique. On ne peut donc pas disjoindre le GADLU du plan, qui est à la fois sa nature et son futur. Dès la Renaissance, le plan qualifia une surface telle qu’elle pouvait contenir entièrement toute droite joignant 2 de ses points, ce qui est hautement rassérénant et sécurisant pour notre esprit. Le plan est une sorte d’avatar obligé de l’Univers, peut-être d’artéfact. Ainsi, dans un plan, deux rayons lumineux peuvent voyager toujours en ligne droite sans jamais se rencontrer. Le plan est donc consubstantiel aux repères et aux contraintes de l’intellect, il est la forme microcosmique d’une vision générale qui en appelle, elle, à l’incommensurabilité de l’Univers.
Ainsi, formuler le GADLU permet, en définissant un artisan suprême, de conserver une mainmise sur ledit univers, car anthropomorphiquement, on ne pourra pas s’empêcher d’y voir un reliquat judéo-chrétien de l’incarnation, ou plus encore, l’image d’un Grand Horloger, (Voltaire), perçu comme une entité rassurante, appliquée, articulée, tout en maîtrise et donc, quelque part, tout en matière. Le meilleur exemple de définition du plan est peut être celle que développent les « platistes », qui croient en la planéité de notre planète. Cette idée, aussi saugrenue que celle du créationnisme, n’en est pas moins intéressante car elle nous permet de concevoir le plan comme la vision syncrétique liée, d’une part, à la faiblesse de notre conception du réel, et d’autre part, aux garde-fous que cette faiblesse met en place pour justement éviter de confiner à la folie. Le plan devient donc à la fois une production et une protection humaine, et celle de notre environnement.
J’en veux pour preuve le dernier travail symbolique produit par le compagnon franc-maçon, qui sera de vérifier la planéité de la face supérieure de la pierre cubique. Autrement dit cet acte, qui signe la fin de l’apprentissage structuraliste et constructeur du maçon, actera la conjonction, la concordance du plan microcosmique de la pierre, et du plan macrocosmique de l’Univers. L’homme, est en effet, « coincé » dans le temps et l’espace qui lui sont contemporains : il ne peut penser à l’infini spatial ou temporel que dans le cadre de son templum, sans quoi deviendrait-il fou. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le plan représente une forme d’infini plus poussée que celle d’une sphère ou d’un cercle. En effet, si l’univers est perçu comme un volume ou une sphère, ses éléments constitutifs mobiles reviennent forcément un jour à leur point de départ. Dans un plan indéfini, comme le théorisent certains astrophysiciens à propos de l’univers, un objet ne revient jamais à son point initial. Et pourtant le plan nous paraît rassurant, il semble plat mais aussi subjectivement délimité dans l’espace, à l’image du carré long qui porte la structure d’une loge, ou du Pavé Mosaïque, censé recouvrir la totalité du sol de la loge.
J’en veux également pour preuve l’universalité des épithètes en lien avec ledit concept : plan humain, géométrique, physique, géologique, optique, balistique, biologique, social etc… Le plan est en fait le rendez-vous de l’homme avec tout domaine qu’il puisse exploiter. L’arête vive, l’angle droit qu’on associe communément au plan ou à la surface, n’existent d’ailleurs pas dans la nature, ils sont toujours le fruit d’une conception artificielle. Pratiquement tous les domaines de la connaissance font appel à la notion de plan, à confronter au cercle, à la spirale, à la courbe, ou au volume dans lesquels s’ajoute souvent une dimension de fuite en avant, de dépassement autorisé qui permet d’envisager mentalement une autre réalité. Ainsi cette phrase du rituel du 4ème degré : « Vous allez rejoindre les hautes sphères de la connaissance spirituelle ».Géométriquement, on pourrait représenter l’acte d’initiation comme une tangente, c’est-à-dire une droite confrontée en un point à une courbe ou un cercle, symboles et supports du spirituel. Cette tangente symboliserait alors les épreuves auxquelles le récipiendaire est soumis à chaque degré. Tangente vient du latin tangere, « toucher », mais aussi « s’échapper ».
On retrouve là la double fonction de la maçonnerie, à savoir structurer l’initié afin qu’il s’affranchisse ensuite au plus tôt de ce sur quoi il s’est construit : « toucher-s’échapper ». Ces 2 grands concepts de plan et de courbe sont ce que l’homme a inventé de mieux pour délimiter ses présupposés. Fréquemment d’ailleurs, au cours de nos pérégrinations à travers les degrés du REAA aurons-nous à associer carré, plan, courbes et volumes sous forme de mandalas divers, voire plus simplement comme une façon de se mesurer aux limites qu’elles procurent : je pense bien entendu à l’aporie de la quadrature du cercle, évoquée au 5ème degré du REAA, Maître Parfait. Du plan idéel, transcendant, conceptuel et presque immatériel de la quadrature au 5ème degré, le plan reflètera la progression initiatique du maçon, progression objectivée par une émergence progressive évoquant à la fois le futur comme un canevas à tisser. Ainsi, au 7ème degré du REAA, Prévot et Juge, le tablier du grade renfermera la clé des plans, amorce symbolico physique et porte d’entrée de la concrétion dudit plan.
Puis nous passerons de l’aval à l’amont, lors du traçage des plans du Temple, durant le récolement déambulatoire des lignes structurelles du plan du Temple, pendant la cérémonie d’initiation au 12ème degré du REAA, Grand Maître Architecte. Le plan sera donc une référence, quelquefois préséante, quelquefois consécratoire, visant à déterminer l’acuité symbolique et intellectuelle de l’initié par rapport à ce qui le cerne et peut être le génère. La franc-maçonnerie du REAA travaille « à la Gloire du GADLU ». En tout premier lieu, cette acclamation a la vertu de maintenir une continuité entre ce que nous faisons en loge, qui est progressif, symbolique, mécaniste et méthodique, et la vision ordonnée que l’on peut avoir d’un principe d’architecture, fut-il de l’Univers. « Á la Gloire du GADLU » crée un lien indéfectible entre créature et principe créateur. Il ne s’agit pas, en effet, de travailler « au nom de… », ce qui caractériserait une forme de remplacement mimétique qui n’a pas lieu d’exister ici. Il ne s’agit pas non plus de travailler « sous les auspices de… », qui définit plus des circonstances, au sens du suffixe spicere : « aspect, spectacle », ouvrant aux travaux pratiques de la tenue (« Sous les auspices de la Grande Loge De France »). Car en effet là où la gloire installe une forme de prééminence divine, les auspices définissent les circonstances matérielles inhérentes à cette gouvernance initiale, conditionnant une forme de divination peu encline à caractériser un principe transcendant. Paradoxalement, la notion de gloire correspond non à vénérer un principe, mais à côtoyer intellectuellement l’environnement proche, le voisinage immédiat dudit principe avec ce que cela induit, c’est-à-dire le maintien d’une certaine autonomie, d’une certaine indépendance, dans une forme malgré tout d’allégeance audit GADLU. C’est le sens religieux de gloire qui doit être retenu ici, c’est-à-dire une forme de mouvance proximale cernant l’image d’un personnage divin ou d’un saint. Cette allégeance n’est pas une soumission béate, étymologiquement, elle fait porter sur l’entité souveraine la capacité à, en retour, nous alléger de l’incompréhension crasse dont nous ne pouvons pas nous départir. La locution « à la gloire de » permet également de limiter le champ de dépendance du maçon vis-à-vis d’une source, fût-elle ineffable. Je m’explique.
La gloire doit être entendue ici dans son sens religieux de nimbe, d’auréole, d’espace non défini mais proximal, d’environnement immédiat, donnant libre cours à l’exercice d’un principe, mais sans se brûler les ailes dans une adoration à la proximité mortifère. Je cite ci-après quelques versets bibliques corroborant la pensée et l’action indirecte à intenter afin de bénéficier, sans s’y noyer, de l’influence divine : Ex 33 :20 L'Eternel dit « Tu ne pourras pas voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre ». Ps 80 :19 : « Éternel, fais briller ta face, et nous serons sauvés. Ps 105 :4 : « Ayez recours à l'Éternel et à son appui, Cherchez continuellement sa face. » Ps 119 :135 : « Fais luire ta face sur ton serviteur, Psaumes 4 :6 : « Fais lever sur nous la lumière de ta face, ô Éternel ». Le verbe faire placé devant un autre verbe inhérent à la déité crée une forme d’intermédiarité qui protège le disciple d’un abord par trop violent. Et donc, tous ces versets approchent la face de Dieu, sans s’y frotter directement, rejoignant, dans l’esprit, cette promiscuité posée par le terme de Gloire.
Travailler « à la Gloire de… » installe donc à la fois une hiérarchie dans les attentes que suppose une telle locution, et en même temps, cette locution protège le maçon d’une proximité qui se voudrait trop étroite, trop immédiate. Travailler « à la Gloire de… » caractérise ainsi une forme d’ « empathie cosmologique », de « subordination éclairée » qui guide sans le brûler le cherchant. La locution « à la Gloire du GADLU » crée aussi un continuum, fut-il de subordination, entre un principe créateur et l’initié, car jamais le GADLU ou son expression ne s’éloigne véritablement de l’initié : elle permet à ce dernier de ne pas être soumis à un caractère révélatif violent, grâce à la concomitance permanente entre gouvernance divine et autonomie personnelle. Cette prérogative est fondamentale, elle définit la franc-maçonnerie comme progressive (Chapitre 1, Article 6 des statuts de la Grande Loge De France), c’est-à-dire qu’il n’y a jamais de rupture dans la continuité de compréhension entre soi et le monde. Ce qui n’est pas forcément le cas lorsqu’un scientifique par exemple, tente d’expliciter sa foi par l’intermédiaire de son métier.
Je citerai ici l’ouvrage « « Dieu, la science, les preuves » écrit par 2 scientifiques très croyants dans lequel se télescopent, et même s’affrontent, quoiqu’ils en disent, ce qu’ils appellent le réglage fin de l’Univers, et l’existence du Dieu des chrétiens, qui serait à l’origine de ce réglage. Le réglage fin de l’Univers correspond à l’ajustement de milliards de paramètres qui aboutiraient à une seule Vérité, celle de notre existence. Tout polytechnicien qu’il soit, un des 2 auteurs, très croyant par ailleurs, ne définit pas de continuité entre ce réglage, qu’il expose parfaitement, et le Dieu des chrétiens : il se contente d’en appeler à notre impuissance afin de poser ce constat arbitraire : la finesse ne peut être que déifique puisque la survenue du miracle de la Vie ne pourrait pas être le fruit du hasard. Les auteurs se contentent d’affirmer sans le démontrer qu’un tel Dieu existe, du fait de sa finesse et de l’incroyable improbabilité que tous ces facteurs se conjuguent. C’est un peu court, car cette discontinuité, cette absence de lien visible entre cause et effet est l’endroit où peuvent s’engouffrer, comme le dit le rituel maçonnique du 4ème degré, Maître Secret, des idoles, c’est-à-dire des formes frelatées, des hypothèses dévoyées propre à tromper le cherchant.
L’homme est en effet imparfait, voire pervers, et ses productions intellectuelles et symboliques peuvent receler des « malfaçons », des défauts, des biais insidieux dès que l’on lâche l’homogénéité des propos. Je ne dis pas que les auteurs du livre ont forcément tort, mais simplement que l’homme a besoin d’une continuité d’idées entre les différentes sphères de sa compréhension, permettant une cohérence amenant à la cohésion. C’est ce qu’entend aussi discrètement la franc-maçonnerie lorsqu’elle se qualifie de progressive : cette épithète inclut en sous-main un continuum qui vertèbre le raisonnement, sans lequel toute démonstration est sujette à caution. Le GADLU, par une forme d’articulation, de rouages intrinsèques, limitera la déviance idolâtre, qui se nourrit toujours de l’approximation et de l’ambiguïté. Et nous ne pourrons jamais mieux caractériser la nature d’un phénomène quelconque qu’après l’avoir préalablement cerné, intellectuellement comme physiquement.
Ainsi et paradoxalement, un certain recul, qui marque les limites de notre compréhension, est-il nécessaire pour accomplir notre réflexion. Travailler « à la gloire de… » sous-entend donc aussi observer avec une relative distance l’objet de notre attention, pour en discerner et donc en distinguer les limites, sans être « aspiré » par l’objet lui-même. Conséquemment, ces limites, qui sont aussi celles de notre compréhension, porteront en elles même toutes les informations qui nous seront nécessaires pour définir plus avant, car, pour qu’une information existe, qu’elle soit produite, il faut qu’elle se « libère », il faut que ce qui la produit soit délimité : Gen.1 ,1 « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » ; alors pourra-t-elle se libérer : cette libération s’appelle le Verbe, qui sera autant pensée qu’action : Jn. 1,1 « Au commencement était le Verbe ». Si l’on conjugue ces 2 versets, la séparation, la distinction induit concomitamment l’émission d’une information, qu’on appelle le Verbe, qu’on doit être en mesure de recevoir, sans quoi reste-t-il lettre morte.
Or on ne connait bien la nature d’un objet, quel qu’il soit, qu’en éprouvant ce qui le distingue à nos yeux. Cette distinction établit la « gloire » comme phénomène subsidiaire mais indispensable à notre réflexion. La conjugaison de ces 2 versets nous dit tout de la nécessité de séparer pour comprendre et informer. Certains frères parlent non d’Architecte, mais d’architecture, pensant sans doute là « laïciser » leur pensée, ou échapper au feu inconscient de la disgrâce et du péché dans lequel cohabitent difficilement raison et confession. Je ne vais pas ici faire un exposé sur les différents théismes, et sur leurs supposés avantages : tout ça n’est qu’une question d’interprétation. Ce qui compte est de toujours appeler à une structure duelle omniprésente ayant pour vertu de produire chez les fidèles une pensée nuancée, mesurée, et toujours susceptible d’être comparée et amendée. Par exemple, l’exercice pointu, chez les babyloniens, de sciences fondamentales telles que l’astronomie, la géométrie et les mathématiques contribuèrent aussi, au-delà des progrès tangibles et rationnels qu’elles induisent à éviter à la pensée confessionnelle babylonienne un enfermement théologique toujours possible tel qu’on le rencontre parfois dans les monothéismes.
Cette cogitation théologico-rationnelle les amènera à produire l’hénothéisme, confession prônant un dieu tutélaire, Mardouk, accompagné d’une parèdre, Sarpanitou et de tout un collège de déités secondaires. D’aucuns parleront à propos du GADLU de déisme, forme de confession née pendant les lumières, s’opposant au caractère révélatif du judéochristianisme par la religion dite « naturelle ». Le concept de religion naturelle est né au XVIIIe siècle, en opposition à celui de « religion révélée » (allusion principalement au judaïsme et au christianisme). L’erreur serait de voir le déisme comme une forme laïcisée du divin, dans laquelle il serait de bon ton finalement de ne pas choisir et de mélanger à bon compte la foi de la confession à la raison des Lumières on peut bien sûr qualifier le GADLU de déisme, pirouette facile qui sous-entend l’usage de raison, de positivisme, voire de laïcisme pour nuancer le caractère révélatif des monothéismes. L‘aspect constructiviste du GADLU peut se prêter à cet abord , et le déisme, à force d’apurer le contenu des religions traditionnelles, peut apparaître pour certains comme une étape sur le chemin qui mène à l’athéisme. Effectivement, le déisme (mot forgé au XVIe s., répandu aux XVIIe et XXVIIIe s.) . Pour Kant, le déiste admet l'existence d'un « être primitif » qui est « toute réalité », mais il renonce à le définir davantage. Ce renoncement est un peu le tendon d’Achille du déisme À quelque degré, l'usage philosophique a retenu cette distinction : le déisme équivaut à une croyance en Dieu qui reste volontairement imprécise, par refus soit de l'enseignement des Églises, soit des prétentions de la métaphysique.
Thierry Didier
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