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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Jean-François Guerry
DE LA NÉCESSITÉ D’UNE BÉQUILLE POUR PASSER DE L’AVOIR À L’ÊTRE.

DE LA NÉCESSITÉ D’UNE BÉQUILLE POUR PASSER DE L’AVOIR À L’ÊTRE.

 

                           Il faut que les pensées d’un homme soient la maison où il habite.

 

                                                                                       SÆREN KIERKEGAARD.

 

 

J’ai décidé, je ne sais pas quand, je sais à peine pourquoi, de prendre la voie du bien plutôt que celle du mal. Mais je sais aujourd’hui comment, il existe plusieurs voies à chacun la sienne. J’ai choisi la voie du bien peut-être pour sa difficulté, peut-être aussi un peu à cause de ce fameux libre arbitre, revendiqué comme une singularité mais aussi comme une forme d’orgueil, du je suis capable de… ! Ce libre arbitre plus facile à mettre en avant, quand on est né dans le 7ème ou 8ème arrondissement de Paris, que sur le trottoir de Manille comme le dit le chanteur…En effet quand on part sur la route de la vie avec un héritage social, culturel, il est plus facile de choisir le bon chemin.

J’ai donc choisi, par circonstance, par envie et un peu humblement par intuition de tourner mon regard humblement dans la direction de ce que croyais au fond de moi être le bien. Des mes premiers pas hésitants, les yeux voilés par ce bandeau de l’impartialité, j’ai reçu et entendu l’injonction qui m’était faite de fuir le vice et pratiquer la vertu, ce fut pour moi, comme pour beaucoup d’entre-nous une évidence. Cette douce habitude de faire autant que possible le bien est pour le Franc-maçon le simple accomplissement de son devoir et n’en fait donc pas un héros. Mais un Frère reconnu par les siens ‘POUR’ tel !

Dire le bien, le penser me direz-vous c’est facile, enfin presque au regard de ce que l’actualité nous réserve de mauvaises surprises, certains disent le mal d’une manière si naturelle, sans vigilance nous pourrions nous laisser abuser. L’histoire a démontré comme l’a bien dit Hannah Arendt ‘La banalité du mal’. Ce mal, qui a surpris, meurtris des millions d’êtres humains : des enfants, des femmes et des hommes innocents. Sous les yeux incrédules de millions d’autres qui avaient choisi les Camps du bien ou les Vallées de l’Amour. Ce mal qui : pour triompher n’a besoin que de l’inaction des hommes de bien,selon Stuart Mill. Saurons-nous, nous en souvenir ?

Facile me direz-vous de moraliser, de mettre une couche épaisse de moraline puis tourner les yeux ailleurs et continuer son chemin sans rien dire et rien faire.

Après tout nous ne sommes pas des Saints, des sauveurs ou des héros du bien, mais le plus souvent de simples hérauts des proclamateurs professionnels et solennels. De pâles imitateurs des sages et des justes faiblement éclairés par ceux-ci dans notre vie.

Et puis même l’on constate que proclamer sans cesse, demander sans cesse conduit à l’essoufflement de nos pensées.

Il est temps de passer à l’action, de commencer la pratique du bien de la vertu. Commencer, c’est, s’initier.  S’initier au bien humblement réparer, rénover, retisser le manteau du bien pour qu’il recouvre nos épaules et celles de nos sœurs, de nos frères et de notre parenté humaine.

En s’interrogeant toujours face au redoutable tribunal intérieur de notre conscience, suis-je dans le bien ? Suis-je toujours dans l’Amour du principe d’unité créateur et de l’Amour des hommes. Seul moyen de parvenir sans céder à l’hubris à l’harmonie des grecs l’àpuovia.L’harmonie pythagoricienne, pour battre la bonne mesure il nous faut nous souvenir de l’oracle de la pythie rien de trop. Être dans cette voie de la médiété entre rigueur de l’équerre et ouverture du compas, entre Ordre et Amour. C’est là que se dévoile la voie maçonnique qui va nous permettre boiteux de la vie que nous sommes, ni nu ni vêtu, mal chaussé un pied nu l’autre dans une simple sandale et la poitrine offerte au glaive. D’avancer dans les ténèbres grâce à la main qui nous guide vers la Lumière… Et grâce au rite initiatique véritable béquille, support qui guide nos pas nous évitant de tomber du mauvais côté de la voie pavée noire et blanche de notre vie.

Parfois soyons honnêtes malgré notre long parcours, nous sommes encore sous le joug de notre ego qui semble indestructible. Nous sommes persuadés d’une forme d’accomplissement, sensibles au vertige de la hauteur au sommet de l’échelle. C’est oublier notre condition humaine et nos frères, c’est oublier que nous avons toujours à nous perfectionner. C’est pourquoi la béquille du rite est toujours utile.

                                            Jean-François Guerry.

 

Note : Ce mot de béquille, cette image m’a été suggérée par Àgnes Heller philosophe hongroise juive qui naquit en 1919 dans une famille de la petite bourgeoisie de Budapest. Chassée de l’école publique par les lois antisémites du régime Horty en 1939. Son père avocat installé à Vienne fut déporté à Auschwitz et assassiné par Eichmann. Ayant perdu toutes les personnes qu’elle aimait elle survécut par hasard et s’engagea dans le sionisme, puis adhéra au communisme par commodité. S’en détourna face au totalitarisme stalinien. Elle connut bien des désillusions y compris l’invasion des chars russes. Elle enseigna à Melbourne en 1977 l’histoire de la philosophie, puis en 1984 à New-York où elle occupa la chaire de la célèbre Hannah Arendt se lia d’amitié avec Foucault et Derrida. À la chute du mur elle renoue avec Budapest. Elle livra son dernier combat contre le gouvernement de Orban, elle est décédée en 2019.

Après plusieurs années de philosophies et de combat elle constate que derrière les masques des idéaux et leurs promesses on ne trouve en définitive que des dispositifs de pouvoir et des structures de domination. Les grandes abstractions ne sont rien d’autres que les masques des intérêts (c’est ce qu’écrit Gilles Achache son préfacier et traducteur dans une Éthique de la personnalité une œuvre majeure.)

Elle délivre néanmoins un message d’espérance, elle croit à l’existence de personnes justes et bonnes, des personnes qui ont choisis le bien. Des personnes qui font régner l’harmonie du bien. Elle écrit confiante dans l’éthique de la personnalité : Si la vie « bonne » est quelque chose que chacun se fabrique désormais pour lui-même, comme le veut la vie moderne, la position d’autorité du philosophe ne saurait être qu’un mensonge – et même pire un mensonge ennuyeux. [1] Toute analogie avec l’initiation maçonnique est peut-être pertinente ?

  Dans l’éthique de la personnalité, l’on peut lire sous la plume Heller, quelle à relu le Tractacus logico-philosophique de Wittgenstein : Mes propositions éclairent en ceci que celui qui me comprend reconnaît à la fin comme des non-sens, lorsque passant par-dessus-elles-, il les a surmontées. (Il doit pour ainsi dire rejeté l’échelle après y être monté.)

« Il doit dépasser ces propositions alors il voit le monde correctement- ce dont on ne peut rien dire, il faut le faire. »

Heller après cette lecture de Wittgenstein écrit : La métaphore de l’échelle me rappelle Johannes Climacus. Celle de la béquille est moins ambitieuse ; c’est pourquoi elle a ma préférence. Jeter ses béquilles n’est pas un geste aussi définitif que de rejeter une échelle. On peut toujours ramasser la béquille ou en prendre une autre, mais si l’on a rejeté une échelle, on est enveloppé, dans son propre silence. Or je veux rester entourée de mes compagnons…

 

Petit commentaire non exhaustif : Johannes Climacus le conte de Soeren Kierkegaard dont le sous-titre est, il faut douter de tout. Peut se lire à plusieurs niveaux. Le doute constructif propose de remettre sans cesse l’ouvrage sur le métier, la montée et la descente permanente de l’échelle est aussi la montée et la descente le long du fil à plomb. On notera que Johannes Climacus Jean-Climaque est un pseudo de S. Kierkegaard.  

 

[1] Àgnes Heller – Une éthique de la personnalité- Page 43 – Traduction de l’anglais de Gilles Achache. Éditions Calmann Levy.

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