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a titulature, au 31ème degré du REAA, d’Inspecteur Inquisiteur est particulièrement cohérente avec la posture de Melchisédech, de par son étymologie latine inspector, équivalent du grec épiskopos, « celui qui veille » sorte de vigilance douce mais supérieure. Le terme de veiller apporte une connotation transcendante, holistique, qui juge, c’est-à-dire qui évalue la trajectoire d’un frère à l’aune des moyens qui lui sont fournis et qui lui seront fournis plus tard. Le Roi de Justice instille l’idée d’une maitrise, par Melchisédech, du mode de fonctionnement de l’existence : en effet, Il s’agira alors d’ajouter une dimension à celle de l’initié-acteur, sous forme d’un regard holistique qui verra l’initié non seulement acteur de sa propre évolution, mais également spectateur de cette dernière : on parlera alors de jugement.
Cette double prérogative , objectivée donc par la notion de jugement doit être entendue ici dans son sens hébraïque de Tsedakah, c’est-à-dire d’une justice miséricordieuse, qui à la fois embrasse le justiciable dans une forme d’empathie existentielle et en même temps , lui est transcendante par la volonté de créer les règles d’un ordonnancement plus général, partagé entre le pôle immanent, charnel , matériel et individuel de son objet : ce sera l’équité ; et par son pôle transcendant, métempirique et collectif ce sera la justice .Sa très brève saillie dans le narratif de l’Ancien Testament viendra renforcer le mystère, comme si son temps différait du temps classique, linéaire, inspirant l’idée d’une veille. Cette notion de veille ne peut s’appliquer qu’à des entités qui transcendent le milieu dans lequel ils évoluent.
Il faut donc qu’ils possèdent une nature, des aptitudes et un statut qui les distinguent des personnages noyés dans le déroulé linéaire de la Bible. Cette distinction s’affirme chez Melchisédech par son absence d’ascendance signalée. Cette caractéristique ne signifie évidemment pas qu’il n’a pas de racines, mais simplement que celles-ci sont invisibles au vulgus. Au cours de son périple, Abraham reçut de Dieu l'ordre de quitter Harran pour le pays de Canaan, qu'il parcourut du nord au sud. Il construisit chaque fois un autel en l'honneur du Seigneur c’est-à-dire qu’il installa, qu’il prépara l’avènement du monothéisme. Cette transformation ontologique ne put se faire spontanément : il convint d’apporter un « précurseur », comme en chimie, en l’occurrence Abram, puis de transformer celui-ci en puissance active, en l’occurrence Abraham, père de la multitude, et, à cet égard, patriarche affirmé d’une future longue lignée qui n’aura alors plus besoin d’un « tiers exclus », exclus car transcendant, tel que Melchisédech.
Le terme de très haut (latin trans, au-delà, par-dessus n’est pas ici à proprement parler un superlatif, car il se manifeste dans une autre sphère que celle du spatiotemporel : cela nous renvoie à la sephirah Kether, la « couronne », qui coiffe, c’est-à-dire qui dirige sans se compromettre, les autres Séphiroth, et à l’Ein Sof, sorte de « Nec Plus Ultra » kabbalistique. Suite au partage du pain et du vin, Genèse 14, 20 « Béni soit le Dieu Très-Haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains ! Et Abram lui donna la dîme de tout. » Ou Hébreux 7,2 : « Abraham donna la dîme de tout, à Melchisédech, qui est d'abord roi de justice, d'après la signification de son nom, ensuite roi de Salem, c'est-à-dire roi de paix ». Cette dîme est la dixième partie de l’offrande faite à un roi ou à un prêtre. Pourquoi un 10ème et pas plus ou pas moins ? Tout simplement parce que cette fraction numérique requiert l’usage des nombres 1 et 10. Le « 10 » est en arithmosophie l’expression de la trace de l’esprit créateur dans la matière : il peut fort bien s’appliquer à Abram, futur patriarche, et à ce titre germe du monde hébreux, dont l’existence même sera régie par ce nombre.
Puis en Gen.18,32-33 « Abraham dit : Que le Seigneur ne s'irrite point, et je ne parlerai plus que cette fois. Peut-être s'y trouvera-t-il dix justes. Et l'Eternel dit : Je ne la détruirai point, à cause de ces dix justes. L'Eternel s'en alla lorsqu'il eut achevé de parler à Abraham. Et Abraham retourna dans sa demeure ».
La justice est l’aménagement de la loi sous forme d’épreuves, qui en sont les occurrences : « justice-épreuve-loi » constitue un tryptique immanent dont l’objet choisi sera Abraham. Ce tryptique correspondra à l’intégration progressive en Abraham le matériel, de l’esprit incisif porté par Melchisédech. Cette approche évolutive sera rendue nécessaire par le caractère fragile et grossier du matériel, par rapport au spirituel, plus subtil, plus fin. L’acte de fécondation de Saraï par Abram (Isaac) sera l’objectivation et la conséquence matérielle du pouvoir incisif de Melchisédech sur Abram. Abraham subira aussi victorieusement dix épreuves ; la dernière et la plus dramatique sera l’ordre qu'il reçoit de Dieu de se rendre sur le mont Moriah et de sacrifier son fils Isaac. Plus tard les 10 lois du décalogue remis à Moïse par Yahvé concluront cette approche structurée du divin inscrit dans la matière, décliné en 10 principes gravés sur les 2 Tables de la Loi, cette dernière exprimant l’influence de Dieu sur l’ordonnancement de la matière.
THIERRY DIDIER.
FIN.
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