|
L |
orsqu’un concept est difficile à cerner ou à y accéder, l’esprit humain se protège donc en matérialisant celui-ci sous la forme la plus rassurante qui soit : c’est donc ici le Palladium le bien nommé, qui signifie garantie, sauvegarde ou protection, pour que l’esprit de l’homme ne s’y perde pas. Il n’empêche qu’une « anomalie » majeure va ici se manifester, par une flamme qui sort de la tête de la statue, rendant quelque peu irrationnelle, dangereuse et imprévue la vision initialement apaisante du Palladium. Ce degré violente donc beaucoup l’initié par diverses voies mais il sera capable d’y répondre, par la solidité de son intégrité. La Vérité première qui est renvoyée à l’homme est l’homme lui-même, selon un processus qui reflète une fois encore le mécanisme alchimique, qui veut que toute découverte soit d’abord consubstantielle à l’observateur.
La délivrance du joug interviendra au 27e degré, et il aura été nécessaire entretemps de passer par le 26e degré, degré purement didactique, nous montrant la voie de la libération à travers une expérience de dépassement de notre condition initiale. C’est la gouvernance sacerdotale qui prend fin à ce degré : l’initié est maintenant suffisamment structuré pour exister par lui-même : il devient « royal », d’où les titulatures suivantes de Prince, Patriarche ou Commandeur. C’est pourquoi, au 27e degré, il n’y aura plus ces dispositions particulières : le signe d’ordre sera le même, transposé dans et en dehors de la Cour, pas de marche particulière, tout le monde porte des décors identiques, y compris le président, qui est assis à une table ronde, à équidistance des autres. Face à cette liberté, tout le monde est égal, et cette égalité est la cause et le résultat d’un équilibre qui efface de fait la possibilité d’un joug, et qui inaugure une forme d’accomplissement consécutif au festival d’anomalies du 26ème degré.
Nous retrouvons donc la « digestion » déjà éprouvée aux autres degrés « régulateurs, non-anomalistiques » Le Grand Commandeur du Temple a donc compris et maîtrisé l’ensemble des liens qui le connecte à la Nature. Le 28ème degré, Chevalier du Soleil, en sera la suite logique : le conseil de ce degré est d’ailleurs présidé par le second officier, flanqué du président de l’Aréopage, en un endroit où la gouvernance n’est donc plus nécessaire, et où chacun reconnaîtra les siens… Un nouvel état des lieux se profile au travers du tableau : les 4 éléments alchimiques, les 3 états du feu, (feu cuisant : élément alchimique au 1er degré, puis feu-amour lien propagateur au 18e degré, enfin feu structurel, formant la trame de l’Univers au 30e degré) symbolisées ici par des bougies ; le Temple de Salomon flanqué des 2 colonnes ; l’Agneau ; le Caducée ; les 3 états de l’Être et la symbolique des nombres.
Le caractère didactique, car fragmenté, compartimenté, des tableaux de loge précédents ne demande plus ici à être apprécié selon un ordre sérié, mais dans une mouvance qui n’en est une que pour les non-initiés… Le maçon, parvenu à ce degré, peut maintenant voir la Nature dans son plus simple appareil. La 1re impression qui ressort à la vue du tableau sera une forme de gaieté, de sérénité, de pureté et de transparence. L’instruction du grade qualifie le lieu comme « le centre du vrai bonheur », Ce bonheur-là reflète un état de conscience pleinement satisfaisant, métaphysique et de bon augure, racine étymologique du mot bonheur. Le Temple ne sera alors plus ici que le marchepied d’un état d’esprit et de corps réalisé par l’équilibre des symboles. Le Temple est d’ailleurs, selon le rituel, notre corps, dont il faut prendre grand soin car il est ici à la fois subsidiaire et indispensable.
Le 29ème degré présente en germe le 4e degré, comme s’il s’agissait ici d’effectuer un droit d’inventaire, continuant à prolonger la création anomalistique du 26ème degré, mais aussi visant à vérifier ce qui a été instauré depuis le début des hauts grades : la phrase d’ordre est similaire, l’âge et la marche du grade sont les mêmes, les devoirs sont le fondement des 2 grades, même s’ils sont plus identifiés à présent. De nombreux décors et symboles des 3 premiers degrés se retrouvent également sur le tableau de loge du 29e degré. La position de l’initié, a donc évolué, passant du lévite, au 4e degré, au Patriarche, au 29e degré. Ce degré pose une sorte de moratoire, un lieu de repos, ou en tout cas de « quarantaine initiatique » Le 29e degré rappelle à cet égard le 5e degré, celui de Maître Parfait, où la prédominance du nombre 4, expression de la réalisation, de la consommation d’un passé révolu, de la stase nécessaire, du constat utile et d’une matérialité qui n’a rien de primaire : il vient définitivement clore un cursus que coiffera le 30ème degré.
Au décours de l’initiation au 30e degré, Le rituel nous précise : « Nous n’avons plus d’autre enseignement à vous donner […] Nous n’avons pas de mot d’ordre à vous donner […] Vous êtes désormais le soldat de l’Universel et de l’Éternel ». Le 30e degré n’est pas, une fois n’est pas coutume, la suite du 29e, car les principes et valeurs qui ont présidé à l’articulation pas à pas d’un degré avec le suivant sont achevés, et le Chevalier Kadosch coiffe, plus qu’il ne les complète, les 29 degrés précédents. Il n’est donc pas soumis à la mécanique anomalistique, car ce terme de « séparé », affecté au Chevalier Kadosch est fondamental, parce qu’ il implique autant une distinction qu’un lien efficient entre les parties. De plus, l’« Univers complet » ne signifie pas que nous en percevons les limites, mais simplement que tout ce qu’on en connaît le définit comme une chose pleine et entière. Les évènements qui se déroulent à l’intérieur de cet univers désormais complet du 30e degré ne sont plus soumis à la flèche du temps, ni à la propagation spatiale : l’anomalistique n’y a donc pas sa place. À partir du moment où cette séparation est actée, c’est tout l’Univers qui change de nature : en devenant « complet », ce qui signifie que tout ce qui s’y est passé, s’y passe et s’y passera est susceptible d’être regardé en totalité et en temps réel, par le Chevalier Kadosch. « Son nom fut autre et le même pourtant » souligne l’indistinction spatiale et temporelle, modalité d’un Univers perçu d’emblée dans sa totalité.
Thierry Didier FIN
ABONNEZ-VOUS EN DÉPOSANT UNE ADRESSE MAIL DANS LA FENÈTRE S’INSCRIRE A LA NEWSLETTER. (GRATUIT)
POUR LES ABONNES : IL EST POSSIBLE DE RECEVOIR GRATUITEMENT LES TEXTES DES ARTICLES AU FORMAT WORD EN ECRIVANT A L’ADRESSE SUIVANTE :
INFO : LE BLOG RESPECTE LA LOI RGPD
WWW.LAFRANCMACONNERIEAUCOEUR.COM
DÉSABONNEMENT SUR SIMPLE DEMANDE SUR LE SITE OU À L’ADRESSE MAIL : COURRIERLAFMAUCOEUR@GMAIL.COM
ASTUCE : CLIQUEZ SUR LES IMAGES POUR LES AGGRANDIR.
FAITES CONNAÎTRE LE BLOG À VOS AMIS.
/image%2F1752520%2F20250921%2Fob_e0987f_images.jpeg)
/image%2F1752520%2F20250921%2Fob_0ab191_9782351206423-xs.jpeg)
/image%2F1752520%2F20250921%2Fob_e52a94_img-2402.jpeg)